Le président de la République a instruit le gouvernement de cogiter sur la mise en œuvre d’un « Fonds de modernisation de l’Administration Publique ». Il s’agit de construire ou de réhabiliter le cadre de travail des agents et fonctionnaire de l’Etat à travers tout le territoire national. Alors que cette volonté est exprimée, il y a lieu de se demander si construire des bâtiments de la fonction publique serait prioritaire en RDC au regard des plusieurs défis qui se posent pour son développement socio-économique. Quelle est l’opportunité d’un tel projet qui nécessite des fonds colossaux alors que le gouvernement peine à parachever plusieurs projets de réformes en cours faute des moyens financiers, en l’occurrence la relance de la retraite, la nouvelle politique salariale qui permette à tout celui qui travaille dans l’Administration publique de vivre décemment. Dès lors, il est légitime de se poser la question de savoir si construire des nouveaux bâtiments pour la Fonction publique est une priorité.
Le Président de la République, Félix Tshisekedi, brule d’envie d’accélérer la modernisation du cadre et de l’environnement de travail des agents et fonctionnaires de l’Etat. Il l’a exprimé lors du Conseil des ministres de vendredi 1er novembre.
Dans sa communication devant les membres du Gouvernement, il a commencé par rappeler que dès son accession en 2019 à la magistrature suprême, il avait fixé un cap clair devant mener la RDC à son émergence sur le moyen terme par l’impératif d’assurer notamment la construction et/ou la réhabilitation des nouveaux bâtiments administratifs.
« La réforme de l’Administration Publique, telle qu’accentuée et rééquilibrée depuis 2021, a certes permis d’engranger plusieurs progrès, partant de l’identification biométrique, la normalisation de la gestion des carrières, la réforme du cadre juridique et des cadres organiques, la relance de la retraite, la réforme de la sécurité sociale, l’inclusion salariale, jusqu’aux efforts en cours pour la mise en place d’une nouvelle politique salariale », rapporte le compte rendu du Conseil des ministres.
Cependant, depuis maintenant plusieurs décennies, la RDC, fait constater le chef de l’Etat, n’a pas priorisé la construction des bâtiments publics devant abriter ses services publics. « Cette triste réalité, perceptible aussi bien au niveau central que dans les Provinces et Entités Territoriales Décentralisées, a induit l’abaissement drastique de l’image de marque de l’Etat, et par là, de son Autorité », estime Félix Tshisekedi.
Dès lors, il a invité le Gouvernement à redoubler d’efforts pour imaginer des mécanismes innovants pouvant progressivement répondre à cette problématique, et améliorer ainsi l’image de l’Etat en tant qu’employeur responsable. Il s’agit, selon lui, d’envisager une réflexion ou encore de manière structurelle, une stratégie de modernisation du cadre de travail des fonctionnaires.
Dans cette perspective, conscients des contraintes financières que peut rencontrer une telle volonté, et considérant qu’aucune transformation ambitieuse ne peut réussir sans mécanisme efficace et réaliste de financement pouvant permettre d’accompagner durablement le processus de changement, il a appelé le Gouvernement, au regard du plan d’action, à réfléchir sur la mise en place d’un « Fonds de modernisation de l’Administration Publique ».
Ainsi, sous la coordination de la Première Ministre, il a instruit le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Fonction Publique, Modernisation de l’Administration et Innovation du Service Public, avec le concours de ses collègues, le Vice-Premier Ministre, Ministre du Plan et de la Coordination de l’Aide au Développement, le Ministre d’Etat, Ministre des Infrastructures et Travaux Publics, le Ministre d’Etat, Ministre du Budget, la Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Foncières, le Ministre d’Etat, Ministre de l’Aménagement du Territoire, le Ministre des Finances ainsi que celui de l’Urbanisme et Habitat, avec la collaboration de son Cabinet, à produire une première esquisse de la réflexion sur la mise en place du Fonds préconisé. Pour ce faire, un rapport conjoint est attendu à ce sujet dans 60 jours.
Hiérarchiser les priorités : le peuple d’abord
La République démocratique du Congo est un pays où tout est prioritaire certes. Cependant, devant l’impératif des moyens financiers limités, le Gouvernement et les institutions de la République devraient faire une hiérarchisation des besoins en privilégiant surtout ceux qui sont des projets porteurs, susceptibles de stimuler la croissance économique et le progrès social.
Il y a une évidence, l’on ne peut pas faire un Congo riche avec des Congolais pauvres. Si on veut développer la RDC, il est nécessaire de penser préalablement à l’amélioration des conditions de vie des Congolais. Dans un projet de développement d’une nation, la première infrastructure à privilégier reste l’homme d’abord. Le projet de société du président de la République a pour soubassement le slogan : « le peuple d’abord ».
Dans le cas d’espèce de la Fonction publique, il apparait clairement qu’avant de doter ce secteur des bâtiments pimpants neufs, totalement réhabilités ou modernes, il est indispensable de résoudre au préalable les problèmes sociaux-professionnels de ces travailleurs. Actuellement, les agents et fonctionnaires de l’Etat sont des parents pauvres, vivant de maigre salaire qui n’honore ni cette profession encore mois l’image des dirigeants du pays.
Il apparait donc prioritaire d’achever le processus d’identification biométrique de tous agents et fonctionnaires de l’Etat. L’achèvement de ce processus permettra de réduire sensiblement le personnel de la Fonction Publique et voir dans quelle mesure redistribuer le gain, issu de la réduction des effectifs par le contrôle, à ces mêmes agents et fonctionnaires de l’Etat, afin d’améliorer leur revenu.
Ensuite, le gouvernement est tenu d’achever la mise à la retraite des agents et fonctionnaires éligibles. C’est un processus important qui permettra de libérer des postes, de promouvoir d’autres et d’engager des nouveaux fonctionnaires et agents de l’Etat.
Enfin, le Gouvernement ferait mieux alors de définir la nouvelle politique salariale des agents et fonctionnaires de l’Etat. Ceux-ci méritent un salaire conséquent qui leur permettra de nouer les deux bouts du mois décemment. A ceci s’ajoute impérativement le recyclage de ces employés de l’Etat, les rendre aptes aux nouvelles technologies de l’information et de la communication par un recyclage ciblé.
Voilà autant d’étapes que le Gouvernement devrait passer avant de penser à construire des nouveaux bâtiments pour l’Administration publique répondant aux enjeux de développement du pays.
Dans l’ordre des choses, le Gouvernement devrait d’abord achever le processus en cours de maitrise des effectifs des agents et fonctionnaires par leur identification biométrique ; finaliser la mise à la retraite de ceux qui sont éligibles ; procéder au recrutement de nouveaux fonctionnaires au regard des enjeux de développement de la Fonction Publique d’une RDC moderne.
Amédée Mwarabu