La République démocratique du Congo ploie aux grèves répétitives des différents services publics. Présentement, il s’observe une grève chez les médecins des hôpitaux publics. Plusieurs écoles publiques non plus ne fonctionne pas à cause de l’arrêt de travail des enseignants, tant à Kinshasa que dans certaines provinces de la RDC. Il y a quelques semaines à Kinshasa, les travailleurs des opérateurs économiques indiens, dans le commerce, ont grevé pour protester contre leur salaire modique. Tout ceci se répète chaque année, sans que le Gouvernement ne trouve une solution définitive qui satisfasse tout le monde et surtout qui impose une paix sociale dans le secteur du travail tant public que privé. C’est ici que Jo Sekimonyo, Economiste de son état, vient proposer dans son projet de correction de la constitution de 2006, de définir le SMIG en RDC pour éviter de subir ce phénomène de réclamation récurrente d’augmentation de salaire.
Il est essentiel de rappeler que gouverner, c’est avant tout « anticiper ». L’un des rôles clés d’un gouvernement, et dans une démocratie, autant des citoyens, est d’identifier les défis futurs, de concevoir des cadres juridiques et institutionnels robustes pour prévenir les crises, et d’assurer une gestion efficace du pays.
Les grèves dans les institutions publiques que connaît la RDC aujourd’hui révèlent « un manque de planification autour de l’augmentation continue du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), un flou persistant dans la Constitution actuelle », soutient Jo Sekimonyo, évoquant cette épineuse question.
« Le M23 base son discours sur une lecture tribaliste de cette même Constitution, une faille qui est également à l’origine du conflit « Teke-Yaka » à Kwamouth, né d’un litige foncier. La frustration croissante face au manque de développement pousse certains groupes, comme les Lega, à envisager la création de leur propre province, encore un problème de la constitution actuelle, la décentralisation au lieu de la dévolution. Ces événements ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres des tensions sociales qui bouillonnent sous la surface du pays ».
Pour lui, les crises et troubles auxquels la RDC fait face aujourd’hui sont, dans bien des cas, des problèmes qui ont été négligés et laissés en suspens pendant trop longtemps. « C’est précisément parce que ces questions n’ont pas été traitées à temps qu’elles se sont transformées en crises profondes et récurrentes », clament-t-il.
« Cette approche, qui consiste à laisser les problèmes « traîner » jusqu’à ce qu’ils explosent, est à la source de l’instabilité actuelle. L’attente des crises avant de réagir est une stratégie réactive qui a montré ses limites en RDC. Cela crée une gouvernance de l’urgence, où les décisions sont prises dans la panique, souvent au détriment des solutions durables », estime l’Economiste.
De son avis, il y a « urgence d’agir avant que la gangrène sociale, politique et économique ne s’aggrave à un point tel que la nation soit contrainte de faire face à des pertes irréversibles, comparable à l’amputation d’un membre pour sauver le corps entier ».
En République démocratique du Congo, les gouvernements sont tellement obsédés par les indicateurs comme le taux d’inflation, le taux de change ou encore le taux directeur de la Banque centrale du Congo, ne parlant quasi jamais des autres indicateurs tout aussi fondamentaux que le SMIG et le taux de chômage.
Amédée Mwarabu