Après trois semaines d’intenses travaux marqués par une ambiance cordiale mais lucide, la session d’avril 2025 de la réunion annuelle entre l’employeur et la délégation syndicale de la Société nationale d’électricité (SNEL SA) s’est achevée sur une note d’engagement mutuel, de vigilance accrue… et de fermeté de la Direction générale. Dans un climat de tension budgétaire persistante, le DG de la SNEL Fabrice Lusinde a placé les centres de vente de services (CVS) au cœur de la bataille pour la survie financière de l’entreprise.
Quand le diagnostic commande l’action
La cérémonie de clôture, organisée jeudi 19 juin à Kinshasa, a réuni le comité de gestion, les permanents syndicaux venus de toutes les provinces, ainsi que des invités de marque. Dans son allocution d’ouverture, Samuel Kaya Kinzonzi, président de la délégation syndicale nationale, a salué « une atmosphère familiale » et un « consensus constructif sur toutes les matières abordées ». Il a encouragé la Direction générale à « poursuivre les efforts malgré la conjoncture difficile ».
Un ton vite repris, mais avec davantage de gravité, par la Directrice générale adjointe, Mme Bienvenue Moyango, qui a levé le voile sur un constat sans fard : « La situation de la SNEL n’est pas brillante, ce qui ne nous a pas permis de répondre à temps aux attentes légitimes du banc syndical », a-t-elle admis. Pour elle, seule une mobilisation collective, à partir de juillet prochain, permettra de maximiser les recettes et sortir la société de l’ornière. Les débats ont été jugés constructifs et respectueux, preuve, selon elle, d’un climat de paix sociale préservée au sein de l’entreprise.
Une gestion au défi du terrain
Mais le moment fort de la rencontre aura été, sans conteste, l’intervention finale du DG Fabrice Lusinde. S’il a salué le travail mené par son adjointe et le professionnalisme des participants, c’est surtout un discours de vérité crue qu’il a livré. D’un ton direct, il a dénoncé les antivaleurs enracinées dans plusieurs centres de vente de services (CVS), principaux relais commerciaux de la SNEL à travers le pays.
« La guerre se gagne ou se perd dans les CVS. Nous y perdons aujourd’hui une partie importante de nos recettes à cause de comportements peu recommandables à l’égard de nos abonnés », a-t-il martelé.
Avant d’annoncer une évaluation nationale des CVS prévue pour septembre 2025, avec à la clé des « conséquences claires » pour les structures défaillantes. Pour lui, l’heure est à la responsabilisation des gestionnaires de terrain : « Il faut changer de culture d’entreprise. Nous avons l’eau, donc la matière première. Il nous faut maintenant de l’intégrité pour transformer cette ressource en électricité de qualité. »
Un pacte social en construction
Dans un contexte national marqué par les exigences croissantes des usagers et les contraintes budgétaires de l’État, la SNEL ne peut plus se permettre les hésitations. La réunion annuelle employeur-délégation syndicale, souvent perçue comme un rituel formel, a cette fois servi de plateforme de redéfinition stratégique. Le syndicat, par la voix de son président, s’est même engagé à appuyer la Direction dans le recouvrement des créances, un geste inédit qui témoigne de la volonté d’aller au-delà des revendications salariales classiques.
Comme l’a rappelé un permanent syndical interrogé à l’issue des travaux : « Ce qui se joue ici, ce n’est pas seulement notre pouvoir d’achat, c’est la viabilité d’un pilier stratégique de l’économie nationale. »
Dialogue social et performance, un binôme à réinventer
Dans un environnement instable, la SNEL doit désormais articuler dialogue social et impératif de performance. Car derrière les discours, se cache une réalité rugueuse : des infrastructures vétustes, des abonnés mécontents, des recettes en chute, et une pression de plus en plus forte sur la Direction générale.
La session d’avril 2025 aura au moins eu ce mérite : replacer les agents et leurs représentants au cœur de la refondation. Mais le DG Lusinde ne s’y trompe pas : seule une exécution rigoureuse des résolutions permettra d’éviter le piège de l’immobilisme.
« Il n’y a pas de SNEL forte sans CVS exemplaires. Il n’y a pas de paix sociale durable sans résultats visibles. L’heure n’est plus aux discours mais à l’action partagée », a-t-il conclu, le regard tourné vers septembre, échéance clé du redressement.
Réunion employeur-syndicat : plus qu’un échange, une marque de l’entreprise
Véritable baromètre social, la réunion annuelle entre la Direction générale de la SNEL et la délégation syndicale est une tradition inscrite dans les pratiques de gestion de l’entreprise. Elle permet d’aborder les revendications liées aux salaires, à la sécurité, aux conditions de travail et à la formation, mais aussi de sceller des accords qui peuvent impacter la stratégie globale de l’entreprise. En juin 2024 déjà, plusieurs résolutions avaient été prises, certaines sont en cours d’exécution.
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