Londole Lokoyi Louis Blaise, DG a. i. de la RVALondole Lokoyi Louis Blaise, DG a. i. de la RVA

Les aéroports ne sont pas de simples infrastructures de transit, ils constituent à la fois les portes d’entrée symboliques et pratiques du pays, la première impression laissée aux voyageurs étrangers comme aux nationaux qui découvrent ou redécouvrent leurs villes, et reflètent en même temps l’état d’une économie et les traits d’une culture d’accueil; en RDC, la Régie des Voies Aériennes (RVA) qui en assure la gestion et la sécurité incarne bien plus qu’un opérateur technique puisqu’elle se positionne comme un acteur stratégique de la souveraineté nationale et un levier essentiel de l’intégration économique du territoire.

Or, ces portes d’entrée se trouvent trop souvent fragilisées par des problèmes structurels. Beaucoup d’aéroports présentent des pistes et des terminaux vétustes, des équipements de sûreté dépassés, et une connectivité aérienne en décalage avec l’essor du trafic régional et mondial. Cette situation ne nuit pas seulement à l’image du pays auprès des investisseurs et des voyageurs ; elle accentue également le sentiment d’isolement de nombreuses villes, freinant leur rôle dans les dynamiques régionales de croissance et d’échanges.

La qualité du service peine à s’aligner sur les standards internationaux, entre tracasseries persistantes et une expérience passager souvent frustrante, ce qui traduit dans une perspective d’économie publique une tension classique où une institution au rôle stratégique se retrouve piégée entre faiblesse structurelle et forte attente sociopolitique; la nouvelle équipe dirigeante de la RVA, avec Louis Blaise Londole Lokoyi assumant désormais l’intérim comme Directeur général,  doit rompre ce cercle vicieux, avec la conscience qu’il existe des problèmes de long terme à résoudre mais aussi des réformes immédiates capables de remettre le wagon sur le bon rail et d’impulser une nouvelle dynamique.

Digitalisation Accélérée des Services

Au lieu de mobiliser des dizaines d’agents pour contrôler manuellement les passagers à l’entrée des zones de départ, la RVA pourrait franchir un cap décisif en instaurant un système d’accès par scan du billet électronique. Chaque voyageur présenterait son billet sur support numérique ou imprimé à un portique automatisé. L’accès serait autorisé dès cinq heures avant le vol afin de permettre aux passagers de s’organiser sereinement, mais bloqué deux heures avant le départ pour éviter l’engorgement et canaliser les retardataires vers des guichets d’assistance dédiés. Une telle innovation fluidifierait le passage, renforcerait la sûreté aéroportuaire en limitant la fraude et donnerait aux terminaux congolais un visage plus moderne et plus efficace.

Cette digitalisation ne devrait pas se limiter au contrôle d’accès mais intégrer aussi la possibilité, pour chaque passager ainsi que pour sa famille, les services de transport ou même de simples curieux, de suivre l’état d’un vol en ligne bien avant d’arriver à l’aéroport. Une application mobile dédiée ou le site officiel de la RVA permettraient de consulter en temps réel les horaires, de recevoir des notifications en cas de retard ou de changement de porte d’embarquement et d’organiser les déplacements en toute confiance. Une telle innovation transformerait en profondeur l’expérience passager, réduirait l’anxiété face aux imprévus et renforcerait l’image d’un service public attentif, moderne et proche des usagers.

Un tel dispositif devrait d’abord être expérimenté dans les aéroports internationaux congolais avant d’être étendu progressivement aux autres plateformes. Ce choix stratégique permettrait d’aligner la RDC sur les standards internationaux et de démontrer que la RVA est capable d’innover rapidement pour devenir un véritable moteur de modernisation au service de la souveraineté nationale et du confort des citoyens.

Aéroports Verts

La modernisation de la RVA doit également passer par un engagement clair en faveur de la durabilité. Un premier levier consisterait à lancer un concours national de solutions locales dédié à l’énergie, au recyclage et à l’écologie aéroportuaire. Ce concours impliquerait directement les universités, centres de recherche et start-ups congolaises, afin de stimuler l’innovation nationale et de tester des solutions adaptées au contexte du pays. Parmi celles-ci, l’installation de panneaux solaires pour produire de l’électricité et réduire la dépendance au réseau national constituerait une priorité, surtout dans les aéroports secondaires souvent fragilisés par des coupures récurrentes. Ce type de projet renforcerait l’autonomie énergétique, réduirait les coûts d’exploitation et améliorerait la sécurité des opérations aériennes.

En parallèle, une plateforme en ligne pour les achats non sensibles moderniserait et rendrait plus transparent le processus d’approvisionnement. Ce système permettrait non seulement de réduire les coûts en ouvrant la concurrence et en évitant les lourdeurs administratives, mais aussi d’offrir une opportunité réelle aux petites entreprises congolaises d’accéder au marché de la RVA. L’inclusion de ces PME locales favoriserait l’émergence d’un tissu entrepreneurial national solide et innovant.

Ces deux initiatives combinées feraient du programme « Aéroports Verts » non seulement un symbole environnemental, mais aussi un levier de développement économique et social. Entre transition énergétique, innovation académique et ouverture au secteur privé local, les aéroports de la RDC pourraient devenir des vitrines de modernité et de durabilité au cœur du continent.

Désengorgement des Aéroports : Check-in Hors Site

Une innovation à fort impact consisterait obliger le dépôt et l’enregistrement des bagages en ville, que ce soit dans des agences désignées, des hôtels partenaires ou des bureaux de compagnies aériennes. Les passagers pourraient ainsi se rendre à l’aéroport uniquement avec leurs effets personnels à main, leurs valises étant déjà prises en charge et acheminées en toute sécurité.

Cette réforme réduirait non seulement le stress lié aux embouteillages pour rejoindre l’aéroport, mais aussi la difficulté d’accès à certaines plateformes souvent mal desservies ou éloignées des centres urbains. Elle éviterait aux voyageurs la pénible expérience d’affronter les files d’attente interminables et l’engorgement chronique des terminaux. En fluidifiant les opérations d’embarquement et en améliorant le confort, cette mesure transformerait l’expérience aéroportuaire et rendrait les déplacements beaucoup plus efficaces.

Un système de tarification différenciée pourrait renforcer l’efficacité de ce dispositif. L’enregistrement hors site serait offert gratuitement à l’ensemble des passagers, tandis qu’un supplément serait appliqué à ceux qui continueraient de déposer leurs bagages directement à l’aéroport. Ce mécanisme inciterait progressivement les voyageurs à privilégier le check-in hors site, tout en permettant à la RVA et aux compagnies aériennes de générer des revenus complémentaires.

Préparer la Relève

Ce qui a toujours manqué dans les réformes passées de la RVA, c’est un investissement structuré et durable dans le capital humain, véritable moteur de toute transformation. Les infrastructures peuvent être réhabilitées, les équipements modernisés et les procédures digitalisées, mais sans des femmes et des hommes bien formés, motivés et imprégnés d’une culture de service public, ces efforts resteront fragiles et limités dans le temps. C’est pourquoi la RVA doit se doter d’un programme, conçu en partenariat avec les universités et instituts supérieurs du pays. Chaque année, ce programme offrirait des opportunités à des étudiants de disciplines variées ingénierie, informatique, gestion, droit, communication, environnement, afin qu’ils puissent se former directement au sein des différentes directions de l’entreprise et se préparer à prendre la relève.

L’originalité de ce dispositif résidera dans sa transparence et son accessibilité. Toutes les offres de stages seraient publiées en ligne sur une plateforme dédiée, ouverte à tous, où chaque étudiant, où qu’il se trouve, pourra télécharger et envoyer sa candidature directement. Grâce à la technologie, cette plateforme fonctionnerait comme une banque nationale de talents, élargissant considérablement le vivier et permettant d’identifier et de suivre les meilleurs stagiaires afin d’en faire une priorité lors des futurs recrutements. La RVA garantirait ainsi non seulement l’équité et la clarté dans ses pratiques d’embauche, mais aussi la formation d’une relève compétente et motivée, à la hauteur des ambitions nationales.

Ce programme prendrait une dimension internationale grâce à des partenariats stratégiques avec l’OACI, l’IATA et des écoles d’aviation étrangères. Des bourses de perfectionnement et des échanges académiques offriraient aux jeunes professionnels congolais une formation de rang mondial, tout en dotant la RVA d’une expertise constamment renouvelée et alignée sur les standards internationaux. En plaçant le capital humain au centre de sa stratégie, la RVA comblerait enfin le maillon manquant de toutes les réformes passées et poserait les bases d’une modernisation durable, devenant ainsi un leader en la matière dans le secteur public comme dans le secteur privé en RDC.

Vers une RVA moderne et exemplaire

La RVA se trouve aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. Pour incarner la vision présidentielle d’un service public d’excellence et redonner aux aéroports congolais leur rôle de véritables portes d’entrée de la nation, la Team Londole Lokoyi, en intelligence avec le Conseil d’administration de la RVA, doit engager des réformes visibles, audacieuses et structurantes. Les quatre initiatives proposées, la digitalisation accélérée des services, le programme « Aéroports Verts », le check-in hors site pour désengorger les terminaux et le programme national de stages pour préparer la relève, constituent les piliers d’une transformation durable.

Chacune de ces initiatives vient répondre à une faiblesse historique. La digitalisation apporte la transparence et la fluidité longtemps absentes des procédures. Les « Aéroports Verts » introduisent l’écologie et l’innovation locale trop souvent négligées. Le check-in hors site s’attaque à l’engorgement chronique des terminaux et à l’accessibilité parfois difficile des aéroports. Enfin, le programme de stages comble le manque d’investissement dans le capital humain qui est le véritable moteur de toute modernisation.

Ensemble, ces initiatives tracent une feuille de route cohérente qui place le passager, le citoyen et le jeune professionnel au centre des priorités tout en réaffirmant la souveraineté et la compétitivité de la RDC dans le ciel africain. En réussissant ce pari, la RVA ne se contentera pas de rattraper un retard historique mais deviendra un modèle de modernisation et d’innovation pour l’ensemble du secteur public congolais.

Amédée Mwarabu

By amedee

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