Le gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), André Wameso, a pris part, le 26 septembre à Bruxelles, à la 15ème édition de « Europe Africa Investment Forum » organisée par Credassur. Au cours de ces assises, il a dressé un état des lieux de l’économie congolaise et mis en avant la République Démocratique du Congo comme acteur clé de l’innovation technologique et du développement durable sur le continent africain.
Décortiquant sa thématique intitulée « RDC : Des matières premières à au leadership mondial », André Wameso a rappelé la RDC, forte de plus de 100 millions d’habitants dont 70 % ont moins de 25 ans, représente une puissance démographique stratégique. Avec un âge médian de 18 ans, le pays bénéficie d’un vivier humain sans égal pour soutenir sa transformation économique, a martelé le patron de la BCC.
Après plusieurs décennies marquées par l’instabilité politique et le déclin économique, la RDC s’est engagée, depuis 2003, dans un processus de reconstruction, de démocratisation et de réformes structurelles. Cet engagement porte aujourd’hui ses fruits, a-t-il soutenu. Selon les projections du Fonds Monétaire International (FMI), la RDC affiche une croissance robuste du PIB estimée à 6,3 % en 2025, soit bien au-dessus de la moyenne régionale de l’Afrique subsaharienne.
Pour autant, face à une démographie galopante, cette croissance reste insuffisante, nécessitant la poursuite du processus de diversification de l’économie. Le gouverneur a insisté sur les réformes engagées pour améliorer la collecte des recettes menant, notamment à la hausse spectaculaire des recettes de l’État, passées d’une moyenne de 4,2 milliards de dollars entre 2018 et 2020 à prés de 9,4 milliards en 2024.
Ce bond significatif au niveau des recettes de l’Etat a été orienté principalement vers le secteur éducatif à travers la politique volontariste de gratuité de l’enseignement primaire. Cette dernière politique a comporté l’avantage de briser le cycle d’inégalités, particulièrement en faveur des jeunes filles. En effet, 63% des femmes en RDC ont une activité économique et 62% sont dans la vie active. Grâce aux investissements dans l’éducation, ces chiffres devraient continuer à croître.
« Remettre la jeune fille à l’école, c’est transformer le pays et préparer les moteurs de la digitalisation économique et de l’inclusion financière », a affirmé André Wameso devant l’assistance.
Au cœur de cette transformation, la stratégie numérique. En 2021, la RDC s’est dotée d’un Code numérique intégrant la protection des données, l’inclusion financière digitale, le renforcement de la cyber sécurité et la réglementation des transactions électroniques. La BCC entend jouer un rôle central en accélérant la transformation numérique, la circulation monétaire et en facilitant les paiements digitaux jusque dans les coins les plus reculés. Grâce à l’utilisation du Smartphone, de l’IA et à la collecte de données, dans 5 à 10 ans, il sera désormais possible pour les banques d’évaluer la solvabilité d’un petit commerçant et de lui accorder un crédit quasi instantanément.
De l’avis d’André Wameso, la digitalisation n’est pas une question de souveraineté pour la RDC, mais de survie : elle permettra de renforcer la confiance, d’améliorer la traçabilité, de formaliser l’économie informelle et d’élargir l’assiette fiscale. « La RDC, grâce à la digitalisation, ne veut plus être considérée uniquement comme un réservoir de matières premières mondiales, mais comme un acteur majeur de la transformation digitale en Afrique grâce à l’éducation, notamment celle des femmes», a-t-il conclu.
D’autres personnalités Congolaises et africaines notamment ont eu aussi a exposé au cours de ce Forum. Le ministre du Plan et de la Coordination de l’Aide au développement de la RDC, Guylain Nyembo, a planché sur « Les opportunités d’investissement en RDC ». Dr. Alain Ndikumana, Ministre des Finances du Burundi, a exposé sur « La digitalisation des services publiques ».
Plus de 250 personnes étaient attendues à ces assises dont des décideurs, des diplomates, des ambassadeurs, des acteurs du secteur bancaire (TMB, Equity, Visa) et financier ainsi que des membres de gouvernement (Asie, Europe, Afrique et États-Unis).
Depuis sa création, Credassur, plateforme de promotion de la diplomatie économique et culturelle africaine, a organisé avec succès plus de 20 forums économiques internationaux, attirant chaque année des centaines de participants, dont des ambassadeurs, des ministres, des leaders économiques et des investisseurs de renom. Les forums précédents ont permis de générer plus de 100 millions d’euros d’engagements d’investissement dans divers secteurs stratégiques, notamment les infrastructures, la finance et la technologie.
Europe Africa Investment Forum poursuit entre autres objectifs : Combler les fractures mondiales ; Renforcer la coopération mondiale ; Stimuler les interactions économiques ; Diplomatie culturelle et économique ; Visibilité de l’entreprise.
Amédée Mwarabu