Entre janvier et juin 2025, sur l’ensemble de la population de la République Démocratique du Congo, environ 27,7 millions de personnes (24% de la population analysée) font face à une insécurité alimentaire aiguë élevée (Phase 3 de l’IPC ou plus), selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire commentant les statistiques actualisées et publiées en mars 2025.
Parmi ces 27,7 millions, environ 3,9 millions sont en situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) et un peu plus de 23,8 millions en insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC).
« Si rien n’est fait pour arrêter la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans la partie Est du pays, en proie à la violence et aux abus des hommes en arme, ces chiffrent pourraient continuer d’augmenter et l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des populations se détériorer davantage », écrit cette organisation dans son analyse.
Dans les quatre provinces ayant fait l’objet de la mise à jour de leur situation projetée de janvier à juin 2025, on constate une dégradation de la situation de la sécurité alimentaire avec plus de 10,3 millions des personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë élevée (Phase 3 et 4 de l’IPC) parmi lesquelles 7,9 millions en Situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) et 2,3 millions en Situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC).
Par ailleurs, dans les 14 unités de populations déplacées analysées dans cette mise à jour, plus de 2,2 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë élevée (Phase 3 de l’IPC ou plus) et plus de 738,000 personnes en situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC). Les populations sont regroupées en familles d’accueil et dans les sites PDI (Population Déplacées Internes), principalement dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, et de l’Ituri.
Les 3 facteurs à la base de cette insécurité alimentaire
1. Conflits armés et intensification des opérations militaires: Depuis décembre 2024, la situation sécuritaire dans l’Est du pays s’est fortement détériorée suite à une intensification des combats entre les groupes armés et les forces armées nationales et de leurs alliés. Les zones de conflit se sont étendues dans plusieurs villages et villes telles que Goma et Bukavu désormais sous contrôle des rebelles. Ces zones sont restées longtemps assiégées avant d’être occupées.
2. Chocs économiques : Depuis environ trois mois, la fermeture des banques affecte les opérations économiques dans les zones sous contrôle du groupe rebelle, principalement dans les villes de Goma, Bukavu et leurs environs. Le manque d’accès aux épargnes et à la liquidité reste un frein majeur à la relance des activités économiques. À cela s’ajoute les scènes de pillage de sociétés dans les centres urbains à la suite du contrôle de ces zones par le groupe rebelle. Les prix des denrées alimentaires de base et des produits de premières nécessités importés ont également fortement augmenté.
3. Déplacements et mouvements des populations: La fermeture brutale et forcée des sites PDIs au mois de janvier 2025 a entrainé soit un retour de ces déplacés dans leurs zones d’origine, parfois après les périodes de récolte, soit une relocalisation dans les familles d’accueil de la zone accentuant la vulnérabilité économique de ces ménages mais aussi des familles d’accueil. Les cycles de conflits armés et intercommunautaires, principalement à l’Est du pays, ont continué à entrainer des mouvements de déplacement de populations.
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