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L’exploitation de l’or en Ituri continue d’échapper au contrôle de l’État, renseigne le Groupe d’experts des Nations Unies sur la République démocratique du Congo dans leur rapport publié le jeudi 9 janvier 2025. Cette exploitation illégale de l’or rapporte « au moins 140 millions de dollars par an aux groupes armés et aux réseaux criminels », selon ce rapport de l’ONU.

« Les statistiques révèlent un écart important entre les estimations de la production d’or artisanale à petite échelle et les chiffres réels enregistrés. D’après un rapport officiel, la production d’or artisanale à petite échelle en Ituri serait de 1 800 kilogrammes par an. Toutefois, au premier semestre 2024, le Service d’assistance et d’encadrement minier artisanal et à petite échelle (SAEMAPE) et la Coopérative des négociants d’or de l’Ituri (COONORI) ont enregistré 17 kilogrammes de production d’or et 24 kilogrammes d’achat d’or, respectivement. Les autorités minières ont attribué cet écart à l’accès limité aux sites contrôlés par les groupes armés », peut-on lire dans ce document.

Bien que les coopératives minières payent la Police nationale congolaise et les FARDC pour leur protection, la plupart des sites miniers sont restés sous le contrôle de groupes armés, selon ce rapport, citant les groupes tels que la CODECO-URDPC et le groupe Zaïre/ADC dans le territoire de Djugu, et la FRPI, le Front patriotique et intégrationniste du Congo et le MAPI dans le territoire d’Irumu, la CODECO-URDPC étant également active dans le territoire de Mahagi.

En conséquence, les propriétaires des principales coopératives minières de l’Ituri, tous actionnaires de la COONORI, ont payé les chefs des groupes armés contrôlant les sites miniers, notamment Baraka du groupe Zaïre/ADCVI et « 50 cent », le chef de groupe armé de la CODECO, afin de protéger leurs biens et leurs activités.  Selon les experts de l’ONU, ces paiements à des groupes armés sont passibles de sanctions.

Les activités illégales de Baraka, notamment l’extraction d’or, les impôts et les frais aux points de contrôle, ont généré des revenus d’environ 1,6 million de dollars par mois, rien qu’avec la production d’or, indique le même rapport. Les recettes provenant des taxes illégales imposées aux entreprises locales et des frais aux points de contrôle ont rapporté environ 70 000 dollars de plus.

« Ces sommes, blanchies au travers d’investissements immobiliers et commerciaux à Mabanga, Iga-Barrière et Bunia, ont permis à Baraka de renforcer son influence en tant qu’acteur économique dans la région et chef de groupe armé », rapportent les experts de l’ONU.

Les actes de Baraka relèvent de l’exploitation illicite de ressources naturelles, qui est une infraction passible de sanction sous le paragraphe 7 g de la résolution 2293 (2016) du Conseil de sécurité.

Amédée Mwarabu

By amedee

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