L’inflation est en recul depuis l’avènement du Gouvernement Suminwa en juin 2024. Quand au franc congolais, il a gardé quasiment le même taux sur le marché de change depuis mai 2024. Les réserves internationales caracolent à plus de 6 milliards USD. Cerise sur le gâteau, la RDC réalise un taux de croissance économique de 7,9% pour l’année et 5,4% projeté en 2025. Tous ces résultats indiquent que le cadre macroéconomique de la RDC est au vert. Pour le ministre des Finances Doudou Fwamba, ces performances, fruit d’une rigueur dans la gestion des finances publiques, résultent des efforts du gouvernement notamment à travers des réformes.
Le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a échangé mercredi 9 mars, avec les journalistes membres de l’ASBL « Toile d’araignée » autour du thème « Ajustement budgétaire et stabilité du cadre macroéconomique face au choc sécuritaire ».
Cet exercice de redevabilité a été rendu possible justement par l’ASBL Toile d’araignée qui regroupe des journalistes d’investigation sur les grandes questions économique, financière et de la gouvernance du pays. Dirigée avec maestria par la figure emblématique du journalisme économique congolais, Jérôme Sekana, également Directeur Général de l’Agence galaxie médias (AGM), un média spécialisé sur les questions des Finances publiques, Toile d’araignée a permis un échange direct entre les partons de médias et les grands reporters avec le ministre des Finances sur des sujets divers concernant les finances publiques.
Decortiquant cette thématique, l’argentier national a d’entrée de jeu fait observer qu’en dépit de la la crise sécuritaire que connaît la République démocratique du Congo, le pays il y a : Stabilité macroéconomique est maintenue ; Stabilité relative du taux de change depuis fin juin 2024 jusqu’à ce jour ; Décélération du rythme de formation des prix, situant l’inflation cumulée à 2,3% à fin mars 2025 contre 4,0% à la période correspondante de 2024 ; Rigueur de la tenue des finances publiques et de bonne gouvernance : ratio des dépenses urgentes est passé de 22% au premier semestre 2024 à 11% au second semestre de la même année.
Au regard de ces premières tendances du cadre macroéconomique, Doudou Fwamba en conclut que la croissance économique reste soutenue en République démocratique du Congo. Mieux, il s’observe même une tendance à la hausse du PIB hors industrie extractive.
À l’en croire, les dernières prévisions des experts nationaux tablent sur un taux de croissance économique de 7,9% en 2024. Ce chiffre sera en discussion entre le Gouvernement et la Mission du FMI lors des prochaines séances techniques programmées à fin avril 2025.
Doudou Fwamba a fait constater la hausse continue des réserves internationales de la RDC passant de 900 millions USD (soit moins d’un mois d’importation des biens et services) en 2018 à 6,1 milliards USD en mars 2025 (soit plus de 2 mois des importations des biens et services).
Bien plus, le ministre des Finances s’est réjoui du renforcement progressif de la crédibilité du marché des titres publics congolais avec l’émission de plus en plus des obligations du Trésor, dont la part dans le total des titres émis est passé de 40% en 2023 à 93% à mi mars 2025, avec des taux d’intérêt oscillant autour de 9%.
Ajustement budgétaire
Pour le ministre des Finances, ces résultats sont les fruits d’une politique d’ajustement budgétaire se déclinant en : Discipline dans la gestion des dépenses (pas de recours à la planche à billets pour financer les déficits, mobilisation accrue des recettes publiques, renforcement de la priorisation et de la qualité des dépenses, confiance plus accrue du marché des titres) ; Respect plus accru de la chaîne des dépenses (réduction des dépenses en urgence passant de 22% au 1er trimestre 2024 à 11% au second semestre de la même année) ; Efforts constants pour bannir des mauvaises pratiques et garantir la crédibilité de la gouvernance publique ; Augmentation significative des investissements publics ( les dépenses d’investissement sont passées de 700 millions USD en 2023 à 1,2 milliard USD en 2024).
Parlant des réformes mises en œuvre pour améliorer la mobilisation des recettes publiques, Doudou Fwamba a indiqué la généralisation de la télédéclaration pour les contribuables de la DGE (Direction des grandes entreprises) et des centres d’impôts à fort potentiel fiscal, l’introduction de la facture normalisée pour la gestion de la TVA, la mise en place de la Commission Nationale de Médiation fiscale, Limitation des exonérations et abrogation des régimes de partenariat stratégique en vue de limiter les dépenses fiscales qui représentent 1/3 des recettes mobilisées, Élaboration de la stratégie de promotion du civisme fiscal, Signature de l’arrêté fixant les modalités pratiques de déclaration et de calcul de l’impôt spécial sur les profits excédentaires (ISPE).
D’autres réformes sont en cours. Il s’agit de la digitalisation des procédures administratives et fiscales, de la réforme de la fiscalité directe avec le passage d’un système basé sur les impôts cedulaires à l’introduction de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur les revenus des personnes physiques à partir de janvier 2026, ainsi que la réforme sur la facturation électronique pour accompagner la transformation digitale des entreprises.
La persistance de la guerre, un risque
Le ministre des Finances a épinglé quelques risques au niveau national susceptibles de perturber le cadre macroéconomique de la RDC. Dans le lot, il y a la persistance de la guerre à l’Est de la RDC à l’effet de réduire significativement les recettes et d’exploser les dépenses sécuritaires et humanitaires, les effets d’éviction sur les dépenses d’investissement en faveur des dépenses sécuritaires, la persistance de l’inflation importée et la faible profondeur du marché financier en RDC.
En perspective, pour financer l’économie nationale, Doudou Fwamba compte sur l’utilisation des financements du FMI et de la Banque mondiale, au titre d’appui budgétaire pour accélérer les investissements en infrastructures publiques. Il compte également sur la relance des projets agricoles pour renforcer la sécurité alimentaire.
Amédée Mwarabu