Décidément, le changement n’est pas pour aujourd’hui ni pour demain en République Démocratique du Congo. Le président de la République semble miser sur l’immobilisme dans la gouvernance du pays. Visiblement, il ne veut pas bouger l’ordre établi même si c’est sans impact sur le quotidien des Congolais. Le Gouvernement Suminwa 2 ne laisse entrevoir aucune volonté de transformation profonde. Les mêmes visages sont recyclés, ajustés, récompensés, et l’on pense qu’on aura des résultats différents que ceux engrangés jusqu’ici.
Alors que dans son propre discours du 29 janvier 2025, prononcé à la suite de l’occupation de Goma par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23/AFC, Félix Tshisekedi appelait de tous ses vœux à une nouvelle « ère de Paix et de Prospérité » en République Démocratique du Congo. Ce souhait du premier citoyen du pays est resté un vœu pieux. Aucune institution, même pas le Gouvernement Suminwa, ne s’en est approprié.
Après la débâcle militaire de janvier et février suite à la prise de Goma et Bukavu, il s’agissait de prendre la résolution de mettre fin à trente années d’humiliation des Congolais et des pillages de nos ressources par le Rwanda. Mais surtout de trouver des voies et moyens pour remettre le pays sur les rails de l’émergence économique. Tout semble indiquer qu’un tel challenge est loin de portée de l’actuel Exécutif. La preuve est que rien de majeur n’est fait. Sur le territoire de la RDC, on continue à tuer les Congolais comme si l’État n’existait pas.
Pourtant, après l’occupation de Goma et de Bukavu, la RDC devrait se mettre debout, mobiliser toutes ses ressources et commencer à bâtir un pays viable avec notamment une armée puissante et dissuasive, et repenser son modèle économique.
Tél était le challenge qui s’offrait à la République démocratique du Congo et donc à son Exécutif. Pour ce faire, il fallait un gouvernement de crise, composés des meilleurs d’entre nous, avec comme mission de refonder l’État et mettre fin aux humiliations subies par les Congolais ces trois dernières décennies.
En lieu et place d’un gouvernement de crise, avec en son sein des stratèges et des technocrates éprouvés, c’est ce remaniement léger que le peuple congolais vient d’avoir droit. Malgré que c’est sous le gouvernement Suminwa 1 que le pays a perdu Goma et Bukavu, plus de 80% de ses membres sont maintenus en son sein. Comme qui dirait : « On ne change pas l’équipe qui perd » !
Qu’attendre d’un Gouvernement qui, en une année d’action, n’a pas réussi à poser les jalons susceptibles d’améliorer les conditions de vie des Congolais, réduire l’insécurité à Kinshasa et en province, améliorer la qualité des services publics ?
Le Gouvernement Suminwa 2 est somme toute un feu de paille. Il incarne l’immobilisme, le refus de changer de cap et surtout une vieille recette qui produira le même résultat, sans changer le quotidien des Congolais. Dès lors, il n’y a rien à attendre de ce Nouvel exécutif, légèrement remanié. Il n’y aura ni rupture ni changement fondamental de paradigme dans la gouvernance.
Changer les visages des ministres sans changer la gouvernance reste une perte de temps. Ce dont la RDC a besoin ce sont des personnalités capables de bâtir un pays plus fort, plus prospère, qui ne serait plus la risée de la région des Grands Lacs, encore moins du reste du monde. Ce Gouvernement remanié, pourtant attendu par les Congolais, ne portera pas de fruit durable puisqu’il n’y a aucune volonté de rupture réelle avec l’immobilisme.
Amédée Mwarabu