Jean-Pierre Bemba; VPM en charge des Transports et Voies de communicationJean-Pierre Bemba; VPM en charge des Transports et Voies de communication

Alors qu’elles devraient être un atout pour le développement socio-économique de la République démocratique du Congo, les voies navigables congolaises sont plutôt devenues un mouroir pour les Congolais en quête des moyens de transport sur le fleuve Congo et ses affluents. 

Plus de 400 morts sont ainsi recensés depuis l’investiture du Gouvernement Suminwa en juin 2024. Les causes relèvent plus de la faillite de l’État qui a délaissé le fleuve Congo et plusieurs de ses affluents sans dragages réguliers ni balisage permanent non sans oublier une absence coupable de contrôle rigoureux des unités flottantes. 

Une simple revue des médias révèle que plus de 400 morts et disparus ont été comptabilisés sur différents naufrages enregistrés sur le fleuve Congo et ses affluents ces quinze derniers mois. Ce bilan macabre est sans doute plus lourd que ça quand on sait que les statistiques ne sont pas fiables dans ce secteur de transport fluvial. Le comble c’est que ces accidents malheureux pourraient continuer car rien de substantiel n’est fait pour inverser cette tendance.

A (RE) Lire :  Naufrages sur les voies navigables de la RDC : Jean-Pierre Bemba sommé de présenter un état des lieux des mesures de prévention

Du côté du ministère des Transports et Voies de communication, l’on affiche une impuissance inexplicable à résoudre les problèmes à la base des naufrages. Pourtant, les solutions sont connues. D’abord il y a nécessité de réhabiliter  la Régie des voies fluviales en lui dotant des équipements nécessaires tant pour assurer un dragage régulier de toutes les voies navigables de la RDC que pour le balisage permanent du circuit de navigation. C’est la première des solutions. 

Ensuite, le Gouvernement devrait appuyer les armateurs, qu’ils soient privés ou publics (ONATRA, SNCC) par des financements sous forme de crédits ou de subventions publiques pour leur permettre de se doter des bateaux répondants aux normes de navigabilité. Il est démontré dans la plupart des cas des naufrages que l’état technique des embarcations est souvent mis en cause. 

Enfin, il appartient aux services compétents de remplir leur rôle dans le contrôle tant des unités flottantes que du personnel affecté à la navigation en République Démocratique du Congo. Il faut non seulement former le personnel qualifié à la navigation puisque le secteur est à l’abandon depuis plus de trois décennies mais aussi un recyclage massif du personnel existant.

Ce sont toutes ces mesures qui feront en sorte qu’on cesse de déplorer des morts, comme actuellement quasiment tous les mois, sur les différentes voies navigables de la RDC.

Le réseau navigable de la RDC s’étend sur 16 238 km, en incluant les fleuves, rivières et lacs navigables. Jusqu’aux années 1980, tout se passait bien car la SNCC (SNCZ) et l’ONATRA remplissaient convenable leur rôle d’entreprise publiques de transport. L’on se rappelle des bateaux comme Mudimbe, Kokolo, Tshatshi, Gungu, Gombalo, qui naviguaient allègrement sur nos voies fluviales et lacustres.

Si sur le Lac Kivu, le trafic enregistre moins d’accidents actuellement, dans la partie ouest et nord du pays, les naufrages sont récurrents pour les causes énumérées ci-haut. Dans le Grand Bandundu et le Grand Équateur, le fleuve Congo et ses affluents restent les voies de communication les seules possibles en l’absence des infrastructures. Il n’y a pas de route qui relie le Grand Équateur à Kinshasa, par exemple.

Chronologie des principaux naufrages entre juin 2024 – septembre 2025

Juin 2024 – Province de Maï-Ndombe

  • – Lieu : Rivière Kwa
  • – Bilan : Plus de 80 morts
  • – Causes : Une collision entre deux bateaux, l’un ayant subi une panne de moteur, survenue de nuit.

Juillet 2024 – Province du Maniema

– Lieu : Près de Kindu

– Bilan : Au moins 25 morts, plusieurs disparus

– Causes : Navigation nocturne et surcharge de l’embarcation. [2]

Octobre 2024 – Lac Kivu

  • – Lieu : Près de Mukwidja, territoire de Kalehe
  • – Bilan : 78 morts, des dizaines de disparus
  • – Causes : Le bateau, transportant environ 278 personnes, a chaviré à environ 700 mètres du port.

Mars 2025 – Province de Maï-Ndombe

  • – Lieu : Rivière Kwa
  • – Bilan : 25 morts, dont de nombreux joueurs de football
  • – Causes : Le bateau a chaviré de nuit, probablement en raison d’une mauvaise visibilité.

Avril 2025 – Province de l’Équateur

  • – Lieu : Près de Mbandaka
  • – Bilan : Au moins 50 morts, des centaines de disparus
  • – Causes : Un bateau motorisé en bois transportant environ 400 passagers a pris feu.

Avril 2025 – Province de l’Équateur

  • – Lieu : Localité de Mayita
  • – Bilan : 22 morts

Juin 2025 – Lac Tumba

  • – Lieu : Province de l’Équateur
  • – Bilan : 48 morts, 107 disparus
  • – Causes : Trois bateaux ont coulé lors de conditions météorologiques extrêmes.

10 Septembre 2025 – Province de l’Equateur/ H/B Moïse

  • – Lieu : en amont de Basankusu, à proximité du village Bokenda, en provenance de Bokenda à destination de Basankusu
  • – Bilan : 8 morts, 25 disparus
  • – Causes : la surcharge, la navigation nocturne, et la collision avec un corps étranger ayant favorisé l’infiltration d’eau.

11 septembre 2025 – Province de l’Equateur

  • Lieu : à 50 km de Ngombe, en provenance de Kinshasa à destination de Mbandaka, embarcation H/B Bonga
  • Bilan : 1 décès (1 enfant), 34 personnes disparues
  • Causes : incendie déclenché lors de la préparation de repas à bord, dans une embarcation en bois.

Lors du dernier conseil des ministres du 19 septembre 2025, le président de la République, Félix Tshisekedi, a exigé du VPM en charge des Transports et Voies de communication un rapport sur les mesures de prévention arrêtées à ce jour pour endiguer les naufrages sur les voies navigables.

Amédée Mwarabu

By amedee

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