C’est devant les acteurs du secteur financier congolais que le FPM, Fonds pour l’inclusion financière, a présenté, le mercredi 5 novembre 2025 à Fleuve Congo Hôtel de Kinshasa, son Livre Blanc du secteur financier intitulé « Évolution du secteur financier en RDC, Bilan des 2 dernières décennies et perspectives ».
Organisée en partenariat avec The Bankers Club, cette conférence a réuni des hauts cadres du secteur bancaire, des institutions de micro-finance, des acteurs des assurances ainsi que des décideurs politiques.
Il ressort de cette étude qu’à l’issue de 20 dernières années, le secteur financier de la RDC est certes en évolution mais avec une structure déséquilibrée. » Le secteur financier de la RDC a connu des progrès notables ces vingt-cinq dernières années grâce aux efforts déployés pour normaliser la situation politico-securitaire, assainir le cadre macro-économique, améliorer la gouvernance éconico-financière et relancer la croissance de l’économie « , souligne le rapport.
L’étude décrit l’évolution du secteur financier en trois phases. La première phase va de l’an 2000 à 2005 et est caractérisée par la restructuration du secteur financier et par la pose des bases réglementaires du secteur bancaire et de la micro-finance. Quant à la deuxième phase, elle va de 2005 à 2010. Elle a été marquée par l’arrivée des capitaux internationaux dans le secteur financier bancaire et de la micro-finance. Et la troisième phase va de 2011 à 2025. Cette dernière période est ponctuée par une croissance rapide, soutenue et résiliente du secteur financier ainsi que par la digitalisation des services offerts.

Parlant du secteur bancaire, l’étude du FPM indique qu’il a connu une forte croissance mais avec une faible intermédiation justifiée par plusieurs facteurs dont la taille réduite de l’économie et le poids du secteur informel. En effet, le total des actifs bancaires est passé de moins de 100 millions USD en 2002 à 13,9 milliards USD en 2020, soit une multiplication par 139 en 18 ans.
Cependant, « en dépit de cette forte croissance des actifs détenus par les opérateurs, l’intermédiation bancaire reste faible en RDC. La contribution des institutions financières au PIB et à la croissance est insignifiante. Les crédits sont concentrés sur un nombre limité de secteurs d’activités ( dont 24% pour les mines)et dans deux provinces du pays (Kinshasa et Hait-Katanga) », note le rapport.

Nécessité de passer de l’inclusion financière à l’inclusion économique
« Nous avons mené cette étude pour tirer des leçons, afin de projeter les 20 prochaines années. Cette étude permet au FPM aujourd’hui de noter : premièrement qu’il y a la digitalisation qui a joué un rôle majeur pour améliorer le taux d’inclusion financière en RDC. Et aussi, on a noté la concentration des activités financières dans les principales villes du pays, comparer à d’autres provinces et à d’autres villes », a déclaré Patrick Nkongo, Directeur général de FPM, résumant le rapport.
De cette étude, le DG Patrick Nkongo, s’appuyant sur son véhicule de refinancement en l’occurrence le FPM SA, entend voir comment mettre en place des solutions innovantes afin d’accélérer l’inclusion financière en dehors des villes, des cités et des territoires déjà servis.

Au regard des défis qui se posent encore sur l’inclusion financière, le FPM veut qu’il y ait un dialogue entre les décideurs politiques et les acteurs du secteur financier en RDC. « Nous tous, nous avons noté qu’il y a besoin d’avoir un dialogue entre l’Etat et les acteurs, notamment la Banque centrale, l’ARCA, le FPM et les autres de l’écosystème financier, pour s’assurer de l’alignement stratégique au regard des besoins et des contraintes que les institutions financières rencontrent. C’est un dialogue qui va continuer », a souligné le DG du FPM.
Ce dialogue devrait déboucher sur des solutions permettant de passer de l’inclusion financière à l’inclusion économique, soutient Patrick Nkongo. » Nous devons développer la finance agricole et renforcer les mécanismes de financement des PME. C’est à ce prix que l’inclusion financière se traduira par une véritable inclusion économique « , a insisté M. Patrick Nkongo.
Les chiffres clés du secteur financier congolais
Intervenant pour donner les chiffres clés du rapport, Mme Félicité Singa, présidente de The Bankers Club, consortium regroupant les principales banques de la RDC, a noté des progrès du secteur financier depuis 2001.
» Le secteur financier congolais affiche une dynamique croissante et diversifiée, portée par les banques commerciales, les institutions de microfinance, les fintechs et les compagnies d’assurance « , a-t-elle souligné.

Elle a relevé de ce rapport que le pays comptait 16 banques actives en 2024, pour un total de 14,7 milliards de dollars de dépôts, avec un portefeuille de crédits dépassant 8,5 milliards USD, confirmant une croissance soutenue du financement de l’économie. Sur le secteur de la microfinance, elle a indiqué un encours de 450 millions USD en 2024, contre 370 millions de dollars l’année précédente, témoignant d’un engagement accru dans le financement des ménages et des petites entreprises. Quant au secteur des assurances, libéralisé depuis moins d’une décennie, il a généré 350 millions de dollars de primes en 2024, soit une croissance de 400 % en cinq ans seulement.
» Cette diversité d’acteurs positionne la RDC comme un marché en pleine mutation, prêt à relever les défis de l’inclusion et de l’innovation financière « , a conclu Mme Singa.

Au cours de cette conférence, deux panels ont été organisés, réunissant des experts du secteur. Le premier panel a porté sur le bilan du secteur financier 20 ans après et les leçons apprises. Avec comme panelistes : Patrick NKONGO (DG de FPM), Godelive de CORDIER (DG SUNU Assurances), Olivier BUENO (DG Multipay, Hannah SUBAYI (Director Corporate Banking – Equity BCDC) et Mirela PEKMEZI (DG de FINCA). Sous la modération d’Edwige TAKASSI, DG de WIFI Africa Consulting.

Et le second Panel a porté sur : « Perspectives d’avenir et priorités stratégiques à l’horizon 2030 ». Avec comme intervenants : Arsène Ntambuka (AFRISSUR), Steffie Mahoro (IFC), Alain Kaninda (ARCA), Étienne Mabunda (RAWBANK), Jeanne Mutamba (Orange Money). Sous la modération toujours d’Edwige Takassi. À la suite de ces deux panels, l’assistance, composée des acteurs du secteur financier congolais, a échangé sur les voies et moyens du développement du système financier en RDC.
A propos du FPM
Le FPM est un fonds qui a pour vision la réduction dee la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations en RD Congo. Il vise à soutenir la construction et le développement d’un système financier inclusif et responsable, en offrant des services d’assistance technique, de refinancement et de garantie de portefeuille adaptés aux institutions financières qui servent les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) et des populations actives à faibles revenus qui présentent un réel potentiel de développement.
Le FPM a été institutionnalisé en 2010 en tant qu’association sans but lucratif (ASBL) de droit congolais. En 2014, le véhicule-sœur, le FPM SA, a été créé pour assurer le refinancement des institutions financières en RD Congo à la suite de son agrément par la Banque Centrale du Congo.Les deux entités sont depuis lors complémentaires : le FPM ASBL apporte une assistance technique aux institutions financières offrant des produits et services financiers aux MPME, et le FPM SA est dédié au refinancement des institutions financières ainsi qu’à l’octroi des garantie de portefeuilles.
Amédée Mwarabu

