Une ligne électrique haute tension

Quand la République démocratique du Congo lorgne sur l’électricité de l’Angola pour faire face à son déficit structurel dans la fourniture de l’énergie électrique dans le pays ! Est-ce un aveu d’échec ou juste du pragmatisme ? Kinshasa veut interconnecter son réseau énergétique avec celui de l’Angola dans l’objectif avoué d’importer de l’électricité pour alimenter notamment la région minière du Katanga. Dotée d’immenses potentialités énergétiques, la RDC est en mesure de produire jusqu’à 100 000 mégawatts d’électricité dont 40 000 mégawatts sur le seul site d’Inga. Cependant, à peine 2100 mégawatts sont fournis actuellement dans le pays par l’opérateur public, la SNEL, sur une capacité installée de 2800 Mw. Environ 500 mégawatts sont produits par les privés. Il faut environ 500 mégawatts pour combler le déficit actuel qui pousse certains miniers à importer l’électricité du Congo Brazzaville et des certains pays de l’Afrique australe comme la Zambie et la Tanzanie.

Au cours du Conseil des ministres du 25 juillet 2025, le Ministre des Ressources Hydrauliques et Electricité ? Teddy Lwamba, a soumis le dossier relatif : (i) au projet d’interconnexion électrique entre la République Démocratique du Congo et la République Populaire d’Angola et (ii) à la mise en place d’un fonds de développement du secteur de l’électricité alimenté par les frais d’importation.

Au sujet du projet d’interconnexion, Teddy Lwamba a fait le point des analyses préliminaires menées par son Ministère et celles provenant des échanges avec certains opérateurs intéressés lesquelles ont permis d’identifier cinq (5) options principales d’interconnexion électrique entre la République Démocratique du Congo et la République Populaire d’Angola.

Ces options, a-t-il souligné, représentent « un potentiel stratégique important pour le renforcement de l’intégration énergétique régionale, la sécurisation de l’approvisionnement en énergie électrique de la République Démocratique du Congo et la dynamisation des investissements structurants dans le secteur via l’interconnexion avec l’Angola ».

Rappelons que le ministre des hydrocarbures et électricité indiquait en juillet 2024 qu’il était engagé dans un programme de développement de 9 sites pour produire 2500 Mw afin de combler le gap actuel de la RDC en électricité et ne plus être dépendant des importations. Selon Teddy Lwamba, si la RDC parvenait à produire les 2500 MW manquants, cela pourra doubler le PIB actuel du pays qui est de 65 milliards USD.

Selon les données communiquées l’année dernière par la SNEL, cette société du Portefeuille de l’Etat a importé entre 2029 et 2023 un volume de 7 millions 504 170 MWh d’électricité des pays limitrophes de la République démocratique du Congo. Ce volume d’électricité importé a coûté la bagatelle de 974 millions 963 648 USD, durant cette période de cinq ans, soit de 2019 à 2023.

Pour autant, pendant la même période (2019-2023), la SNEL a également exporté de l’électricité, mais à un niveau bas par rapport aux importations, pour un volume de 254 813 MWh valant 21 millions 970 243 USD.

Un Fonds d’investissement financé par l’importation de l’électricité

Abordant la mise en place d’un fonds d’investissement du secteur de l’électricité financé par un frais perçu sur l’importation de l’électricité en RDC, le Ministre des Ressources Hydrauliques et Electricité a indiqué que ce fonds permettra de financer des projets structurants en vue d’inverser la tendance à l’importation et de constituer une source financière en garantie et de soutenir la participation publique de l’Etat dans les projets d’électricité à travers le pays.

Au demeurant, il a ainsi sollicité l’accompagnement pour :

  1. La mise en place des couloirs de transport d’énergie électrique partant de l’Angola à la RDC sur deux axes (Lualaba, Kongo central) avec différents niveaux de tension et points de départs ;
  2. La création d’un fonds de développement du secteur de l’électricité alimenté par les frais d’importation par la tenue d’une Loi ;
  3. La préparation d’un Traité entre l’Angola et la République Démocratique du Congo visant la stabilité de la fourniture de l’électricité sur une période à déterminer.

Amédée Mwarabu

By amedee

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