Poignée de mains entre le Président Félix Tshisekedi et la DG du FMI Kristalina GeorgievaPoignée de mains entre le Président Félix Tshisekedi et la DG du FMI Kristalina Georgieva. Photo d'illustration
  • Le Conseil d’administration du FMI a conclu la première revue dans le cadre de l’accord au titre de la Facilité de Crédit Élargie pour la République Démocratique du Congo. La décision permet un décaissement immédiat de 261.9 millions de dollars américains pour renforcer les réserves internationales et continuer à constituer des marges de manœuvre face aux chocs.
  • L’économie de la RDC a fait preuve de résilience dans un contexte difficile marqué par l’escalade du conflit armé dans la partie Est du pays depuis fin 2024, qui a beaucoup pesé sur les finances publiques. Les autorités ont fait des progrès au niveau de l’agenda des réformes structurelles, mais avec quelques critères de performance quantitatifs non atteints.
  • L’accord de paix récemment signé entre les gouvernements de la RDC et du Rwanda, sous la médiation des États-Unis, est encourageant pour la perspective d’une résolution pacifique du conflit et d’un recentrage sur les objectifs de développement.

Washington, DC: Le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) a conclu la première revue de l’accord au titre de la Facilité de Élargie Crédit (FEC) pour la République Démocratique du Congo (RDC) approuvé le 15 janvier 2025 (voir PR 25/003). La conclusion de la première revue a permis un décaissement immédiat équivalant à 190,4 millions de DTS (environ 261.9 millions de dollars américains) pour satisfaire les besoins de balance de paiements, portant le montant total des décaissements à ce jour à 380,5 millions de DTS (environ 523.4 millions de dollars américains).

La RDC est confrontée à d’importants défis liés à l’intensification du conflit armé dans sa partie orientale depuis la fin de 2024. L’escalade des hostilités a fait des milliers de morts et causé de graves dommages sociaux et humanitaires, y compris des perturbations de l’accès aux services essentiels tels que la nourriture, l’eau et l’électricité. Des efforts diplomatiques sont en cours pour obtenir une cessation des hostilités et assurer une paix durable dans la région. La signature le 27 juin 2025 d’un accord de paix entre les gouvernements de la RDC et du Rwanda, sous la médiation des États-Unis, est encourageante pour la perspective d’une résolution pacifique du conflit et d’un recentrage sur les objectifs de développement.

Malgré cet environnement difficile, l’activité économique est restée résiliente, avec une croissance robuste du PIB de 6,5 % en 2024, tirée par le dynamisme continu du secteur extractif. La stabilité extérieure s’est renforcée, portée par la réduction du déficit compte courant et l’accumulation induite continue de réserves internationales. Les pressions inflationnistes continuent de s’atténuer et l’inflation en glissement annuel a baissé de 23,8 % à fin 2023 à 11,7 % à fin 2024 et [8,5] % à fin juin 2025.

Les performances dans le cadre du programme ont été mitigées, eu égard aux pressions importantes exercées par l’intensification du conflit sur le budget. Malgré une forte mobilisation des recettes budgétaires, le déficit budgétaire intérieur base caisse a atteint 0,8 % du PIB en 2024, dépassant l’objectif de 0,3 % du PIB du programme, en raison de dépassements sur les dépenses, en lien avec l’intensification du conflit, y compris les dépenses exceptionnelles de sécurité et les investissements publics. L’objectif du programme sur les actifs en devises de la Banque Centrale (BCC) détenus dans les banques résidentes n’a pas été atteint non plus, en raison de paiements d’impôts plus élevés que prévu en devises sur les comptes du gouvernement. Les autres critères de performance quantitatifs au titre de la FEC ont été atteints. La plupart des objectifs indicatifs ont également été atteints, à l’exception de ceux liés au plancher sur les dépenses sociales et au plafond sur les dépenses exécutées en procédures d’urgence, compte tenu dépenses exceptionnelles de sécurité élevées en raison de l’intensification du conflit. Des mesures correctives appropriées sont en train d’être mises en œuvre par les autorités. Lors de la conclusion de la première revue, le Conseil d’administration a également approuvé la demande de dérogations des autorités pour non-respect des critères de performance concernant le plancher du solde budgétaire intérieur base caisse à fin décembre 2024, sur la base de mesures correctives, et le plafond continu sur les niveaux des actifs en devises de la BCC détenus dans les banques résidentes, sur la base du caractère temporaire de l’écart qui a depuis été corrigé. Par ailleurs, le Conseil d’administration a conclu la revue des assurances de financement de l’accord au titre de la FEC. Aucune mesure de réforme au titre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (RSF), approuvée en janvier 2025, n’était due pour examen à cette première revue.

À la conclusion des discussions du Conseil d’administration, M. Okamura, Directeur général adjoint et président, a déclaré :

« La République démocratique du Congo (RDC) est confrontée à des défis sécuritaires accrus depuis fin 2024. L’escalade du conflit dans la partie Est du pays a entraîné de graves dommages humains, sociaux et économiques et a induit le gouvernement à accroître ses dépenses. Malgré ces difficultés, l’environnement macroéconomique de la RDC est resté globalement stable. La croissance est restée robuste grâce à une production minière résiliente. L’inflation continue de baisser et la position extérieure s’est renforcée. Les perspectives économiques restent favorables, mais soumises à des risques baissiers liés à la persistance du conflit, à la diminution de l’aide humanitaire extérieure, aux secousses sur l’économie mondiale et à une potentielle escalade des conflits géopolitiques. Les autorités sont déterminées à surveiller de près ces risques et à réagir de manière proactive aux défis en constante évolution.

« L’exécution du budget reste difficile dans le contexte sécuritaire éprouvant. Par conséquent, le déficit budgétaire intérieur base caisse pour 2025 devrait être plus élevé que ce qui avait été prévu au moment de l’approbation du programme, mais devrait retrouver sa trajectoire initiale à partir de 2026, reflétant ainsi l’engagement des autorités à mettre en œuvre des mesures visant à accroître la mobilisation des recettes intérieures et à renforcer le processus d’exécution budgétaire. Par ailleurs, en vue de se prémunir contre des chocs négatifs éventuels, les autorités ont adopté un plan de contingence.

« La Banque centrale du Congo (BCC) a maintenu une orientation restrictive de la politique monétaire, contribuant ainsi à ramener l’inflation à un chiffre pour la première fois en trois ans. Les autorités ont continué à accumuler des réserves internationales, sur fond de rétrécissement du déficit du compte courant. Il faudrait poursuivre les efforts en vue de renforcer le cadre de mise en œuvre de la politique monétaire, affiner la stratégie d’intervention sur le marché des changes, améliorer la gouvernance et les garanties de la BCC et assurer sa recapitalisation adéquate.

« Les autorités se sont engagées à accompagner ces efforts visant à préserver la stabilité macroéconomique d’une accélération des réformes structurelles dans des domaines clés tels que le renforcement du cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, l’amélioration de l’environnement des affaires et de la gouvernance, la lutte contre la corruption et l’amélioration des statistiques nationales. Les efforts visant à poser des jalons permettant une mise en œuvre dans les délais impartis des mesures de réforme sous-tendant l’accord au titre de la FRD, également approuvé en janvier, devraient être intensifiés. »

FMI.ORG

By amedee

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