L’économie mondiale est à la croisée des chemins. Si l’économie mondiale a fait preuve d’une remarquable résilience ces cinq dernières années, les tensions commerciales se sont fortement accentuées depuis la publication du précédent Rapport annuel, et l’incertitude entourant les politiques économiques s’est accrue.
Dans ce contexte, l’objectif de croissance durable est plus difficile à atteindre. Les échanges commerciaux et les mouvements de capitaux sont en pleine reconfiguration, et les principales puissances économiques modifient considérablement leurs politiques. Les autorités sont en butte à un durcissement des conditions financières et à un surcroît de volatilité sur les marchés, et les chocs survenus ces dernières années ont épuisé leurs marges de manœuvre.
Les décideurs doivent rapidement s’atteler à trois priorités essentielles. Premièrement, ils doivent apaiser les tensions commerciales et corriger les déséquilibres qui y contribuent. Il est impératif de faire respecter des règles équitables, d’éviter de mettre en œuvre des politiques génératrices de distorsions pour s’arroger un avantage concurrentiel, et de s’abstenir de prendre des mesures de nature à entraver les échanges commerciaux.
La deuxième priorité consiste à agir collectivement pour préserver la stabilité économique et financière. Le meilleur moyen pour les pays d’y parvenir est de mettre leurs propres affaires en ordre en procédant de manière réaliste à des plans d’ajustement crédibles. Il leur faudra pour cela se doter de cadres budgétaires à moyen terme et rééquilibrer leurs finances publiques, afin de réduire leur endettement et reconstituer leurs marges de manœuvre budgétaires.
Des réformes budgétaires ciblées vont également s’imposer : les pays avancés auront à redéfinir leurs priorités de dépenses, tandis que les pays émergents ou en développement devront accroître leurs recettes ; certains pays pourront également associer les deux démarches, si leur situation particulière le permet.
En parallèle, il se peut que les autorités doivent mettre en œuvre en temps voulu des dispositifs d’aide ciblés et provisoires, pour atténuer le contrecoup de certaines réformes et protéger les plus vulnérables.
Par ailleurs, l’environnement actuel exige des pouvoirs publics qu’ils fassent preuve d’agilité pour amoindrir les effets des chocs ; quant aux banques centrales, elles n’auront de cesse de s’assurer que l’inflation soit modérée et stable. La recherche de croissance suppose également une coopération au niveau international, en particulier pour corriger les déséquilibres mondiaux.
Les équilibres intérieurs entre l’épargne et l’investissement sont fondamentaux, or l’une comme l’autre peut parfois prendre trop de poids. L’épargne et l’investissement peuvent influer sur les soldes extérieurs courants et, par extension, sur les mouvements de capitaux. Ce rééquilibrage peut accroître la stabilité non seulement sur le plan intérieur, mais aussi sur les plans extérieur et mondial. Tous les pays peuvent mener des politiques qui renforcent les équilibres intérieur et extérieur, et ainsi améliorer la résilience et le bien-être de tous.
Le troisième axe prioritaire consiste à accélérer les réformes propices à la croissance, afin de rehausser la productivité et le potentiel de production. Les pays doivent privilégier les politiques intérieures et les réformes structurelles des marchés du travail, des biens et des produits financiers, tout en continuant à faire preuve de rigueur sur le plan réglementaire.
À cette fin, les pays doivent encourager l’innovation, investir dans leurs infrastructures et simplifier leurs dispositifs réglementaires. Les mesures favorables à l’initiative privée et à la concurrence seront essentielles pour la productivité et la création d’emplois, et la lutte contre la corruption jouera un rôle décisif pour mettre les agents économiques sur un pied d’égalité et éviter les politiques génératrices de distorsion.
En outre, les progrès techniques, notamment pour ce qui concerne le passage au numérique et l’intelligence artificielle, peuvent eux aussi améliorer la productivité et la croissance potentielle.
Bien que la croissance mondiale se heurte à des obstacles de taille, il n’y a pas de fatalité. En appliquant des politiques énergiques et bien conçues, les pays peuvent changer la donne et réduire les risques.
La conjoncture actuelle est certes difficile, mais le FMI continuera de remplir ses rôles de conseiller de confiance auprès des décideurs, de prêteur fiable de dernier ressort en cas de difficultés de financement de la balance des paiements, de défenseur de cadres de politiques économiques solides et de rassembleur face aux défis économiques communs. Nous nous adaptons sans cesse à une économie mondiale en pleine mutation et continuerons de nous tenir auprès de nos pays membres pour répondre à leurs besoins à moyen et à long terme.
Texte tiré du rapport du FMI intitulé « Cap sur la croissance »