Les graines de caféLes graines de café

Avec son poumon écologique qu’est son couvert forestier évalué à  155,5 millions d’hectares, dont 62 % sont des forêts tropicales humides, parmi lesquels 105.000 kilomètres carré de tourbières, des mangroves et des forêts de Miombo, la République démocratique du Congo joue un rôle primordial dans l’amortissement du réchauffement climatique.

Disposant de 80 millions de terres arables et 40 millions des terres irrigables qui n’ont rien à avoir avec le couvert forestier du pays, la RDC a pleinement le droit de rentabiliser ses terres avec des cultures pérennes favorables à l’agroforesterie, notamment le café et le cacao, a martelé, le lundi 30 décembre 2024, le ministre du Commerce extérieur Julien Paluku lors d’un briefing coanimé avec Patrick Muyaya, le porte-parole du Gouvernement.

En revanche, il est mondialement connu que la pollution planétaire est avant-tout l’œuvre des pays industrialisés. Les statistiques de 2023 produites par le Ministère Français de la Transition Energétique sur la répartition géographique de la production des gaz à effet de serre dans le Monde montrent que les régions les plus pollueuses sont l’Asie avec 48,6% d’émission de gaz à effet de serre, l’Europe et l’ex-URSS avec 15,2% et l’Amérique du Nord avec 13,8%. L’Afrique subsaharienne quant à elle n’y est que pour 4,6% seulement ! Avec tous les moteurs de déforestation réunis, la RDC n’enregistre que 0,03% de déforestation annuelle.

Pourtant, c’est la RDC que l’UE veut indexer pour déforestation en restreignant la commercialisation de ses deux produits agricoles sur le marché européen.

« Le café, le caco, et d’autres cultures sont des plantes et des arbustes qui se cultivent en RDC de manière naturelle sans produits chimiques et en combinaison avec d’autres végétaux, et participent au maintien du couvert végétal et à la régulation positive du climat », a soutenu Julien Paluku.

Par le ministre du Commerce extérieur, en voulant sanctionner le café et le cacao Congolais, l’Union Européenne tomberait dans le piège malicieux de certains pays voisins qui insécurisent la RDC. « Il est temps d’éviter ce piège pour une coopération gagnant-gagnant avec nous, la RDC, et notre secteur agricole que nous tenons à revigorer pour des exportations de qualité, équitables et écologiques », a-t-il dit avant d’ajouter que si l’UE ne revient pas sur sa décision, à l’issue du recours qui sera déposé, cette décision cacherait une guerre économique contre la RDC qui cherche à diversifier son économie notamment par l’agriculture pérenne.

C’est dans ce contexte que le Gouvernement a pris et compte prendre ces dix mesures suivantes :

  1. Organiser une tripartite Gouvernement- UE-MONUSCO pour clarifier les dispositions du Règlement ‘’ Zéro déforestation’’. Sont concernés : le Ministère de l’Environnement, le Ministère de l’Agriculture, le Ministère des Affaires Etrangères, le Ministère du Commerce Extérieur, l’Ambassadeur de l’Union Européenne et le Responsable de la MONUSCO.
  2. Définir, distinguer et délimiter les zones agricoles, forestières (de conservation) et urbanistiques.
  3. Renforcer l’Agence Nationale de Promotion des Exportations (ANAPEX) et l’Office national des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC) à mettre en place un dispositif national de certification en collaboration avec l’Office Congolais de Contrôle. Cela éviterait de recourir aux auditeurs extérieurs qui évoquent souvent l’insécurité comme frein à l’exécution de leur mission.
  4. Renforcer l’initiative ‘’ Couloir vert Kivu-Kinshasa’’, le Nord-Kivu et l’Ituri étant dans ce couloir.
  5. Organiser un guichet unique pour la certification de tous les produits agricoles à exporter.
  6. Dialoguer avec les certificateurs actuels FLOCERT et AFRICERT pour lever les obstacles liés à la certification
  7. Accélérer la mise en place de Kinshasa Mercantile Exchange (K.M.E) tel que voulu par le Président de la République lors de la 24ème réunion du Conseil des Ministres, tenue à Kalemie le 09 novembre 2024. Le K.M.E a été placé sous la coordination du Ministre d’Etat en charge de l’Aménagement du Territoire. Ses principales missions incluent la traçabilité et la transparence, la certification et la conformité, la valorisation économique, et la réduction des risques pour les acheteurs internationaux.
  8. Intensifier les Zones Economiques Spéciales à travers le pays pour la transformation locale de nos ressources. Le cas de la ZES de MUSIENENE au Nord-Kivu est une des réponses à saisir par les opérateurs économiques de l’Est pour transformer le cacao et le café. Les Zones Economiques Spéciales de MILUNA, au Sud-Ubangi et KIN MALEBO, à Kinshasa sont également des opportunités à saisir pour la transformation locale.
  9. Diversifier les marchés en saisissant les opportunités offertes par l’AGOA pour les USA, et l’Asie qui regorge près de la moitié des consommateurs sur la planète.
  10. Renforcer la meilleure collaboration avec l’Union Européenne qui est un partenaire privilégié pour la RDC afin de mettre en place des systèmes de diligence raisonnée, c’est-à-dire des mécanismes de surveillance et de rapportage sur les processus de production, de transformation et de commercialisation des produits.

 Amédée Mwarabu

By amedee

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