Ce texte est tiré de notre Tribune intitulée « Les Dix projets clés à réaliser pour sauver le mandat de Félix Tshisekedi ». Ce projet est un des dix proposés au chef de l’État car la RDC en tirerait des gains importants.
L’administration publique congolaise fonctionne aujourd’hui en décalage avec les exigences d’un État du XXIᵉ siècle. Dans les sociétés modernes, le secteur public ne se contente pas d’appliquer des décisions, il est la plateforme qui coordonne les services, garantit la continuité de l’État et facilite l’activité économique. Il doit donc devenir l’infrastructure pivot de la nation, capable de porter la mise en œuvre des politiques, d’assurer l’accès aux services essentiels et de créer un environnement réglementaire stable pour les citoyens et les entreprises.
La bonne nouvelle est qu’une telle transformation ne nécessite pas forcément des financements mirobolants. La technologie, les compétences locales et des modèles Gov-Tech éprouvés existent déjà. En mobilisant l’expertise nationale, administrations, start-ups, universités et secteur privé, et en privilégiant des solutions modulaires et interopérables plutôt que des mégaprojets coûteux, il est possible d’accélérer la modernisation à moindres coûts. La volonté politique, une feuille de route claire et des partenariats public-privé responsables constituent l’essentiel du levier nécessaire.
La digitalisation, comprise comme construction d’infrastructures publiques numériques, d’identités numériques sécurisées, de guichets uniques en ligne et de plateformes de paiements électroniques, sera le catalyseur de l’efficience. Elle réduit les intermédiaires, renforce la traçabilité des opérations et limite les opportunités de fraude. Elle améliore la qualité des services administratifs, état civil, fiscalité, permis, autorisations, et ouvre l’accès pour les populations des zones reculées grâce à l’e-gouvernement et aux guichets numériques.
Les retombées vont bien au-delà de la simple efficacité administrative. Une administration digitalisée attire les investisseurs, car les procédures deviennent prévisibles et rapides. Elle permet des économies budgétaires durables en réduisant les coûts de gestion et les pertes liées à la corruption. Pour que cela tienne, il faudra une gouvernance des données forte, des normes d’interopérabilité, une stratégie de cybersécurité et des programmes massifs de formation pour mise à niveau des expertises et compétences des agents publics. Mesurer la performance par des indicateurs clairs et publier les données budgétaires en open data rendra le système redevable et transparent.
La modernisation de l’administration publique n’est pas remplacer des bureaux par des écrans, c’est bâtir une plateforme publique numérique, pilotée par une vision politique, alimentée par le talent congolais et gouvernée par des règles claires. C’est transformer l’État en facilitateur de prospérité et en garant de justice sociale, tout en tirant des gains économiques tangibles pour le pays.
Amédée Mwarabu

