Déléguée de la RDC à la COP29, la ministre de L’environnement, Ève Bazaïba, exprime sa satisfaction de voir les participants signer l’accord 6.4 qui encadre les échanges de crédits carbone. Pour elle, le prix de la tonne de carbone doit être le même dans les pays du Nord que ceux du Sud. De son avis, les marchés carbone présentent l’avantage de constituer un partenariat gagnant-gagnant.
La Ministre d’Etat en charge de l’Environnement, Ève Bazaïba, qui participe à la COP29 à Bakou présentement, dans une interview accordée à Jeune Afrique, se félicite de l’adoption de l’article de l’accord de Paris qui encadre les échanges de crédits carbone.
À Bakou, il y a eu donc signature de l’article 6.4 de l’accord de Paris qui met fin à des années de flou et d’incertitudes. C’est cet article qui définit les règles des échanges internationaux de crédits carbone entre les pays et les entreprises.
Le nouveau cadre clarifie le fonctionnement du marché mondial du carbone supervisé par les Nations unies, renforce les garanties en matière de droits humains et normalise les méthodologies d’évaluation des projets d’élimination du carbone.
Pour les experts, cette clarification va permettre une accélération des projets de ventes de crédits carbones à travers le monde.
« Le vote de l’article 6.4 est une très bonne nouvelle, cela va renforcer le processus de régulation des marchés carbone. Et nous permettre de valoriser notre patrimoine environnemental. La RDC est un pays de solutions face au changement climatique. Nos couverts forestiers rendent un grand service à l’humanité. En RDC, 80 % des personnes vivent encore dans, et de, la forêt. C’est notre garde-manger, elle nous permet de construire nos maisons, nos meubles, de cuire nos aliments, de nous soigner grâce aux racines… Mais nous devons changer nos modes de vies, ne plus utiliser le bois comme source d’énergie et adopter une gestion plus durable de ces forêts. C’est ce qu’on appelle l’adaptation au changement climatique. Cela demande des moyens, or nous n’en avons pas. C’est pourquoi nous exigeons des fonds de la part des pays industrialisés, mais qui ne doivent pas être dissimulés dans des prêts, dans de l’aide publique au développement. Les marchés carbone présentent l’avantage de constituer un partenariat gagnant-gagnant », a confié Ève Bazaïba à Jeune Afrique, s’exprimant sur l’adoption de cette disposition depuis Bakou.
Pour elle, le prix de la tonne de carbone doit être la même au Nord comme au Sud. Car, soutient-elle, « Nos forêts représentent le seul moyen que nous possédons pour financer nos projets d’adaptation. Elles constituent une manne » .
À la question de savoir si la RDC est prête pour profiter des marchés carbone qui s’opèrent actuellement à travers le monde, Ève Bazaïba a noté qu’il y a une loi qui encadre les crédits carbone depuis 2023 dans le pays. « Nous avons aussi mis en place une autorité pour ces marchés. Nous sommes en train de travailler au renforcement des capacités des experts. Mais j’ai déjà signé les arrêtés pour nommer les négociateurs et les experts en matière de climat, de protection de la biodiversité, de lutte contre la désertification. C’est un processus compliqué, avoir des forêts ne suffit pas », a-t-elle déclaré.
Fustigeant les promesses non tenues des pays pollueurs, la ministre de l’environnement a indiqué qu’il s’agit pourtant d’une question de vie ou de mort.
« Quand on ne parle que de montants, on passe pour des quémandeurs. Nous parlons ici de questions de vie ou de mort, de potentielle disparition de l’humanité. À chaque COP, des pays se complaisent à faire des effets d’annonce. Il y a trois ans, à Glasgow, le président Félix Tshisekedi a signé un accord de 500 millions d’euros portant sur la protection des forêts avec le Premier ministre britannique Boris Johnson. Combien a été décaissé depuis ? Rien du tout. Nous sommes toujours embourbés dans les procédures. Voilà pourquoi je me méfie des chiffres », s’est-elle abstenue de prédire si les engagements pris à Bakou pourront être tenus.
La COP29 se tient du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou en Azerbaïdjan. La thématique principale cette année est la finance verte. À ce propos l’Afrique exige des pays pollueurs non plus 100 milliards USD chaque année mais maintenant 1300 milliards USD.