La récente réforme de la Banque Centrale du Congo (BCC), qui prévoit une diversification de l’actionnariat dans le secteur bancaire, suscite de vifs débats dans les cercles politiques et économiques. Pourtant, au-delà des controverses, cette réforme marque une étape cruciale : celle d’un choix national audacieux pour reprendre en main les leviers de notre avenir économique. Il ne s’agit pas d’un repli, mais d’une ouverture lucide, fondée sur l’inclusion, la responsabilité et une vision souveraine.
Une volonté claire : Reprendre le contrôle de notre destinée financière
Cette réforme ne tombe pas du ciel. Elle répond à une stratégie mûrie : remettre les Congolais au centre de l’économie formelle, en leur permettant de devenir acteurs à part entière du système financier. Ce mouvement s’inscrit dans une tendance globale, observée même dans les économies les plus avancées, où les États cherchent à sécuriser leurs infrastructures financières et à renforcer leur autonomie stratégique.
Assez de clichés : Oui, les investisseurs congolais existent et sont prêts
Affirmer qu’il n’existe pas de Congolais capables de saisir cette opportunité relève d’un mépris déconnecté de la réalité. Ce pays regorge de talents et de capitaux en quête de cadre structurant : entrepreneurs, fonds familiaux, coopératives dynamiques, diaspora investie… Tous attendent un signal fort. Cette réforme en est un. C’est une main tendue pour structurer ces énergies, et leur permettre de transformer le tissu économique.
Chiffres à l’appui : selon les dernières données de la Banque Européenne d’Investissement (2024), la rentabilité moyenne des banques en RDC atteint 22,53 %, soit une performance supérieure à la moyenne continentale, et alignée sur les standards de l’Afrique Centrale (24,58 %). Autrement dit : il y a matière à investir, à prospérer, à construire.
Clarifions : ce n’est pas une “zaïrianisation”
Certains observateurs brandissent le spectre d’une expropriation, d’une fermeture. Faux. Aucun actif n’est saisi, aucune entité n’est exclue. Cette réforme propose une ouverture de l’espace économique, pas une confiscation. Elle encourage la co-construction d’un système bancaire plus représentatif, plus équitable, et plus proche de ses réalités nationales.
Une réforme inclusive et collective
Pour réussir, cette réforme devra s’accompagner de mécanismes incitatifs : fiscalité allégée pour les nouveaux investisseurs nationaux, formations spécifiques en gestion bancaire, accès facilité au crédit et à la gouvernance. La BCC, dans ce processus, doit se positionner en facilitateur plus qu’en simple régulateur. Il en va de l’efficacité comme de la crédibilité du processus.
Vers une finance enracinée, humaine et durable
L’ouverture de l’actionnariat est une opportunité historique pour rapprocher la finance des réalités congolaises. Cela signifie une banque plus ancrée, plus consciente de son environnement, et donc plus apte à soutenir l’économie réelle. Le digital ne suffira pas. Ce qu’il faut, c’est une gouvernance partagée, une responsabilisation des acteurs locaux, et un enracinement territorial des décisions financières.
Façonner notre avenir, ensemble
La réforme bancaire en RDC n’est pas une menace. C’est une opportunité. Elle ne vise pas à exclure, mais à inclure. Elle ne cherche pas à affaiblir, mais à renforcer. Il ne s’agit pas de résister au changement, mais de le piloter avec audace et intelligence. Pour une souveraineté économique partagée, responsable, et tournée vers l’avenir.
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