La ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Hait-Katanga, abrite, la 9ème Édition de « Alternative Mining Indaba de la RDC » placée sous le thème principal : « Minerais stratégiques de la RDC : entre enjeux géopolitiques mondiaux et impacts socio-économiques locaux, avec pour sous-thème : « Faire entendre la voix des communautés minières congolaises ».

Ces assises se tiennent du 29 au 31 octobre 2025 à l’Hôtel Pullman Grand Karavia. Elles sont organisées par SARW en partenariat avec Norwegian Church Aid, Centre Carter, Afrewatch, NRGI, Sentinelle des Resource Naturelles, Resources Matters, ITIE, Litrase et la GIZ.

Cette édition se tient dans un contexte mondial marqué par une ruée géopolitique sans précédent vers les minéraux stratégiques. Cobalt, cuivre, lithium — ces ressources, dont regorge la RDC– sont devenues le cœur battant de la transition énergétique mondiale. Le monde veut décarboner, et la RDC est au centre de cette transition.

Prononçant le mot de bienvenue, Dr Claude Kabemba a indiqué que le thème de cette 9ème édition « Minerais stratégiques de la RDC : entre enjeux géopolitiques mondiaux et impacts socio-économiques locaux » illustre parfaitement le double enjeu auquel le secteur minier fait face : comment concilier la demande mondiale croissante pour nos ressources avec la protection des communautés et de l’environnement congolais.

 » Permettez-moi de rappeler un principe fondamental : l’exploitation minière devrait être un espace d’humanité. Il existe un lien spirituel entre les minéraux et la vie humaine. Les minéraux sont essentiels à notre survie, et il devrait y avoir une forte connexion entre l’exploitation minière et l’humanité. Comme le disait R.H. Tawney dans The inquisitive Society (1920) : »Le but de l’industrie est évident. Il est de fournir à l’homme des choses qui sont nécessaires, utiles ou belles, et ainsi d’apporter la vie au corps ou à l’esprit. Malheureusement, l’histoire minière de la RDC a souvent été à l’inverse. Depuis la Conférence de Berlin de 1885, l’exploitation minière dans notre pays a été source d’« Afro-apocalypses » : pauvreté, conflits violents et guerres, pollution de l’eau, des sols et de l’air, insécurité alimentaire, maladies, dépossession des terres, maladies professionnelles telles que la silicose ou la tuberculose, travail à bas coût et conditions de travail dangereuses », a déclaré en substance Dr Claude Kabemba.

A l’en croire, l’exploitation minière en RDC a permis à d’autres sociétés de prospérer aux dépens du peuple congolais et de son environnement. « Elle a infligé une immense souffrance, en particulier aux femmes, et a dégradé la relation entre les communautés et les mines. Aujourd’hui, nous avons la responsabilité de changer ce récit. La vraie valeur d’une mine ne réside pas dans ses valeurs chimiques et physique ou dans les quantités produites, mais dans sa redevabilité envers les populations, la planète et la postérité », a-t-il soutenu.

Et d’ajouter : « Les grandes puissances s’affrontent pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement des minéraux critiques. Mais dans nos provinces, les impacts socio-économiques se font sentir dans la chair des communautés : pollution, inégalités, pauvreté persistante, manque de transparence, manque d’eau potable et manque d’accès aux soins primaires adéquats et manque d’accès aux études de qualités pour les enfants. Notre responsabilité est double : Redéfinir la gouvernance minière pour qu’elle serve d’abord le peuple congolais. Faire entendre la voix des communautés minières qui vivent au quotidien les réalités de l’exploitation.Nous devons refuser que la RDC soit une simple plateforme d’extraction au service d’économies étrangères. Nos minéraux stratégiques doivent devenir un levier d’industrialisation, d’emplois, d’innovation et de transformation locale. C’est à ce prix que la richesse de notre sous-sol deviendra la richesse de notre nation ».

Les discussions de ces trois jours d’échange vont mettre aussi l’accent sur les politiques publiques, la valeur ajoutée, la redistribution des revenus, la transparence des accords internationaux, ou encore sur le Corridor de Lobito.

Pour une prospérité partagée

Pour Dr. Claude Kabemba, les participants doivent répondre à une question essentielle : Comment garantir que chaque gramme de cuivre ou de cobalt extrait en RDC contribue à une prospérité partagée, respectueuse de l’environnement et de la dignité humaine.

Il sied de souligner que l’Alternative Mining Indaba est née pour porter la voix des sans-voix. Elle est un espace de dialogue, d’écoute et de proposition. Ici, les communautés et la societe civile parlent, les décideurs écoutent, et ensemble, ils construisent un avenir minier plus juste, plus durable et plus souverain.

« Alors que nous ouvrons cette 9ème édition, rappelons-nous : la vraie valeur d’une mine se mesure à son humanité, à sa capacité à servir les personnes, la planète et la prospérité, tout en répondant aux enjeux géopolitiques mondiaux et aux impacts socio-économiques locaux — exactement comme le souligne le thème de cette édition.Je vous souhaite des échanges fructueux, courageux et porteurs de changement », a dit le Directeur exécutif de l’observatoire des Resource Naturelles de l’Afrique Australe.

Avant de conclure son allocution, Dr, Claude Kabemba a remercié les partenaires techniques et financiers qui ont contribué à la tenue de ces assises. « Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à nos partenaires — Norwegian Church Aid, Centre Carter, Afrewatch, NRGI, Sentinelle des Resource Naturelles, Resources Matters, ITIE, Litrase et la GIZ — pour leur appui constant, leur engagement et leur contribution déterminante à la réussite de cette édition ».

Faire du secteur un catalyseur de développement 

Il est grand temps de faire du secteur minier de la RDC le catalyseur de développement, a renchérit Frank Fwamba, le Représentant du ministre des Mines empêché, avant d’évoquer l’engagement du gouvernement Congolais.

Pour le représentant de la coopération technique allemande Giz, le thème de l’année illustre une forte conviction partagée : mettre la communauté au centre du développement. Pour y arriver, il faut des échanges transparents entre les parties prenantes afin de garantir un partage équitable, faire des mines un levier stratégique de paix et de développement durable en RDC.

L’alternative mining INDABA RDC qu’organise SARW chaque année permet d’Engager un débat public autour des questions liées à la bonne gouvernance des ressources minières notamment les minerais stratégiques de la RDC . A l’heure de la décarbonisation dans le monde, les minerais de la RDC doivent impérativement contribuer au développement socio-économique des communautés locales et de l’ensemble du peuple Congolais.

Au regard de l’intérêt du sujet, les députés nationaux, quelques membres des services spécialisés du ministère des Mines, députés provinciaux, la consule belge basée à Lubumbashi et autres partenaires, ont fait le déplacement de Lubumbashi, la ville cuprifere, pour prendre part à cette 9ème Édition de Alternative Mining Indaba de la RDC.

Amédée Mwarabu

By amedee

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