Aux grands maux, les grands remèdes. La RDC a suffisamment compté des morts, des femmes violées, des blessés, des déplacés internes, des pillages de ses ressources et tant d’autres maux que l’insécurité et les conflits armés ont causés sur son sol. Il est plus que temps, une fois pour toutes, que le président de la République change de paradigme dans la gouvernance du pays et mise sur l’impérieuse nécessité de se doter d’une armée puissante, dissuasive et capable de défendre les Congolais et leurs biens ainsi que les richesses du Congo. Le chef de l’État n’a pas d’autre choix, en tout cas s’il veut rentrer dans l’histoire de ce pays, que de prendre des mesures choc pour atteindre un tel objectif. Ce qui impose au garant du bon fonctionnement des institutions de réduire sensiblement, au minimum à la moitié, le train de vie des institutions de la République et de consacrer l’essentiel des deniers de l’État à organiser l’armée et à reconstruire le pays. Dans cet ordre, il faut un gouvernement de crise qui n’aurait qu’une vingtaine de ministères avec pour mission : reconquérir la souveraineté de l’État sur l’ensemble du territoire national et intensifier la reconstruction du pays par de grands travaux d’infrastructures.

Alors que la belle ville de Goma fait l’objet des combats urbains entre les FARDC soutenus par les patriotes Wazalendo contre les troupes rwandaises, le chef de l’État, Félix Tshisekedi, devrait prendre la mesure de la situation, quelle que soit l’issue des combats, pour faire face à cette énième crise sécuritaire et humanitaire qui secoue la République démocratique du Congo. L’heure doit être à la prise de grandes décisions pour changer durablement le destin du géant Congo niché au cœur du continent africain.

La RDC est en guerre imposée par le Rwanda. Et Kinshasa devrait tirer, cette fois-ci, toutes les conséquences qui s’imposent à pareille situation. Jusque-là dans la capitale congolaise, on multiplie des réunions de crise, on lance des appels à la mobilisation par des chefs des partis politiques, on organise des marches de soutien aux vaillants FARDC et un message à la nation du président de la République est attendu dans les prochaines heures. Non, la situation est si grave qu’il y a urgence d’agir vite et conséquemment.

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Les missions du gouvernement de crise

Une des conséquences majeures de cette agression du Rwanda est que Félix Tshisekedi doit constituer un « gouvernement de crise » qui aura comme mission de gérer les conséquences dramatiques de cette guerre imposée par le Rwanda et d’assurer la survie et la résilience de l’État congolais. C’est ce gouvernement de crise qui doit prendre des décisions exceptionnelles qui s’imposent face aux urgences afin de protéger les Congolais de Goma en particulier et du Nord-Kivu en général face aux velléités expansionnistes du voisin rwandais. Il s’agit avant tout de préserver l’intégrité du territoire national face à l’agression rwandaise. Mieux, il est temps que la RDC, par le gouvernement de crise attendu, prenne la menace rwandaise à bras-le-corps et y réserve une réponse durable une fois pour toutes afin de décourager tout autre voisin de rééditer pareille aventure.

Pour cela, il s’agirait pour le président de la République et garant du bon fonctionnement des institutions de prendre donc cette décision choc de constituer un gouvernement de crise qui n’aurait que 20 ministères. Parce que l’objectif poursuivi est de redéfinir les missions de l’Exécutif national par rapport à cette donne de la guerre et surtout de régler, une fois pour toutes, ces humiliations répétitives non seulement du Rwanda, mais aussi de ceux de nos voisins qui ne nous respectent pas.

L’heure n’est plus au partage du gâteau selon les visées politiciennes. Il s’agit désormais de privilégier la survie de la RDC en tant qu’État dans le concert des nations.

Les missions de ce gouvernement de crise en cette période de guerre devront aller de la gestion de l’effort militaire à la protection des civils, en passant par la gestion de l’économie de guerre, des relations internationales et la gestion de la communication. En outre, il doit préparer la reconstruction. L’objectif central étant de garantir la survie de l’État, d’assurer la sécurité de la population et de protéger l’intégrité du pays pendant ces moments troubles de conflit armé.

Plus concrètement, ce gouvernement de crise devra être comptable des objectifs spécifiques ci-après : 1. Assurer la sécurité et la défense nationale par la mobilisation des forces armées et la sécurisation des infrastructures critiques comme les centrales électriques, les hôpitaux, les routes et les ports contre les attaques ennemies ; 2. Maintenir l’ordre public et la stabilité interne par la répression des menaces internes, l’application de mesures d’urgence ; 3. Gestion de l’économie de guerre par la mobilisation des ressources économiques et rediriger les ressources économiques vers l’effort de guerre ; 4. Protection et bien-être de la population civile, en assurant la prise en charge humanitaire, en garantissant la sécurité alimentaire des populations dans les zones de conflits pour s’assurer qu’elles puissent se nourrir malgré les conditions difficiles ; 5. Gestion des relations internationales pour renforcer les alliances internationales et solliciter des alliances stratégiques avec d’autres pays ou organisations internationales pour obtenir du soutien militaire, économique ou humanitaire ; 6. Communication et gestion de l’information. Le contrôle de l’information est essentiel pour maintenir le moral de la population, éviter la panique et contrer la propagande ennemie ; 7. Préparer la reconstruction post-guerre ; 8. Renforcer l’unité nationale en promouvant un sentiment d’unité nationale face à l’ennemi rwandais et en surmontant les divisions politiques internes.

Réduction du train de vie des institutions

Nicolas Machiavel avait dit : « Ayez toujours une bonne armée si vous voulez vous faire respecter ». Pour bâtir une bonne armée, le gouvernement devra impérativement réduire le train de vie des institutions de la République et des ministères. Il est plus que temps de concrétiser ce projet qui souffre de l’exécution depuis plus de dix ans. Aucun gouvernement national jusqu’ici n’a pu appliquer la réduction du train de vie de l’appareil de l’État et de consacrer le maximum des fonds publics pour les dépenses de développement, encore moins pour l’impérieuse nécessité de créer une armée forte et puissante. Ce qui fait que la RDC enregistre des revers sur le terrain militaire jusque-là et accuse un déficit abyssal en termes d’infrastructures de base, en l’occurrence les routes, les centrales hydroélectriques, les chemins de fer ou encore les moyens de transport urbain.

 En effet, le train de vie des institutions de la République reste budgétivore en RDC. La présidence de la République, la Primature et les deux Chambres du Parlement ont besoin au total de 697,8 millions USD comme budget pour cet exercice 2025. Les crédits budgétaires de ces institutions de la République sont en accroissement par rapport aux prévisions de la Loi rectificative 2024. En 2020, soit il y a cinq ans à peine, le budget global exécuté de ce quatuor (présidence de la République, Primature, Sénat et Assemblée nationale) était de 362,5 millions USD.

En cinq ans sous Félix Tshisekedi, le budget de la plus haute institution de la République, la présidence, est passé de 164,8 millions USD à 297,8 USD ; celui de la Primature est passé de 38,5 millions USD à 67,2 millions USD en 2025 ; celui de l’Assemblée nationale de 114,1 millions USD à 241 millions USD ; et celui du Sénat de 48 millions USD à 91,8 millions USD. Donc, depuis 2020, le budget de ces quatre institutions a augmenté de plus de 335 millions USD. Pourtant, rien ne le justifie.

 Tout aussi, en ce qui concerne le fonctionnement des ministères du gouvernement, sur base des données du ministère du Budget, les crédits budgétaires alloués au fonctionnement des ministères du gouvernement sont passés de 333 millions USD en 2020 à 789 millions USD prévus en 2025, soit une augmentation de 456 millions USD. Pourtant, en 2020, le gouvernement de Sylvestre Ilunga comptait 65 membres contre 54 actuellement dans l’équipe Suminwa. Ici aussi, si on revient au niveau des crédits budgétaires de 2020, on ferait un gain de 456 millions USD chaque année.

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Autant dire que si l’on revient au niveau des crédits budgétaires de l’exercice 2020 aussi bien pour les quatre institutions de la République que pour le fonctionnement des ministères, le compte du trésor peut faire un gain total de 791 millions USD dès cette année à affecter notamment à la constitution et à l’équipement des FARDC et de la police nationale congolaise. Et si l’on constitue ce gouvernement de crise avec seulement une vingtaine des ministères, c’est probablement 1 milliard de dollars américains qu’on peut dégager cette année pour renforcer la défense nationale.

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Laver l’affront

 Depuis presque trois décennies, la République démocratique du Congo a enregistré plus de 10 millions de morts à cause de la guerre de l’Est, non sans compter des milliers des femmes violées et des enfants restés orphelins du fait de cette crise sécuritaire entretenue par nos voisins de l’Est dont le Rwanda. Il est temps que la RDC arrête  de faire cette comptabilité macabre et prenne son destin en mains.

 Pour ce faire, il n’y a pas 36 solutions pour protéger les Congolais et leurs biens et assurer l’intégrité du territoire national. Il faut juste organiser notre armée et la doter de tous les outils modernes nécessaires pour assurer sa puissance. Ce qui demande évidemment d’orienter des fonds publics à ce noble projet. Ceci, en réalité, demande effectivement un changement de paradigme de la part des dirigeants congolais. « Qui veut la paix, prépare la guerre ».

 Et pour cela, la RDC, contrairement à tous ses neuf voisins, dispose d’un atout majeur à savoir son poids démographique pour bâtir une armée à la taille des enjeux, à même de décourager toute velléité expansionniste. Dotée d’immenses ressources du sol et du sous-sol, la RDC, pour vivre en paix, doit impérativement disposer d’une bonne armée afin de dissuader les voisins belliqueux comme le Rwanda. C’est seulement après une telle solution que le pays pourrait se développer tranquillement sans que quiconque s’avise à venir piller ses minerais.

 Le changement de paradigme consisterait à bâtir le développement de la RDC autour de l’armée nationale, les FARDC. Désormais, il faut faire en sorte que l’armée devienne l’institution qui fait rêver tous les jeunes grâce à son organisation et aux meilleures conditions de vie qu’elle offre. Dans cette perspective, le gouvernement de crise devrait construire les meilleures bases militaires et les meilleurs centres de formation militaire pour les forces de sécurité. Et les soldats congolais devraient vivre dans les meilleurs camps possibles, dotés des meilleures écoles et hôpitaux. Il faudra logiquement améliorer comme il se doit le salaire des militaires. Bref, il faut organiser l’armée de manière à ce qu’elle soit l’institution la plus attrayante possible pour ceux qui aspirent à servir le pays sous le drapeau. Tout ceci est possible si et seulement si l’administration Fatshi prend, enfin, la mesure de la gravité des enjeux auxquels la RDC fait face dans la région des Grands lacs.

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Redéfinir les alliances et les partenariats

Alors que la terre entière sait pertinemment bien que le Rwanda pille les minerais de la RDC et que ses militaires sont sur le territoire congolais, la communauté internationale feint de l’ignorer et personne n’ose sanctionner Kigali conformément à la charte des Notions unies qui interdit l’agression d’un État membre souverain.  Pire, le Rwanda exporte allégrement les minerais volés en RDC et les vend sur le marché international en violation des lois, notamment celles sur les minerais de sang.

Ni les Nations unies, ni l’Union africaine, encore moins les organisations sous-régionales comme la SADC ou l’EAC, personne jusqu’ici n’a entendu les plaintes de Kinshasa afin de sanctionner Kigali et ses dirigeants, conformément aux statuts de ces organisations.

Dès lors, il revient aux dirigeants congolais de tirer toutes les conséquences de cette hypocrisie de la communauté internationale et de redéfinir ses alliances et ses partenariats internationaux en fonction de ses intérêts et des organisations qui peuvent l’aider à se protéger. Plus concrètement, Kinshasa devra défaire certaines alliances et reconsidérer son adhésion à certaines organisations comme l’EAC par exemple.

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Durant son premier quinquennat, Félix Tshisekedi a sillonné toutes les principales capitales du monde à la recherche de la paix en RDC. Le résultat des courses est que personne n’est venu à la rescousse des Congolais. Pendant ce temps, le Rwanda ne faisait qu’étendre les territoires conquis sur le sol congolais. C’est le moment de tirer les leçons. Seule une bonne armée peut nous faire respecter et dissuader les Etats voyous à venir piller nos richesses. Il ne sert plus à rien de sillonner le monde pour chercher la paix. En RDC, nous devons gagner la paix par la guerre et imposer le respect durablement. C’est la seule voie qui vaille la peine. Sur la guerre de l’Est, Mzee Laurent Désiré Kabila avait dit : « Nous devons nous battre, sinon nous deviendrons des esclaves des Tutsi et de Kagame ».

Amédée Mwarabu

By amedee

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