Dans un rapport publié le lundi 28 avril 2025, l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) braque ses projecteurs sur la nécessité de la réduction du train de vie des institutions en République démocratique du Congo. De l’avis de cette organisation citoyenne, la réduction du train de vie des institutions devrait être la réforme devant accompagner le processus de paix et de reconstruction de la RDC.
En réalité, l’ODEP vient juste d’actualiser son rapport publié en février 2023 sur la réduction du train de vie des institutions publiques. Cette organisation regrette qu’« au sommet de l’État, marqué par une forme de paresse intellectuelle, aucun expert, qu’il soit autour du Président ou à la Primature, ne se soit véritablement investi dans la lecture et l’analyse approfondie du précieux document de l’ODEP de février 2023, qui propose des éléments essentiels pour une réforme majeure ».
« Afin d’éviter toute déformation du contenu de cette réforme cruciale, en particulier en cette période de lutte pour la libération de notre pays face à l’occupation et au risque de balkanisation, nous avons pris l’initiative de mettre à jour notre étude de février 2023. Cette mise à jour a pour objectif d’éclairer l’ensemble de la nation et d’écarter le risque d’une évocation superficielle de cette réforme par certains acteurs publics, qui, malheureusement, semblent la traiter avec désinvolture, sans en saisir pleinement l’importance », justifie l’ODEP dans son rapport.
Pour l’ODEP, la réduction du train de vie de l’Etat ne peut pas être envisagée avec légèreté, ni être un slogan. Elle doit résulter d’une autre vision du développement devant aboutir à d’importantes transformations sociales dans notre pays. En toile de fond, souligne cette ONG, il y a des grands défis à lever imposés par la nouvelle vision de transformation sociale dans la mise en œuvre doit être accompagnée de la justice distributive.
« Bientôt 65 ans que notre pays est théoriquement indépendant. Mais c’est depuis 1885 que notre économie continue à être désespérément extravertie et est dépendante de l’extérieur par la contribution de ce secteur au PIB, les revenus d’exportation, l’importance du capital étranger investi et la technologie étrangère utilisée », constate l’ODEP.
Ainsi, il propose qu’en RDC, la tension salariale dans toutes nos administrations devra être fixée de 300 dollars pour le salaire le plus bas à 6.000 dollars pour le salaire le plus élevé, c’est-à-dire de celui du Premier Ministre chef du gouvernement.
« Le salaire net du Président de la République sera de 5.000 dollars par mois. En France, il est de 8.000 Euros pour le Président Macron. Le Président de la Chine, la plus grande puissance économique du monde ne dépasse pas trois mille euros par mois », estime cette organisation.
L’ODEP estime qu’il faut libérer la présidence de la république de tous les services dont les activités relèvent par nature des ministères ou des agences gouvernementales, comme le complexe agricole de Kaniama Kasese.
Au niveau du Gouvernement, l’ODEP propose une réforme administrative qui réduit à 10 les ministères avec juste un Premier Ministre. « En toutes choses, nous devons tenir compte du niveau de développement de nos forces productives, du niveau des richesses créées, c’est-à-dire le niveau de notre produit intérieur brut, du niveau de la mobilisation de nos recettes publiques, avant de multiplier les dépenses en désordre », tranche cette organisation.
« Pour réduire de manière efficace et durable le train de vie d’un Etat néocoloniale, il faut être porteur d’une vision, d’un développement endogène, indépendant, autocentré et autodéterminé. Un Etat où la dépense publique sera réellement un instrument pour construire le développement où la rationalité de la dépense et la justice distributive vont triompher. Un Etat fondé sur la participation total de toute la population comme moteur, acteur et bénéficiaire du développement », conclu l’ODEP.
Amédée Mwarabu