Le géant au cœur de l’Afrique, la République démocratique du Congo, est décidément un pays de paradoxes. Doté d’immenses richesses naturelles, le pays de Patrice Lumumba est aujourd’hui un des plus pauvres sur la planète, avec trois Congolais sur quatre qui vivent avec moins de 2,15 dollars par jour, soit le seuil de pauvreté.

Plus de 64 ans après son indépendance, la République démocratique du Congo continue à chercher sa voie de développement et a du mal à se mettre véritablement sur les rails de l’émergence économique. N’ayant connu ni une révolution agricole, encore moins une révolution industrielle, la RDC est loin de la révolution technologique qui s’opère actuellement dans des pays comme la Chine, Singapour, Corée du Sud et bien d’autres qui avaient quasiment le même niveau économique qu’elle dans les années 1960.

Ce paradoxe congolais se traduit aussi par le fait qu’alors que la RDC détient pour le moment 6,6 milliards USD de réserves de change, un niveau record jamais atteint, la compagnie nationale d’aviation, Congo Airways, ne détient présentement aucun avion opérationnel. Le seul avion, le Boeing 737-800 (photo), que Congo Airways vient de recevoir il y a quelques jours, il est en leasing, soit en location ! La compagnie nationale d’aviation est même en sursis pour le moment par l’IATA et l’OACI. Ces deux institutions lui ont accordé en septembre 2024 un moratoire de 90 pour trouver des avions à exploiter, sous peine de retrait de son Certificat de transporteur aérien et son agrément à l’IATA.

Alors, on est en droit de se poser plusieurs questions sur la manière dont la République démocratique du Congo est gérée. Mieux, les Congolais s’interrogent souvent pour savoir comment les fonds publics sont gérés au regard des déficits de politiques publiques, notamment dans les infrastructures de base. Non seulement la RDC dispose de presque quatre mois de réserves internationales dans les coffres-forts de la Banque centrale du Congo, il se trouve que durant cette année 2024, le Gouvernement congolais a emprunté sur le marché local plus de 1,2 milliard USD au moyen des Bons et Obligations du Trésor. Où a-t-on investi cet argent ? Puisqu’aucune entreprise publique n’a reçu des fonds du gouvernement pour sa relance cette année. Pire, le PDL-145 T vient à peine de bénéficier de 59 millions USD en octobre 2024 en vue de sa relance. Alors que ce projet passe pour le plus important du gouvernement, parce qu’il vise à développer le pays à partir de la base.

Pourtant, en relançant le marché financier local en 2019, le gouvernement voulait diversifier ses sources de financement afin d’avoir les moyens nécessaires pour financer sa politique publique.

Cependant, l’on observe que l’affection des maigres ressources que mobilisent les régies financières pose un problème. Les débats récents à l’Assemblée nationale sur le Projet de reddition des comptes de l’exercice 2023 en dit long sur l’indiscipline budgétaire qui caractérise l’Exécutif national, favorisant d’un côté des dépassements budgétaires pour le fonctionnement des institutions et accusant des maigres dépenses pour les investissements dans les projets porteurs de croissance économique. Un vilain paradoxe quand on sait que les dépenses de fonctionnement ne contribuent aucunement au développement du pays.

En somme, la RDC a vocation de grandeur. Tout prédispose ce pays au cœur de l’Afrique à la grandeur : ses immenses richesses naturelles qui l’érigent en pays solution pour la transition énergétique, sa superficie d’un pays continent, sa démographie évaluée à 100 millions de personnes actuellement. Les dirigeants ont donc l’obligation de lever l’un après l’autre ces paradoxes afin que la RDC tire son épingle du jeu dans sa quête vers le développement.

Amédée Mwarabu 

By amedee

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