L’Association africaine pour le crédit rural et agricole (AFRACA) tient ses assises à Kinshasa. A l’ouverture de ce Forum, les experts se sont accordés sur la nécessité de promouvoir l’agriculture et de stimuler le développement des zones rurales comme un enjeu stratégique pour l’émergence de la RDC.
Kinshasa abrite, du 4 au 6 novembre à Fleuve Congo Hôtel, le Forum de l’Association africaine pour le crédit rural et agricole (AFRACA). C’est M. Muhindo Nzangi Butondo, ministre du Développement rural, qui a lancé ce lundi ces assises, en présence d’un représentant du ministre l’Agriculture et de la sécurité alimentaire, de M. Thomas T. Essel, Secrétaire général de l’AFRACA, et de Dieudonné Fikiri Alimasi, 1er vice-gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) et président de l’AFRACA.
Placé sous le « La revisitation de l’économie rurale et du secteur agricole de la RDC », ce forum se veut un cadre dynamique d’échanges des informations, de partage d’expérience et de renforcement des capacités sur les enjeux liés au financement agricole et au développement du monde rural.
Dans son allocution de circonstance, à l’ouverture du forum, Dieudonné Fikiri Alimasi, en tant que président de cette organisation, a insisté sur la nécessité de trouver de financement conséquent pour le secteur agricole en RDC afin de concrétiser la vision du président de la République sur la revanche du sol sur le sous-sol. « Nous espérons tracer ensemble un avenir agricole plus prometteur en phase avec la vision de M. Félix Tshisekedi Tshilombo, président de la République, à savoir, que désormais dans notre plan de développement, il faudrait que le sol prenne la revanche sur le sous-sol. C’est dans ce cadre que la Banque centrale du Congo s’active à trouver les voies et moyens pour améliorer le financement de l’agriculture, contrainte majeur à la revisitation de ce secteur dont le financement ne représente que moins de 1% des prêts accordés par le secteur financier », a-t-il déclaré.
De son avis, l’activité qui commence aujourd’hui n’est pas un fait isolé. Elle s’inscrit dans une démarche beaucoup plus larde de réforme en RDC visant à promouvoir l’agriculture et le développement rural comme véritable axes en soutien à une croissance inclusive pour le bien-être de la population. Aussi à ce jour, a souligné Dieudonné Fikiri, les conditions de stabilité macroéconomique durable semblent s’installer en RDC et ce, au regard de l’évolution des indicateurs économiques au point de créer des conditions nécessaires pour la relance et la diversification de l’économie.
Enrichir la stratégie du secteur agricole
Pour le 1er vice-gouverneur de la BCC et président de l’AFRACA, les résolutions de ces assises devraient constituer une niche importante d’enrichissement de notre stratégie du secteur agricole.
Analysant les indicateurs macroéconomiques, Dieudonné Fikiri estime que le contexte économique de la RDC demeure très résiliant avec un taux de croissance de 5,3% en 2024, largement supérieur à la moyenne de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Le taux d’inflation en glissement annuel et en annualisé s’établit à 15.20% et à 13.37% au 30 septembre 2024 contre 21.86% et 24.84% à la période correspondante de 2023. La dépréciation de la monnaie nationale quant à elle, n’est que de 5.89% au 30 septembre 2024 contre 19.9% à la même période de 2023. Et les réserves internationales, à ce jour, permettent de couvrir 14 semaines d’importations des biens et services contre 10 semaines à fin septembre 2023.
Au regard de ce contexte macroéconomique ci-haut décrit, M. Fikiri a affirmé que l’environnement est propice pour l’organisation de ce forum pour la RDC dont 70% de la population vit en milieu urbain, donc de l’agriculture. Aussi, l’économie reste fortement dépendante des exportations des matières premières, principalement le cuivre et des importations des produits alimentaires de base en contradiction avec les potentialités du pays dans le secteur agricole.
Bien plus, la RDC dispose de 80 millions d’hectares des terres arables, dont seulement 10% sont actuellement exploités. Des conditions climatiques et économiques favorables, caractérisés par l’abondance et la régularité des précipitations en sus des vastes zones disponibles des pâturages pour des millions des cheptels.
Au regard de ce potentiel, il est crucial que la promotion de l’agriculture et du développement rural soit considérée comme un enjeu stratégique pour l’avenir de la RDC a soutenu le président de l’AFRACA. Pour qui, redynamiser ce secteur contribuera à coup sûr à la sécurité alimentaire, à la lutte contre la pauvreté, à la diversification économique et à la résolution de certains problèmes sociaux liés à l’exode rural et à l’urbanisation croissante.
Explorer de nouvelles approches innovantes
Pour atteindre ces objectifs, il devient impératif d’augmenter le financement alloué à l’agriculture par l’exploration de nouvelles approches innovantes intégrant la digitalisation et les assurances de l’ensemble des activités agricoles.
« L’AFRACA nous offre un cadre propice pour aborder de manière concrète et sereine cette question de financement de l’économie rurale et du secteur agricole. La RDC tirera surement produit des expériences d’autres pays qui ont mené avec succès des réformes dans ce secteur pour bâtir une stratégie cohérente de financement agricole beaucoup plus ambitieuse et réaliste », a rassure Dieudonné Fikiri.
Le président de l’AFRACA reste conscient que l’objectif ultime de ce forum, qui est celui de formuler des recommandations objectives et réalistes afin d’élaborer une feuille de route sur les meilleures stratégies à mettre en place en RDC afin de revitaliser le secteur agricole, est plus ambitieuse. « Je reste convaincu que nous pouvons relever ce défi grâce à l’implication de toutes les parties prenantes. Ce forum est une opportunité unique de poser les bases d’une réforme agricole durable et ambitieuse », a-t-il dit.
Avant la clôture de la cérémonie d’ouverture, après les interventions du représentant du ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, du Secrétaire général de l’AFRACA, le ministre en charge du développement rural, Muhindo Nzangi Butondo, a précisé que dans les projets qu’il conçoit, il insiste sur le financement de la production locale. A l’en croire, ces échanges vont aider à dégager des recommandations qui vont aider l’expérience pour financer l’économie agricole. « Vous direz aussi que la RDC a sa propre architecture sur l’encadrement du monde rural », a-t-il lancé.
Amédée Mwarabu