Julien Paluku et Patrick Muyaya lors du briefingJulien Paluku et Patrick Muyaya lors du briefing

Au cours d’un briefing spécial coanimé le lundi 30 décembre 2024 avec le ministre de la Communication et Médiats Patrick Muyaya, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a récusé la décision du Parlement européen de ne pas certifier le cacao et le café congolais, excluant par ricochet ces deux produits du marché européen.

Devant la presse, le Gouvernement congolais, par le bien du Ministre du Commerce Extérieur, a indiqué que la décision de l’Union Européenne ne se justifie pas, car le café et le cacao congolais ne sont pas produits dans les zones victimes de la déforestation, plutôt dans les zones de ses terres arabes. Dès lors, la RDC ne doit pas être sanctionnée en décembre 2025 par le motif de la déforestation, a insisté Julien Paluku Kahongya.

Précisions toute suite qu’initialement prévue au 30 décembre 2024 pour que les produits non ainsi certifiés n’entrent plus sur le marché de l’Union à partir du 1er janvier 2025, la Commission Européenne avait estimé nécessaire de reporter cette entrée en vigueur d’un an, soit au 31 décembre 2025, afin de permettre à ses Etats membres, aux pays partenaires exportateurs (dont la RDC), aux opérateurs , entreprises et commerçants d’être mieux préparés et de mettre en place ce qu’on appelle ‘’des systèmes de diligence raisonnée », c’est-à-dire des mécanismes de surveillance et de rapportage sur leurs processus de production, de transformation et de commercialisation pour prouver que leurs produits répondent aux normes exigées par l’Union Européenne quant à la politique ‘’ zéro déforestation’’.

Considérant cette décision comme une forme de guerre économique que l’on veut imposer à la RDC, Julien Paluku a indiqué que le Gouvernement congolais ne tardera pas d’appliquer la réciprocité en diplomatie commerciale et économique au cas où l’Union Européenne mettrait en application sa décision en menaçant ainsi ses intérêts.

A cette occasion, ce membre du Gouvernement a rassuré les opérateurs économiques et cultivateurs congolais de ne pas paniquer d’abord parce que la mesure n’entre pas en vigueur le 1er janvier 2025 comme le pensait la FEC mais plutôt le  30 décembre 2025. D’ici là, le Gouvernement congolais va prendre langue avec la Commission européenne pour démontrer que le cacao et le café congolais ne sont pas issus des terres om se pratique la déforestation.

De l’avis de Julien Paluku, le café, le caco, et d’autres cultures sont des plantes et des arbustes qui se cultivent en RDC de manière naturelle sans produits chimiques et en combinaison avec d’autres végétaux, et participent au maintien du couvert végétal et à la régulation positive du climat. « Ce ne sont pas des fers à béton ou des résidus du pétrole, ce sont des végétaux ! L’Union Européenne devrait nous aider à éviter un faux débat en voulant incriminer nos produits agricoles du mal de déforestation », a-t-il lâché.

Pour autant, la RDC, a insisté le ministre Julien Paluku, est engagée à  développer son  agriculture pour le bien des familles congolaises, des petits producteurs agricoles, de cette  jeunesse qui s’intéresse progressivement à évoluer dans des emplois agricoles. « Nous souhaitons consolider notre partenariat avec l’Union Européenne à travers divers mécanismes, parmi lesquels le Programme Global Gateway dont l’un des piliers est le renforcement des systèmes agricoles et alimentaires durables », a-t-il dit.

« Nos agriculteurs de café, de cacao, de soja, de palmier à huile et d’autres sont prêts à être accompagnés techniquement par divers programmes de l’Union Européenne, en collaboration avec le Gouvernement, dans le renforcement de la pratique des techniques agro-écologiques non seulement pour l’intérêt de la conformité aux exigences des marchés extérieurs, mais aussi pour l’intérêt de la durabilité de leur production et de la qualité de leurs produits sur le bien-être et la santé des consommateurs aussi bien à l’extérieur que dans notre propre pays », a renchéri Julien Paluku.

En voulant sanctionner le café et le cacao Congolais, l’Union Européenne tomberait dans le piège malicieux de certains pays voisins qui insécurisent la RDC, estime Julien Paluku. Pour lui, « il est temps d’éviter ce piège pour une coopération gagnant-gagnant avec nous, la RDC, et notre secteur agricole que nous tenons à revigorer pour des exportations de qualité, équitables et écologiques ».

En somme, face à cette situation, le Gouvernement, par le truchement du ministre du Commerce extérieur,  s’engage à prendre des mesures et dispositions suivantes :

  1. Organiser une tripartite Gouvernement- UE-MONUSCO pour clarifier les dispositions du Règlement ‘’ Zéro déforestation’’. Sont concernés : le Ministère de l’Environnement, le Ministère de l’Agriculture, le Ministère des Affaires Etrangères, le Ministère du Commerce Extérieur, l’Ambassadeur de l’Union Européenne et le Responsable de la MONUSCO.
  2. Définir, distinguer et délimiter les zones agricoles, forestières (de conservation) et urbanistiques.
  3. Renforcer l’Agence Nationale de Promotion des Exportations (ANAPEX) et l’Office national des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC) à mettre en place un dispositif national de certification en collaboration avec l’Office Congolais de Contrôle. Cela éviterait de recourir aux auditeurs extérieurs qui évoquent souvent l’insécurité comme frein à l’exécution de leur mission.
  4. Renforcer l’initiative ‘’ Couloir vert Kivu-Kinshasa’’, le Nord-Kivu et l’Ituri étant dans ce couloir.
  5. Organiser un guichet unique pour la certification de tous les produits agricoles à exporter.
  6. Dialoguer avec les certificateurs actuels FLOCERT et AFRICERT pour lever les obstacles liés à la certification
  7. Accélérer la mise en place de Kinshasa Mercantile Exchange (K.M.E) tel que voulu par le Président de la République lors de la 24ème réunion du Conseil des Ministres, tenue à Kalemie le 09 novembre 2024. Le K.M.E a été placé sous la coordination du Ministre d’Etat en charge de l’Aménagement du Territoire. Ses principales missions incluent la traçabilité et la transparence, la certification et la conformité, la valorisation économique, et la réduction des risques pour les acheteurs internationaux.
  8. Intensifier les Zones Economiques Spéciales à travers le pays pour la transformation locale de nos ressources. Le cas de la ZES de MUSIENENE au Nord-Kivu est une des réponses à saisir par les opérateurs économiques de l’Est pour transformer le cacao et le café. Les Zones Economiques Spéciales de MILUNA, au Sud-Ubangi et KIN MALEBO, à Kinshasa sont également des opportunités à saisir pour la transformation locale.
  9. Diversifier les marchés en saisissant les opportunités offertes par l’AGOA pour les USA, et l’Asie qui regorge près de la moitié des consommateurs sur la planète.
  10. Renforcer la meilleure collaboration avec l’Union Européenne qui est un partenaire privilégié pour la RDC afin de mettre en place des systèmes de diligence raisonnée, c’est-à-dire des mécanismes de surveillance et de rapportage sur les processus de production, de transformation et de commercialisation des produits.

 Amédée Mwarabu

 

 

 

By amedee

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