Il n’est jamais trop tard pour mieux gérer. Alors que la Primature fait partie du Top 5 des institutions de la République bénéficiant des paiements en mode urgence, la Première ministre a appelé les membres de son gouvernement au respect strict, désormais, de la chaine de la dépense.
La réalité est que le Gouvernement Suminwa se caractérise de plus en plus dans l’indiscipline budgétaire. Si au premier trimestre 2025 les dépenses hors chaine de la dépense étaient de 15,6%, au deuxième trimestre elles étaient de 18,4%. Et au 22 août 2025, les dépenses en mode urgence ont culminé jusqu’à 30% des dépenses totales. Quant à la Primature, elle s’est adjugée jusqu’à 25 millions USD de paiement en mode urgence au premier semestre 2025, principalement pour ses frais de fonctionnement. A cette allure, il est de plus en plus hypothétique que le Gouvernement atteigne son objectif de 8% en ce qui concerne les dépenses en mode urgence.
Les dépenses publiques non planifiées sont une des causes de la dépréciation de la monnaie nationale. Le recours systématique à des paiements d’urgence, non planifiés et non adossés à une logique économique claire est un facteur aggravant de la dépréciation du franc congolais. Ces décaissements intempestifs cautionnés par la cheffe du Gouvernement alimentent un déséquilibre budgétaire chronique et témoignent d’un manque de discipline dans la gestion des finances publiques en RDC.
Alors que Judith Suminwa semble revenir à l’orthodoxie budgétaire, les dégâts ont été déjà commis. Selon le Plan d’engagement budgétaire (PEB) du quatrième trimestre 2025 du ministère du Budget, les dépenses engagées, en date du 30 septembre 2025, au titre de fonctionnement des ministères s’évaluent à 6.928 milliards 567 millions 792.021 CDF (2,4 milliards USD au taux budgétaire de 2853 FC le dollar américain) sur des prévisions annuelles arrêtés à 3.038 milliards 447 millions 192 356 CDF, soit un taux d’exécution de 228% ou un taux de dépassement de 128%. En dépit de ce dépassement budgétaire, la vice-primature en charge du Budget a accordé à la rubrique Fonctionnement des ministères, pour ce quatrième trimestre, des crédits de l’ordre de 776 milliards 773 millions 246 487 CDF (272,2 millions USD).
La Première Ministre, Judith Suminwa, dans sa communication lors du Conseil des ministres du 24 octobre, est revenue sur la nécessité de continuer à respecter la procédure de la chaîne des dépenses publiques par les membres du Gouvernement dans l’objectif d’exécuter les instructions du Président de la République, notamment sur la nécessité de protéger le pouvoir d’achat des Congolais. La cheffe du Gouvernement a donc invité son équipe « à se conformer à une série de mesures pour assurer à notre monnaie nationale, le Franc Congolais, une stabilité sur le marché de change », rapporte le compte rendu du Conseil des ministres.
A (RE) Lire : RDC : 1,936 milliard USD de dépenses exceptionnelles (hors chaine de la dépense) en cumul annuel au 22 août 2025
Pour Judith Suminwa, le raffermissement du franc congolais traduit « la détermination du Gouvernement à maintenir la stabilité macroéconomique, soutenue par une politique monétaire crédible et cohérente conduite par la Banque Centrale du Congo ». Toutefois, estime-t-elle, cette amélioration conjoncturelle ne pourrait se consolider qu’en faisant preuve de rigueur budgétaire constante.
« La stabilité de notre monnaie et la confiance de nos partenaires reposent sur le respect scrupuleux de la chaîne de la dépense publique et sur une coordination étroite entre la politique budgétaire et la politique monétaire. Tout engagement non planifié ou dépense hors circuit affaiblit la trésorerie et compromet les réformes de gouvernance financière que nous avons entreprises », a déclaré Judith Suminwa devant les membres de son Gouvernement.
La Première Ministre dit compter sur l’engagement et la rigueur des membres du Gouvernement pour consolider les acquis récents, maintenir la stabilité financière et garantir la réussite du Programme d’Actions du Gouvernement.
Plus loin dans sa communication, la Première ministre a demandé au Vice-Premier Ministre en charge du Budget de veiller à la « stricte exécution » du Plan d’Engagement Budgétaire et au Ministre des Finances de « s’assurer que les paiements se fassent exclusivement selon le Plan de Trésorerie, en fonction de la disponibilité réelle des ressources ».
Amédée Mwarabu

