Sur des prévisions arrêtées à 344 millions USD au titre des frais de fonctionnement des institutions et des ministères du Gouvernement, la bagatelle de 335 millions USD a été dépensée en deux mois et 12 jours, soit un taux d’exécution de 97%. Autant dire que l’Exécutif national fonctionne en faisant fi de l’instruction du président de la République sur l’impérieuse nécessité de réduction du train de vie des institutions et des ministères au profit de l’effort de guerre.
Pour flouer l’opinion publique nationale et surtout pour le besoin de la communication, le Gouvernement Suminwa a fait don de 1 milliard 201 millions de CDF qui équivaut à 421.000 USD comme contribution à l’effort de guerre afin de soutenir les FARDC et les patriotes Wazalendo qui se battent au front militaire.
Cependant, le même gouvernement fait fi de l’option déjà levée, par le président de la République et adoptée lors des Conseils des ministres, pour la réduction du train de vie des institutions qui passe nécessairement par la réduction des dépenses liées au fonctionnement des institutions et des ministères. Que nenni.
Le Gouvernement Suminwa est loin de s’aligner à cette exigence de l’orthodoxie budgétaire pourtant dictée par la menace existentielle qui guette la RDC avec l’occupation par l’armée rwandaise de deux grandes villes de l’Est, Goma et Bukavu, et surtout leur avancée sur le terrain militaire. Puisqu’à l’analyse de l’exécution des dépenses publiques, l’on observe que le Gouvernement continue à consommer normalement ses frais de fonctionnement et payer facilement ceux destinés aux institutions politiques, en l’occurrence la présidence de la République ou les deux chambres du Parlement.
Pour preuve, sur des prévisions budgétaires fixées à 1.016,9 milliards de CDF(344 millions USD au taux budgétaire moyen de 2954 FC le dollar américain) au titre des frais de fonctionnement des institutions et des ministères, le Trésor public a déjà décaissé jusqu’à 990,4 milliards de CDF (335 millions USD), soit un taux d’exécution de 97%.
D’ailleurs, selon le Plan de trésorerie (PTR) du ministère des Finances, les frais de fonctionnement des ministères du gouvernement sont même en dépassement budgétaire. Sur des prévisions linéaires fixées à 442,8 milliards de CDF, il a été dépensé 559,9 milliards de CDF, soit un taux d’exécution de 126%, selon les données de la Banque centrale du Congo.
En ce qui concerne le budget de fonctionnement des institutions de la République, sur des prévisions de 574,1 milliards de CDF, le Trésor a décaissé 430,6 milliards de CDF, soit un taux d’exécution de 75%.
Comme pour dire que le discours du président de la République du 29 janvier 2025, au lendemain de l’occupation de la ville de Goma par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23/AFC, n’est pas pris en compte à ce jour. L’on continue à consommer les deniers publics sans penser véritablement à orienter le maximum des revenus publics à l’effort de guerre.
En principe, alors que la session parlementaire ordinaire de mars a ouvert depuis le 15 mars, le Gouvernement devrait présenter un collectif budgétaire pour l’exercice 2025 au Parlement qui est l’autorité budgétaire en tenant compte des instructions du président de la République sur la réduction du train de vie des institutions et même des animateurs.
En somme, depuis le début de l’année jusqu’au 12 mars, la situation financière de l’Etat affiche un déficit budgétaire de 1.045,3 milliards de CDF (366 millions USD au taux de change actuel de 2850 FC le dollar américain), consécutif à des recettes de 4.304,8 milliards de CDF (1,510 milliard USD) et des dépenses de 5.350,1 milliards de CDF (1,877 milliard USD).
Amédée Mwarabu