Le récent changement intervenu à la tête de la Société Nationale d’Électricité (SNEL) mérite d’être salué. La Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) et le Comité d’actions citoyenne et juridique contre les abus de la SNEL prennent acte de cette décision des autorités publiques et expriment l’espoir qu’elle puisse marquer le début d’une nouvelle ère dans la gestion de cette entreprise stratégique, dont le rôle est vital pour l’économie nationale, la sécurité des citoyens et la dignité des ménages congolais.
Un consta accablant : la faillite d’un service public vital
Depuis des années, les Congolais vivent au rythme du délestage permanent, des coupures intempestives et d’une absence criante de planification énergétique. À Kinshasa, mégapole de plus de 15 millions d’habitants, il n’est pas rare que des quartiers entiers soient plongés dans l’obscurité durant des heures, parfois des jours, avec pour conséquence directe: une insécurité grandissante, car l’obscurité est le terreau idéal de la criminalité urbaine et des bandes armées ; une économie paralysée, des petites unités de production aux grandes entreprises, qui doivent recourir à des groupes électrogènes coûteux et polluants ; un système éducatif et sanitaire fragilisé, car comment étudier, soigner ou même sauver des vies sans électricité stable !
Les autorités sortantes de la SNEL ont démontré leur incapacité à répondre aux attentes légitimes de la population. Le service offert a été synonyme d’inefficacité, d’opacité et d’abus. Les facturations injustifiées, les branchements anarchiques, l’absence de maintenance des réseaux et le manque d’investissement stratégique sont autant de pratiques qui ont alimenté la colère et la frustration des usagers.
Un nouveau départ attendu, mais exigeant
La nomination d’une nouvelle équipe dirigeante suscite donc un espoir, mais cet espoir ne doit pas être naïf. Changer un visage ne signifie pas transformer un système. La SNEL souffre d’un mal profond : Un déficit structurel de production et de distribution, alors même que la RDC dispose d’un potentiel hydroélectrique parmi les plus importants au monde ; Une gestion entachée de clientélisme et de corruption, où la logique politique supplante trop souvent la logique de service public ; Un mépris récurrent des consommateurs, considérés davantage comme des “vaches à lait” que comme des bénéficiaires d’un service auquel ils ont droit.
La NSCC et le Comité d’actions citoyenne et juridique contre les abus de la SNEL interpellent et proposent
La NSCC et le Comité d’actions citoyenne et juridique contre les abus de la SNEL ne se contenteront pas d’applaudir ce changement de direction. Ils appellent la nouvelle équipe à poser des actes concrets et courageux :
1. Mettre fin aux abus de facturation en instaurant un mécanisme transparent et participatif de contrôle des relevés et des tarifs ;
2. Élaborer un plan d’urgence pour Kinshasa, afin de réduire drastiquement les coupures dans les quartiers populaires, les hôpitaux et les écoles ;
3. Lancer une réforme profonde de la gouvernance interne, afin de lutter contre la corruption et le clientélisme qui gangrènent la société ;
4. Ouvrir un dialogue permanent avec les consommateurs et la société civile, car sans écoute des usagers, aucune réforme ne sera durable ;
5. Valoriser le potentiel énergétique national, notamment en accélérant les projets hydroélectriques (Inga III, mini-barrages, énergies renouvelables), tout en améliorant la distribution.
Une urgence nationale
L’accès à l’électricité n’est pas un luxe. C’est un droit fondamental, un pilier du développement et un vecteur de dignité humaine. Dans une capitale qui se veut moderne, il est inacceptable que des enfants étudient à la lueur de bougies, que des malades meurent faute de courant dans les hôpitaux, et que des commerçants voient leurs produits périr faute de réfrigération. La SNEL n’a pas seulement failli à un mandat technique, elle a failli à un devoir moral. Le temps est venu d’inverser la tendance.
Conclusion : de l’espoir à la vigilance
La NSCC et le Comité d’actions citoyenne et juridique contre les abus de la SNEL saluent l’arrivée du nouveau management et réitèrent leur disponibilité à le rencontrer dans les plus brefs délais pour échanger sur les attentes de la population et dénoncer les abus du passé. Mais cet accompagnement se fera avec une vigilance citoyenne accrue. Car l’histoire récente de la SNEL nous enseigne que la complaisance est synonyme de recul. Ce que la population attend, ce n’est pas seulement un changement de dirigeants, mais un changement de paradigme : passer d’une logique de rente et de survie à une logique de service, de performance et de justice sociale. La lumière doit enfin jaillir dans les foyers congolais. Pas demain, pas après-demain, mais dès aujourd’hui.