Voici un exemple patent de dilapidation des deniers publics par le gouvernement de la République à travers sa politique de subventionner les prix du carburant en RDC. Le chiffre de 340 millions USD par an, c’est la moyenne de ce que le gouvernement a dépensé annuellement durant ces quatre dernières années pour compenser les pertes et manques à gagner des sociétés pétrolières. Le hic, c’est que cette politique n’a véritablement aucune incidence sur la préservation du pouvoir d’achat des Congolais, étant donné que même quand on baisse le prix à la pompe, ceux des biens et services ne bougent pas sur le marché. Et donc, ça a été un gâchis cette politique de subventionner le prix du carburant sans incidence réelle sur le pouvoir d’achat de la population. Les 1,363 milliard USD dépensés en quatre ans auraient pu être bénéfiquement investis, notamment dans la mise en place d’un réseau de transport urbain viable, fiable et à prix social, afin d’impacter positivement le pouvoir d’achat des Congolais dans toutes les grandes villes de la RDC. Quatre ans après la mise en œuvre de cette politique incongrue, certes, les pétroliers ont empoché 1,363 milliards USD du Trésor congolais, la RDC est le grand perdant. Cette cagnotte pouvait servir au développement du secteur du transport urbain en RDC.
Le Gouvernement, via le VPM en charge de l’Économie Daniel Mukoko Samba, à l’issue d’une cérémonie de certification des pertes et manques à gagner tenue le 23 décembre 2024, s’est félicité pour la conclusion des travaux de la Commission d’amortissement qui est le bras technique du Comité de suivi de la structure des prix des produits pétroliers.
Il ressort de ces travaux qu’après le croisement des pertes et manques à gagner des sociétés pétrolières et des créances de l’État, au 1ᵉʳ septembre 2024, l’État doit à la profession pétrolière la somme nette de 16 millions 43.984 USD.
C’est à cette occasion que le VPM de l’Économie a révélé qu’au cours de ces quatre dernières années, les pertes et manques à gagner se sont situés autour d’une moyenne de 340 millions 796.000 USD par an. Et donc, le Trésor public congolais a dépensé une bagatelle de 1 milliard 363,184 millions USD en quatre ans pour payer les sociétés pétrolières au titre des pertes et manques à gagner !
Échec de la politique de subventions
Le problème, c’est que ces fonds dépensés dans cette politique de subventionner les prix à la pompe n’a jamais produit les résultats escomptés, à savoir une incidence directe tant sur le coût du transport urbain que sur la baisse des prix des biens et services bénéficiaires de cette réduction. D’année en année, les prix des biens et services n’ont cessé de prendre l’ascenseur pendant que le Trésor continuait à subventionner une politique en déphasage total avec la réalité.
En conséquence, ne serait-ce que pour évoquer les récentes baisses de 13% des prix du carburant (octobre 2024), il n’y a pas eu de baisse proportionnelle des coûts ni des transports en commun, encore moins des biens et services. Même les huit produits de grande consommation bénéficiaires également de réduction de taxes et de redevances n’ont pas connu de baisse de prix alors que les festivités de fin d’année sont là.
Autant dire que cette politique de subventionner les prix de carburant et des denrées de grande consommation est un échec total pour le Gouvernement qui montre ses limites à trouver des solutions pérennes pour améliorer la qualité de la vie des Congolais encore moins à préserver le pouvoir d’achat des Congolais, surtout que l’inflation et la dépréciation de la monnaie nationale s’observent sur le marché.
Miser sur des projets structurels
Il est illusoire de penser que la subvention des prix des produits pétroliers aura une incidence positive sur le pouvoir d’achat des Congolais d’autant que celui-ci dépend de plusieurs autres facteurs notamment le niveau de l’inflation, la stabilité de la monnaie nationale le franc congolais, mais aussi de paramètre tel que l’écosystème dans lequel se font les affaires. Dans une ville comme Kinshasa où les embouteillages bloquent la circulation pendant de longues heures, comment un transporteur (taxi) peut baisser le prix de la course ? Au contraire, ces difficultés liées aux embouteillages ont occasionné la montée des prix de la course dans la capitale.
Il faut donc laisser les pétroliers pratiquer le prix organique à la pompe et au gouvernement d’organiser un réseau de transport public digne de ce nom. En effet, si le gouvernement pouvait investir les 1,363 milliard USD par exemple dans un réseau de transport urbain dans toutes les grandes villes de la RDC, cela aurait un impact certain tant sur la mobilité et la connectivité des populations que sur la préservation de leur pouvoir d’achat.
En effet, un réseau de transport urbain viable, fiable et à un coût social dispenserait les Congolais des desiderata actuels constatés dans le secteur des transports urbains à Kinshasa, notamment caractérisé par des prix exorbitants, non sans compter l’état défectueux des véhicules mis en service. Ce qui est une solution structurelle et donc pérenne pour juguler les difficultés de transports urbains en RDC.
En somme, le Gouvernement de la République doit changer de paradigme en musant sur des solutions structurelles pérennes dans le secteur de transport urbain et celui de production locale des denrées de grande consommation, par le soutien conséquent aux producteurs locaux dans l’agriculture, l’élevage, l’agro-industrie, la pêche et même l’aquaculture.
Amédée Mwarabu