C’est avec un titre moqueur « Taux directeur de la BCC pour rire ! » que le professeur Noël Tshiani Muadiamviita a choisi pour fustiger la décision du Comité de Politique monétaire (CPM) de la Banque Centrale du Congo (BCC) de maintenir à 25% son taux directeur.

Ce spécialiste de l’économie monétaire ne s’explique pas qu’alors que toutes les banques centrales ont tendance à baissé leur taux directeur que la Banque centrale du Congo décide de maintenir ce taux élevé fixé depuis août 2023.

« La Banque Centrale Américaine (La Fed), la Banque d’Angleterre, la Banque Centrale Européenne, la Banque du Canada, la Banque de Chine et la Banque du Japon, la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Banque Centrale des États d’Afrique Centrale ont presque toutes baissé leurs taux directeurs afin de stimuler l’économie. Toutes ces banques centrales ont des taux directeurs de moins de 5 pour cent par an. Mais la Banque Centrale du Congo vient de maintenir son taux directeur à 25 pour cent », écrit Noël Tshiani sur son compte X.

De son avis, la politique monétaire pratiquée par la Banque Centrale du Congo est « le plus grand assassin des PME et de l’économie ».

Il fait observer que le taux directeur de la BCC actuellement de 25% par an est l’un des plus élevés d’Afrique et du monde.

« Avec un tel niveau de taux directeur, les taux d’intérêt des banques commerciales se situent entre 30 et 40% par an. Aucune PME ou entreprise ne peut emprunter et survivre pendant longtemps à ce niveau de taux d’intérêt », soutient-il.

Pour Noël Tshiani, le plus grand défi du gouvernement et de la Banque Centrale du Congo doit être, d’une part, de revoir la politique des taux d’intérêt et, d’autre part, de repenser le système financier national pour qu’il devienne un soutien à l’économie, au secteur privé, aux conglomérats, aux ménages, aux individus et à l’Etat dans la recherche des financements ou des solutions appropriées à ses problèmes afin d’espérer atteindre une croissance économique rapide, équilibrée et durable.

« Avec ce taux directeur de 25% qui fait rire et pleurer en même temps, la Banque Centrale du Congo est hors jeu et n’a aune crédibilité pour conduire la politique monétaire du pays. Ses actions n’ont aucun impact sur l’économie car personne n’emprunte à de tels niveaux de taux d’intérêt », fulmine l’auteur du Plan Marshall pour la RDC.

À l’issue de la réunion du Comité de politique monétaire tenue le mardi 19 novembre, sous la présidence de la Gouverneure Malangu Kabedi Mbuyi, la Banque centrale du Congo (BCC) a décidé de maintenir sa politique restrictive actuelle en gardant le taux directeur à 25%.

 » Le Comité de politique monétaire de la Banque Centrale du Congo a décidé de reconduire l’orientation restrictive de la politique monétaire en cette période de fin d’année habituellement marquée par une forte demande intérieure », note le communiqué de presse publié à l’issue de la réunion.

Ainsi, outre le taux directeur qui est maintenu à 25%, le CPM a décidé de garder les coefficients de la réserve obligatoire sur les dépôts à vue et à terme en monnaie étrangère à 13% et à 12% respectivement.

Les experts du CPM justifient la reconduction de la politique monétaire restrictive pour « soutenir la tendance baissière de l’inflation, renforcer la stabilité du cadre macroéconomique, et soutenir le pouvoir d’achat de la population ».

La situation économique générale de la République démocratique du Congo s’est beaucoup améliorée en 2024, soutient le CPM. L’inflation a sensiblement baissé, atteignant 10,5% en cumul annuel à fin octobre 2024, comparé à 19,0% à la même période de 2023. La dépréciation du franc congolais est restée modérée, avec un taux cumulé de 6% depuis le début de l’année comparé à 19,8% à fin octobre 2023.

Bien plus, la position extérieure du pays s’est aussi raffermie, note le Comité de politique monétaire, soutenue par une bonne tenue des exportations et de substantiels apports financiers des partenaires au développement. Ce qui a permis aussi d’augmenter sensiblement les réserves internationales et de renforcer la résilience de la RDC face aux chocs.

Le CPM a observé que la politique monétaire restrictive menée pendant l’année et le renforcement de la coordination entre celle-ci et la politique budgétaire ont été déterminants dans la réalisation des résultats obtenus.

Amédée Mwarabu

By amedee

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