Finances & Entreprises a effectué ce mercredi 29 octobre 2025 une mini enquête sur la place commerciale de Pompage, dans la commune de Ngaliema (axe Brikin-Mbudi), pour vérifier la tendance des prix des biens de grande consommation sur le marché. Après la ronde des chambres froides, magasins de quincaillerie, étalages, il s’observe une baisse généralisée des prix tant des vivres frais que des matériaux de construction. Ici, les commerçants, dans leur majorité, ont aligné les prix de leurs produits à la tendance baissière du dollar américain face au franc Congolais. Reportage
Par Amédée Mwarabu
Le raffermissement de la monnaie nationale sur le marché de change, observé ces trois dernières semaines en République démocratique du Congo, a impacté les prix des biens de grande consommation dans la ville province de Kinshasa. Le franc congolais est parti de 2.850 FC le dollar américain à environ 2.220 FC le dollar américain ce mercredi 29 octobre 2025. Et conséquemment à cette appréciation de la monnaie congolaise, les prix des produits alimentaires et autres, rigides pendant un temps, semblent suivre maintenant la tendance, selon le constat fait par votre média Finances& Entreprises.
Nous nous sommes rendu sur la place commerciale appelée communément « Marché de Pompage ». C’est en fait un carrefour, autour du Saut de mouton, à la confluence des avenues Du Tourisme, Mukadi, Lukunga et Maman Yemo, dans la commune de Ngaliema. Cette place commerciale est quotidiennement fréquentée par les habitants du quartier Kimbwala-Don Bosco (Commune de Mont Ngafula) et celles des quartiers Mbudi, Brikin, Malueka et même DGC, de la commune de Ngaliema.
Constat sur le marché de Pompage
Notre mini enquête a commencé dans une chambre froide. Des explications données par le gérant renseignent que le grand nombre des produits ont connu une baisse allant de 1000 FC à 3000 FC par kilogramme. Sur son tableau tarifaire on peut voir : le poisson chinchard 18 plus à 7500 FC venant de 8500 FC ; le poisson 20 plus à 8500 Fc venant de 10.000 Fc le Kg ; le poisson chinchard 25 plus à 11.000 Fc venant de 13.000 Fc. En ce qui concerne le poulet, ceux de poids 9 et 10 n’ont pas changé de prix et sont toujours vendus à respectivement 9.000 Fc et 9.500. Par contre le poulet poids 11 est actuellement vendu à 11.000Fc venant de 12.000 FC et celui de poids 12 coute 12.000 Fc venant de 13.000 FC.
Dans cette chambre froide, certains produits n’ont pas connu de baisse de prix, notamment le poisson Ngolo vendu toujours à 9.000 Fc le Kg ; le Mikongo à 6.000 FC ; le Dindon à 9.000 FC ou encore la queue de bœuf à 15.000 Fc le Kg.

Selon le gérant de cette chambre froide, les grossistes n’ont pas bougé leur prix en dollar. C’est ainsi que si vous achetez chez eux en dollar, le prix est resté le même. Cependant, si vous allez avec des francs congolais, les grossistes imposent leur taux soit à 2350 Fc le dollar voir à 2400 Fc le dollar.
Vivianne, une cliente trouvée dans cette chambre froide a confirmé cette tendance à la baisse des prix des vires frais. « J’achète souvent le poisson salé. Le kilogramme était à 28.000 Fc, il est maintenant à 23.000 FC. Le poisson aussi a baissé et même le gésier qui était à 8500 Fc le Kg, il revient maintenant à 7.000 Fc le Kg », a-t-elle confié.

En ce qui concerne l’affluence des clients dans cette chambre froide, le gérant a indiqué que pendant la période de fluctuation rapide du taux de change, il y avait moins d’affluence. « Comme le taux semble se stabiliser, je vois qu’il y a de plus en plus de vente mais on n’a pas encore atteint le niveau de vente d’avant ces fluctuations de la parité franc congolais et dollar américain ».
Au niveau des étalages, une vendeuse de poulets nus a aussi confirmé la tendance à la baisse. « Les prix de poulet nus ont quand même bougé. Avant lorsque le dollar était à 2800 Fc le dollar, j’achetais le carton chez les grossistes à 88.000 FC mais maintenant le carton est à 75.000 Fc ». Ainsi, elle a répercuté cette baisse de prix de carton de poulet nus sur ses ventes selon les poids : de 10.000 FC à 8.500 Fc et de 8.500 Fc à 7.500 Fc.
Après les vivres frais, nous nous sommes rendus chez un grossiste des huiles végétales, implanté sur la place commerciale Pompage. Ici, la caissière a été claire avec nous. « Tous les prix en franc congolais ont été alignés au taux actuel du dollar américain », nous a-t-elle balancé. Devant sa caisse, il est affiché : « Taux à 2300 Fc ». Une vendeuse trouvée dans ce magasin confirme qu’il a eu baisse de tous les produits. « Avant, j’achetais le bidon d’huile Regina de 25 litres à 130.000 FC. A un moment, ce bidon de 25 litres était monté jusqu’à 140.000 FC. Actuellement il est vendu à 101.000 FC. Vous voyez que la baisse est significative ».

Dans la plus grande quincaillerie de Pompage, dès l’entrée, on voit afficher sur le tableau des tarifs, le taux de change fixé à 2.300 FC. A la question de savoir si les prix ont baissé dans cette quincaillerie, le gérant répond spontanément « Tout a baissé en fonction du taux de change ». Il nous dit que la barre de fer de 12mm est vendue actuellement à 31.400 FC venant de plus de 39.000 FC. Quant au ciment, il est passé aussi ici de 28.000 Fc à 21.850 FC (CIMKO) et 20.700 FC (CILU).
Face à cette tendance baissière des prix des matériaux de construction, le gérant, souriant, lâche à notre endroit : « C’est le meilleur moment de construire votre maison si vous avez les moyens ». Selon lui, il y a une affluence des clients ces derniers temps.
Les ménagères croisées au marché Pompage ont indiqué que les prix des légumes généralement consommés par les Congolais notamment sont restés les mêmes.

Focus sur les tendances des prix via l’application Talo du ministère de l’Economie
La vice-primature en charge de l’Economie a mis à la disposition du public l’application Talo pour suivre la tendance des prix des produits de grande consommation en RDC. L’application Talo a pour objectifs : Informer le public sur les prix de ces 39 produits ; Suivre l’évolution des prix sur le marché ; et Lutter contre la spéculation.
Dans son bulletin mensuel (mi-septembre à mi-octobre 2025) Talo fournit un aperçu de l’évolution des prix des produits de grande consommation. A Kinshasa, le prélèvement hebdomadaire des prix est assuré par les agents des deux divisions urbaines du ministère de l’Économie nationale. Le prélèvement concerne 39 produits de grande consommation, 183 marques et 62 types d’opérateurs, sur 16 sites y compris quatre marchés : le marché Central, Gambela, Zigida et Liberté.
L’analyse comparée des prix relevés sur le marché de Kinshasa entre mi-septembre et mi octobre 2025, par le ministère de l’Economie, met en évidence les effets tangibles de l’appréciation du franc congolais sur les prix. Passé d’un niveau moyen de 2 800 à 2 200 CDF pour un dollar américain, soit un gain d’environ 21 %, cette évolution se traduit par une dynamique de baissière qui se reflète sur plusieurs segments du marché intérieur.
En moyenne, les prix de quarante biens de grande consommation ont reculé d’environ 13 %, ce qui correspond à une transmission réelle de l’effet de change dans un environnement historiquement marqué par des pressions inflationnistes récurrentes, cette inflexion constitue un signal encourageant de réajustement des prix à la baisse.
Les produits importés ou dépendants des circuits internationaux, tels que le poisson congelé, le riz, les produits laitiers, les huiles raffinées ou encore les viandes et volailles ont enregistré les baisses les plus marquées, souvent supérieures ou égales à l’appréciation du franc Congolais, confirmant leur sensibilité directe au taux de change, soutient le ministère de l’Economie. À l’inverse, les produits à forte composante locale ou à petit conditionnement (pain, condiments, boissons, produits ménagers) affichent des variations faibles voire nulles, traduisant une inertie liée aux coûts internes et à la structure des marges de distribution.



En définitive, la période sous examen confirme une tendance baissière des prix sur les marchés, soutenue par la vigueur du franc congolais. Le maintien d’une surveillance continue des marchés demeure essentiel pour apprécier la persistance de ces ajustements, identifier les secteurs encore rigides sur lesquels il faudra agir pour consolider les acquis de cette phase de stabilité monétaire, estime-t-on à la vice-primature en charge de l’Economie.


En somme, conclut la vice-primature en charge de l’Economie, l’effet de l’appréciation du CDF s’est manifesté principalement sur les grands conditionnements vendus en gros, où la formation du prix suit directement les cotations à l’import. Les petites unités, plus proches du consommateur final, montrent une inertie structurelle : leur ajustement reste faible, confirmant que les gains de change sont absorbés en amont de la chaîne de distribution. Les baisses significatives se concentrent sur les formats de gros, bénéficiant directement de la réévaluation du CDF. Les petites unités, distribuées au détail, conservent une rigidité des prix.

