La Gouverneure de la Banque centrale, Mme Malangu KabediLa Gouverneure de la Banque centrale, Mme Malangu Kabedi

Outre les 1,52 milliard USD engrangés par le Gouvernement qui ont permis de gonfler les réserves de change de la RDC, non sans compter la bonne réputation qu’à désormais Kinshasa sur l’échiquier de la finance internationale, la Banque centrale du Congo (BCC) a pu aussi implémenter, durant les trois ans de mise en œuvre  de la Facilité élargie de crédit (FEC), plusieurs réformes nécessaires pour sa gouvernance et la régulation du système financier congolais. Foi de la Gouverneure de la BCC, Mme Malangu Kabedi Mbuyi.

A la suite de la réunion du Comité de politique monétaire du 2 août 2024, la Gouverneure de la Banque centrale du Congo, Mme Malangu Kabedi Mbuyi, échangeant avec une brochette des journalistes, s’était exprimée sur certaines réformes que l’Institut d’émission a pu implémenter durant les trois ans pendant lesquelles le Programme économique formel, conclu en juillet 2021 entre le gouvernement de la RDC et le FMI, était mis en œuvre. 

D’abord commentant, les mesures arrêtés à l’issue de la troisième réunion du comité de politique monétaire d’août 2024, la Gouverneure de la BCC avait noté : « les décisions ont été prises dans le cadre d’une réunion ordinaire du Comité de politique monétaire et elles ont porté sur des éléments importants : le maintien du taux directeur de la Banque centrale du Congo à 25%, l’augmentation du coefficient obligatoire sur les dépôts en Francs congolais (dépôt à vie) et le maintien des autres taux à leurs niveaux d’avant, c’est-à-dire, 0% du coefficient de la réserve obligatoire sur le dépôt à terme en monnaie nationale, et le maintien du coefficient de la réserve obligatoire sur le dépôt en monnaie étrangère (à 13% pour les dépôts à vie et 12% pour les dépôts à terme).

A l’en croire, ces mesures sont importantes, parce que pour les prendre, le Comité de politique monétaire s’est reposé sur deux piliers. Le premier, ce sont les fondamentaux qui sont positifs. Malgré tout, le deuxième pilier, c’est la situation d’ici la fin de l’année qui est marquée par une saisonnalité connue dans notre économie où nous voyons que le 4ème trimestre de l’année est marqué par une augmentation de la dépense et une augmentation de la liquidité dans l’économie.

Les mesures qui ont été prises par le comité de politique monétaire l’ont aussi été de manière proactive par la Banque centrale de se donner les moyens de renforcer pour le reste de l’année 2024, les moyens, les outils à sa disposition pour éponger toute liquidité excédentaire qui pourrait venir dans notre économie et qui pourrait amener des pressions sur le taux de change et sur le marché des biens et services, le tout dans l’objectif, par ces actions, de contribuer à la stabilité des prix qui est la mission fondamentale d’une Banque centrale.

« Ces mesures vont permettre à la Banque centrale d’être plus efficace pour le reste de l’année. Bien entendu, cette efficacité sera renforcée par la coordination avec des actions d’une politique budgétaire restrictive pour le reste de l’année », avait-t-elle dit, avant d’insister que c’est la combinaison de ces deux et des autres mesures de court terme envisagées au niveau des autorités qui va permettre de préserver la stabilité macroéconomique qui est observée au cours de cette première partie de l’année, et arriver même à une amélioration au niveau de l’inflation et du taux de change.

Pour autant, la Banque centrale est et reste disponible, attentive aux évolutions aussi bien sur le marché intérieur (l’économie nationale) et les évolutions sur l’environnement international, de manière que si les signaux sont apparents, la Banque centrale prenne toutes les dispositions qui s’imposent pour contribuer à cette stabilité du cadre macroéconomique.

Des réformes au sein de la Banque centrale

Au-delà des avantages tirés de la conclusion avec satisfaction de 6 revues avec l’aide du Fonds monétaire international (FMI), le dernier volet des mesures qui ont été mises en place dans le cadre du programme, c’est le volet qui a un impact sur la situation financière de la Banque. Ici, deux éléments d’illustration, soutient Mme Malangu Kabedi en ces termes : « Le premier et le plus important, c’est la recapitalisation de la Banque centrale. Normalement, selon la loi organique de la Banque, le capital social de la Banque est de 213 milliards des Francs congolais et jusque récemment, ce capital n’existait presque pas. Dans le cadre du programme avec le Fonds monétaire, une convention a été signée, entre la Banque centrale et le ministère des Finances, au terme de laquelle, il y a un échéancier sur base duquel l’Etat propriétaire de la Banque va recapitaliser la Banque centrale. La première tranche au titre de cette recapitalisation a été faite il y a quelques semaines. Un autre aspect concerne toujours la relation entre la Banque centrale et le Trésor, c’est le nettoyage du passé. Les pertes réalisées par les banques dans le passé, les avances faites au Trésor dans le passé, tout cela s’est aussi traduit par une convention entre la Banque centrale et le Trésor pour que cette dette soit titrisée. C’est pourquoi vous voyez que des temps en temps dans la presse, il y a des obligations du Trésor qui sont émises en faveur de la Banque centrale. C’est au titre du remboursement de cette dette titrisée ».

Pour la patronne de l’Institut d’émission, le programme a fourni un cadre très important de réalisation des réformes importantes au niveau de la Banque centrale dans divers domaines. Des réformes qui ont permis à la Banque centrale de procéder à des renforcements de ses procédures et de ses actions.

« Pour la Banque centrale entant que régulateur, un certain nombre de réformes sont été mises en place. Pour la mise en place d’une supervision bancaire basée sur les risques, pour veiller à ce que nous ayons un suivi efficace des dispositions mises en œuvre dans des banques, par rapport à la lutte contre le blanchiment des capitaux, comme vous le savez, notre pays est sur la liste grise du GAFI. Donc, c’est un aspect très important de voir ce qui est mis en place tant par la Banque centrale que par les banques commerciales pour lutter contre le blanchiment des capitaux, des mesures mises en place pour évaluer les risques, pour tester la solidité du système bancaire et aussi pour la stabilité du système financier. C’est autant de réformes et de mesures qui ont été mises en place dans le cadre du programme au niveau de la Banque centrale. Ça c’est au niveau du secteur financier ».

Et d’ajouter : « Au niveau des opérations de la Banque centrale, nous avons mis en place une batterie de mesures, y compris avec l’assistance technique, pour renforcer le cadre analytique et rationnel de la politique monétaire, y compris avec la mise en place des outils quantitatifs ; nous avons pris une mesure importante pour réduire la dollarisation de l’économie congolaise qui est la mise en place d’un système où la réserve obligatoire est mise en place dans les banques selon la monnaie du dépôt, ce qui n’était pas le cas avant. Des mesures ont été mises en place, y compris avec des décisions prises par le conseil de la Banque centrale pour renforcer la transparence et la crédibilité des actions prises par la Banque centrale. Par exemple, la mise en place de la procédure de passation de marché qui n’existait pas au par avent, l’adoption des normes internationales pour la comptabilité. Nous sommes passés aux standards IFRS et le renforcement des procédures d’audit à travers l’adoption par le conseil de la Banque d’une charte d’audit à la Banque centrale ».

Des perspectives pour une croissance diversifiée et inclusive

Il sied de signaler qu’après le succès enregistré par le gouvernement congolais dans la mise en œuvre du Programme économique triennal avec le FMI, Kinshasa est en phase des négociations pour deux autres programmes dont une Facilité élargie de crédit de 1,5 milliard USD et Une Facilité élargie de résilience pour 1 milliard USD. 

Ces  perspectives permettront, selon la Gouverneur de la BCC, de bâtir sur le progrès réalisé dans le cadre de ce programme qui vient de se terminer pour aller de l’avant, y compris au niveau du renforcement des capacités, de l’échange d’expérience avec d’autres pays. Pour elle, c’est autant des facteurs qui vont nous être bénéfiques pour renforcer nos capacités et même à mettre en œuvre les réformes qui sont nécessaires pour une croissance diversifiée et inclusive.

Amédée Mwarabu

By amedee

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *