La première victime de l’escalade militaire dans la partie Est de la République démocratique du Congo, après l’occupation successive des villes de Goma et de Bukavu par les forces rwandaises, est bel et bien le climat des affaires du pays qui se trouve sérieusement écorché. Combien d’années faudra-t-il encore à la RDC pour convaincre les potentiels investisseurs tant nationaux qu’étrangers à investir dans le pays ?

La rapidité et la facilité avec lesquelles les forces rwandaises et leurs supplétifs des terroristes M23/AFC progressent ces dernières semaines dans la partie Est plombent légitimement le moral des opérateurs économiques de la République démocratique du Congo. En moins de trois semaines, les deux chefs-lieux des provinces du Nord et du Sud Kivu, en l’occurrence Goma et Bukavu, sont assiégées par des forces d’occupation, avec tout ce que cela implique en termes d’insécurité tant physiques que des activités économiques.

A Goma où il y a eu un carnage humanitaire causé par les forces rwandaises, à la dernière semaine de janvier 2025, les activités de plusieurs opérateurs économiques ont fait l’objet de pillages non sans compter les dégâts collatéraux causés par les affrontements militaires directs dans la ville. Deux semaines après, les activités reprennent peu à peu dans la ville volcanique, mais rien n’est plus comme avant. Par exemple, les distributeurs des banques à Goma ne sont plus approvisionnés simplement parce que ces institutions financières sont coupées de leur siège social implanté, pour la plupart, dans la capitale Kinshasa sous les forces loyalistes.  Sans les banques, l’économie de Goma ne peut pas tourner normalement.

Du coté de Bukavu, avant même que les forces d’occupation n’entrent dans la ville entre les 15 et 16 février, les activités économiques étaient déjà au ralenti. La psychose, après l’occupation de Goma, a poussé plusieurs opérateurs soit à fermer momentanément leurs magasins, soit à délocaliser leurs marchandises craignant les éventuels pillages, soit à suspendre les nouvelles commandes. Certes, plus de peur que de mal à Bukavu, mais après l’entrée des forces rwandaises, l’économie de la ville subit un arrêt momentané, le temps que la sécurité tant des personnes que de leurs biens soit de mise.

Cependant, l’écho de ces bruits de bottes résonne dans tout le reste de la République démocratique du Congo. A Kinshasa, qui est à plus de 2000 Km de Goma et de Bukavu, depuis les dernières manifestations populaires de colère, justement en rapport avec l’occupation de Goma fin janvier 2025, les supers marchés ne fonctionnent plus jusque tard dans la soirée. Les horaires ont été écourtés. Preuve que les opérateurs économiques estiment que la situation n’est pas propice à une activité économique normale par ce temps qui court.

Déjà, avant même cette escalade militaire récente dans les provinces de l’Est de la RDC, la RDC n’était pas bien cotée en termes de climat des affaires parce que la sécurité judiciaire et juridique a toujours été indexée dans le pays. En effet, le système judiciaire congolais est plombé par la corruption. Ce qui dissuade beaucoup d’investisseurs tant nationaux qu’étrangers à faire affaires dans le pays, sans des garanties préalables.

Pour autant, la stabilité politique et des institutions de la République reste la clé à un meilleur climat des affaires. Hélas ! Il se trouve que la crise politique actuelle, corrélée à la crise militaire en cours, ne contribuent aucunement à rassurer le monde des affaires, mais surtout portent un coup de massue au climat des affaires.

Il est clair que pour que la RDC redevienne attractive, il faudra impérativement mettre fin à cette guerre et assurer la stabilité politique des institutions. Il en va du développement économique du pays et de l’amélioration de son positionnement à l’échelle mondiale en termes de climat des affaires.

Amédée Mwarabu

By amedee

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