Monsieur le DG de l’ONATRA, je vous prie de diligenter des enquêtes, établir des responsabilités et sanctionner sévèrement. Pour un voyage qui devrait normalement durer 9 heures au maximum, nous avons déjà passé 18 heures et nous n’avons pas la précision sur l’heure de notre arrivée à la Gare centrale de Kinshasa.
Au matin du 09 Novembre 2025, c’est avec enthousiasme que j’ai pris le train de l’ONATRA de Matadi pour Kinshasa lors de ma toute première visite dans la ville portuaire.
Déjà, à la Gare de Matadi, j’étais très heureux comme un petit enfant qui s’apprêtait à vivre une première magnifique expérience de sa vie. J’ai payé mon billet de Train pour la classe VIP depuis le vendredi, 07 Novembre 2025 étant donné que je ne voulais plus retourner à Kinshasa par route au regard de nombre d’accidents mortels que j’ai observés à l’aller de Kinshasa pour Matadi.
En prenant le train, je voulais aussi vivre cette réalité de la RDC qui renaît de ses cendres malgré la lenteur de la résurrection. À mon arrivée à la Gare de Matadi ce matin, j’étais très bien accueilli par les agents de l’ONATRA, de la DGM et d’autres services affectés à cet effet puis, j’étais très bien installé dans ma belle voiture VIP au siège 3B.
À bord du Train, le confort était effectivement au rendez-vous et le train de l’ONATRA peut aisément concurrencer des trains d’autres pays civilisés sur l’aspect du confort intérieur.
Comme prévu, le train est parti de Matadi exactement à 7H30 et pour moi, ce respect de l’heure du départ, était un éloquent début de preuve des efforts consentis par les dirigeants de cette entreprise. À bord, sous une douce musique retentissante et une climatisation bien réglementée, j’ai commencé par vérifier les installations sanitaires qui sont impeccables, avant de m’asseoir.
Aux côtés de 23 autres passagers enthousiastes de la voiture VIP, je me suis assis sur un siège très confortable et spacieux puis, j’ai commencé à contempler les beaux paysages montagneux du Kongo Central et davantage, j’ai reconnu la beauté et la richesse de mon pays.

Quelques minutes après avoir quitté Matadi, j’étais servi d’un délicieux petit déjeuner avec du thé chaud et citronné au choix alors que d’autres passagers se sont faits servir des mets assez consistants dont les charges sont incorporées dans le billet de 50 dollars à la voiture VIP.
Nous avons très bien avancé en traversant différentes gares où j’apercevais au travers des fenêtres vitrées, des populations riveraines assez nombreuses, joyeuses et marchandes. Je voyais des passagers profiter de nos breves escales pour s’approvisionner en vivres auprès des villageois et, je me suis rendu compte de l’importance de ce train au delà du seul aspect de transport ferroviaire mais aussi, de sa création d’emplois et des richesses sur la chaîne des valeurs nationales.
Vers 11H00, j’ai passé ma commande de repas. Il y avait presque tous les usuels mets congolais sauf le FUFU malheureusement. J’étais très surpris de faire un tel constat et je me suis proposé de le rapporter au moment opportun aux dirigeants de l’ONATRA pour qu’ils remettent les fufuvores dans leur droit. À l’absence du FUFU, je me suis quand même rabattu aux bananes plantains et aux poissons tilapias pour seulement 10 $USD.
Nous avancions tellement bien que je ne pouvais nullement m’imaginer de vivre le calvaire que nous avions rencontré vers 13H00 dans un village dénommé KIAZI MAKANA à peine 17 kilomètres vers MBANZA – NGUNGU où subitement, le train s’est arrêté quand il gravitait une montagne. Je pensais que c’était une manœuvre normale mais, au bout de quelques minutes, j’ai aperçu des techniciens de l’ONATRA entrain de faire des vas-et-viens aux visages très préoccupants mais, sans rien communiquer aux passagers.
Ayant constaté leur préoccupation alors que d’autres passagers voulaient en savoir sur ce qui était entrain de nous arriver, j’ai prié mes voisins de ne pas les stresser davantage car, les techniciens étaient sûrement entrain de faire face aux équations techniques.
En pleine forêt de KIAZI MAKANA, nous avons passé près de quatre (04) heures de calvaire, enfermés dans des voitures sans fenêtres ouvrables et où la climatisation était déjà coupée, les toilettes bouchées et il n’y avait apparemment plus une seule bouteille d’eau à boire à bord du train. J’ai vu des passagers très préoccupés, étouffés jusqu’à ce que les portes soient ouvertes et je suis descendu du train pour prendre de l’air et échanger avec la population riveraine qui est venue assister à la situation. C’est par là que j’ai fait connaissance avec Madilu Système, Pinocet Bidenda etc.

Comble du désarroi, alors que nous tous les passagers pensions que le train avait rencontré une sérieuse panne technique, nous apprendrons quatre heures plus tard que c’était plutôt une panne sèche due à l’insuffisance du carburant dans les réservoirs quand le train gravitait la montagne.
C’est après avoir gravi la montagne KIAZI MAKANA que nous apprendrons au travers des haut-parleurs l’annonce selon laquelle la climatisation, les lampes etc., ne pouvaient plus fonctionner normalement par insuffisance de carburant et, comme du village de KIAZI MAKANA à la prochaine gare [Gare de KISANTU], le trajet est dominé par une pente, nous allons rouler aisément et c’est à la gare de KISANTU où le train serait ravitaillé en carburant.
Tout comme les autres voyageurs, j’étais très surpris d’apprendre que le train serait parti de Matadi pour Kinshasa avec des réservoirs mi-pleins en carburant et je profite de l’occasion pour interpeller la Direction Générale de l’ONATRA de veiller à ce que les efforts consentis par tout le monde ne soient pas ainsi sabotés.

Du village KIAZI MAKANA à KISANTU, nous avons évolué sans lumière suffisante ni climatisation et avec des toilettes bouchées. À KISANTU, le train a été ravitaillé en carburant et tout à sembler fonctionner normalement mais, très lentement.
Jusqu’à l’heure où je rédige ce texte à 01H30 [Heure de Kinshasa], nous sommes encore en route, stationnés vers KIMWENZA pour des raisons que j’ignore. Pour un voyage qui devrait normalement durer 9 heures au maximum, nous avons déjà passé 18 heures et nous n’avons pas la précision sur l’heure de notre arrivée à la Gare centrale de Kinshasa.
Prof. Dr. Ahmed Useni
Un voyageur infortuné à bord d’un train de l’ONATRA.
