Il s’agit du premier vrai scandale financier du Gouvernement Suminwa depuis son investiture en juin 2024. Ce scandale financier est tellement cinglant qu’il eclabousse tout le gouvernement tout en offrant un très bon prétexte au Président de la République, Félix Tshisekedi, d’user enfin de son courage politique pour donner à la nation congolaise un Exécutif qui soit à la hauteur des enjeux de l’heure.
Dans ce feuilleton de construction d’une maison d’arrêt à Kisangani, la Première Ministre Judith Suminwa, sentant véritablement l’odeur de détournement dans ce projet, avait instruit le ministre de la Justice Constant Mutamba, de sursoire le processus d’attribution de ce marché, du reste de gré à gré.
La grande question c’est comment un gouvernement, en pleine crise sécuritaire, peut prioriser de dépenser près de 40 millions USD juste pour la construction d’une prison dans une ville qui a bien des besoins prioritaires au premier rang desquels l’augmenration de l’offre de l’électricité?
Ce scandale financier éclabousse plus d’un ministre dont celui du Budget, son collègue des Finances, lui même le ministre de la Justice non sans oublier la Primature qui coordonne l’action gouvernementale. Puisque comment Est-il possible qu’un membre du gouvernement dans la chaîne de la dépense un projet sans avoir le quitus de la cheffe du Gouvernement.
Alors que le ministre des Finances essaie de se dédouaner qu’il n’a jamais décaissé de fonds pour ce projet tout en s’accusant de ne pas contrôler tous les comptes spéciaux de l’État. Ceci dénote d’une mauvaise gouvernance financière dans un pays traumatisé par des dizaines de cas de détournement des dénier publics.
En somme, ce scandale financier est révélateur que la RDC n’a pas un Gouvernement à la hauteur des enjeux. Après l’occupation de Goma et de Bukavu, l’exécutif national devrait être focus sur comment refonder la gouvernance du pays pour partir sur de bonnes bases, avec une armée efficace et dissuasive, une économie dynamique et une diplomatie réorientée tirant les leçons de l’agression rwandaise et des positions de tous nos partenaires.
En effet c’est depuis le discours le discours du 29 janvier 2025 du président de la République que la RDC devrait prendre un autre virage : celui de la refondation de l’État congolais dans ses trois piliers essentiels à savoir l’armée, l’Administration et la Justice. Mais, rien n’a été fait jusque-là pour donner sens au discours du chef de l’Etat au lendemain de l’occupation de la ville de Goma par l’armée rwandaise avec ses supplétifs du M23.
Tout ce que le Gouvernement Suminwa a fait c’est le doublement de salaire des militaires et policiers. Et pourtant, le salaire des FARDC n’est pas le problème le plus fondamental de cette armée qui a prioritairement besoin d’une bonne organisation du point de vue structurel. C’est à dire une armée organisée, équipée des moyens modernes et efficaces afin de défendre l’intégrité territoriale de la RDC. Les FARDC ont ensuite besoin d’une discipline qui doit caractériser toute armée mais aussi de la motivation. De tout ceci, le Gouvernement en place botte en touche et pense que le doublement de salaire était suffisant pour doter la RDC des forces de sécurité des moyens à la hauteur des menaces des prédateurs.
Amédée Mwarabu