Il existe, dans l’histoire des grandes entreprises, des acquisitions qui marquent un avant et un après.
Des deals qui, au-delà de leur valeur financière, deviennent des repères symboliques, des actes fondateurs d’une nouvelle époque industrielle. En 2012, Facebook rachète Instagram : 1 milliard de dollars, 13 employés. À l’époque, l’idée semble démesurée. Mais ce geste va propulser Facebook dans une nouvelle ère — celle de la domination mobile et visuelle. Un achat stratégique, décisif, qui allait réécrire les règles du jeu numérique mondial.
13 ans plus tard, en 2025, AstraZeneca annonce l’acquisition d’EsoBiotec : une biotech fondée par un chercheur et scientifique congolais, active dans le domaine de l’ARN messager auto-amplifiant. Montant de l’opération : 1 milliard de dollars. Effectif : 13 personnes. La ressemblance n’est pas anecdotique. Elle est structurelle. Ce que fut Instagram pour Facebook — une passerelle vers le futur, une plateforme agile à très haute valeur transformationnelle — EsoBiotec l’est aujourd’hui pour AstraZeneca. Mais ce que peu réalisent encore, c’est que cette opération ne redéfinit pas seulement la stratégie d’un géant pharmaceutique, elle révolutionne aussi les contours de l’innovation mondiale.
Et surtout, elle pose une question historique : Comment un scientifique congolais et une équipe de 13 personnes ont-ils convaincu l’une des plus grandes entreprises du monde de miser un milliard de dollars sur une technologie née loin des centres traditionnels du pouvoir ?
Dans cette tribune, j’analyse pourquoi cette acquisition est bien plus qu’un “deal biotech”.
Elle est un signal fort, un symbole géoéconomique, et un précédent historique pour le monde, l’Afrique, la pharma, et l’ensemble des industries de rupture.
LATERE VS SYSTROM
J’entends déjà les « Latere vs Systrom ? Ca n’a rien à voir ! ». Si justement, ça a tout à voir, parce que dans les deux cas, ce sont des “moments fondateurs” qui transcendent leur secteur. « Instagram vs EsoBiotec ? Ce n’est pas la même industrie ! ». Absolument, et c’est justement pour ça qu’il existe des analyses cross-industrielles ; comme celle-ci.
On a célébré Kevin Systrom parce qu’il a vendu une application photo à Facebook pour un milliard. Pourquoi ne célébrerait-on pas Jean-Pierre Latere, qui avec la même taille d’équipe, au même prix, a produit non pas une app mais une avancée scientifique majeure validée par le leader du FTSE 100 (Financial Times Stock Exchange 100 Index) au London Stock Exchange?
Ce que représente EsoBiotec ; c’est la première fois qu’un Africain crée, porte et vend à $1 milliard une entreprise de science fondamentale. Cet accomplissement lui donne de facto le rôle de pionnier mondial, d’une légende vivante. Tout comme Systrom, Latere est visionnaire, stratège, et était jusqu’à peu inconnu, incompris…puis racheté au sommet.
Même chiffre clé. Même impact foudroyant. Même capacité à construire une entreprise ultra-scalable, élégante, et convoité à 13 ans d’écart.
Cependant, il faut prendre en compte que Systrom venait de Stanford avec un écosystème autour de lui considéré comme le meilleur, le plus puissant et favorable du monde : la Silicon Valley. Latere, lui, est le premier congolais à réaliser une telle opération dans l’industrie mondiale de la biotech, et au delà, à partir d’un laboratoire de Mont Saint Guibert, en Belgique. Construire une startup biotech qui vaut $1 milliard, sans levée de fonds extravagante, dans un secteur aussi exigeant, est encore plus difficile que de créer une plateforme sociale virale. EsoBiotec n’est pas seulement « la biotech d’un Congolais ». C’est la “Instagram of Biotech”, et ça force l’admiration des experts de la santé, de l’industrie, de la tech, et des décideurs souverains biotech futuristes.
Systrom a créé une application fun et addictive, basée sur du design et du code ; génial, mais dans le domaine de l’attention. Latere, lui, a produit une innovation biomédicale capable de sauver des vies ; science dure, R&D, recherche fondamentale. Barrières à l’entrée : lancer un réseau social en 2010, c’était dur mais accessible avec du talent et quelques serveurs. Monter une biotech et la vendre $1 milliard à AstraZeneca exige des années de recherche scientifique, d’essais, de validation clinique, ce qui est bien plus exigeant. Il a mis au point un outil qui reprogramme le vivant, traite des maladies incurables, et ouvre la voie à une médecine abordable et scalable. C’est de la science vitale qui touche directement à la santé humaine, à la médecine de demain, à la vie. EsoBiotec développe une technologie radicale et de rupture, capable de reprogrammer les cellules directement dans le corps (in vivo), éliminant les lourdeurs logistiques des CAR-T traditionnelles. Sa plateforme innovante ENaBL (EsoBiotec Engineered NanoBody Lentiviral), permet au système immunitaire d’attaquer les cancers et offre l’accès à des traitements de thérapie cellulaire transformateurs administrés en quelques minutes
Passeur d’innovation biomédicale dans un monde post-COVID où chaque avancée thérapeutique est cruciale, à l’image de Pierre et Marie Curie qui ont repoussé les frontières de la science, il ouvre de nouvelles perspectives dans la biotech à travers une formule inédite, tout en restant un entrepreneur stratégique et visionnaire.
En clair, Latere vs Systrom ce n’est pas une comparaison de secteurs, mais de symbole historique. Instagram, représente le symbole de la révolution digitale ; EsoBiotec représente le symbole de la révolution biotech. Avec ça, Latere a fracturé par ricochet un plafond symbolique, économique et racial.
Il a hissé le Congo au sommet de la biotech mondiale, secteur où aucun Africain, ni afrodescendant, n’avait jamais vendu sa propre entreprise à 10 chiffres. Cette transaction renforce l’idée que beaucoup d’entre nous ne cessons de répéter depuis plusieurs années : le génie africain, quand il est laissé libre, peut créer de la valeur au même niveau que la Silicon Valley, la Big Pharma, ou Wall Street — voire mieux.
Si Instagram et Systrom ont changé la manière dont nous interagissons en ligne, EsoBiotec et Latere vont donc changer la manière dont nous survivons dans le monde réel.
UNE OPÉRATION PLUS PUISSANTE QUE LA PLUS GRANDE BANQUE DU CONGO
En décidant de vendre EsoBiotec $1 milliard à AstraZeneca ($425 millions immédiats + $575 millions suivant les étapes de développement et réglementaires), sans passer par les levées traditionnelles de séries B ou C, Latere réalise une prouesse rare, surprenante même dans les écosystèmes biotech de Boston ou San Diego. Avec seulement 22 millions d’euros levés avant l’exit, son multiplicateur capital/valorisation atteint 42x, au sommet des benchmarks des banques d’investissements de Wall Street comme Goldman Sachs et Morgan Stanley.
Mais encore, d’après une étude californienne de la Stanford Graduate School of Business de l’Université de Stanford publiée en 2021, les délais typiques entre la création et l’exit sont normalement beaucoup plus longs: la médiane tournant autour de 8 ans. En ce sens, fonder EsoBiotec en 2020 et la vendre pour $1000 millions cash en 2025 représente un miracle industriel bien plus rapide que la norme : ce qui constitue clairement un record de rapidité, un exploit d’une célérité extraordinaire et presque unique au monde. Seuls des cas comme le rachat de YouTube par Google en 2006 pour $1.65 milliard, 1 an après sa création, peuvent l’égaler voire le dépasser. Ces éléments historiques placent donc Latere au même niveau que Systrom d’Instagram, et Chad Hurley, Steve Chen, Jawed Karim de YouTube — et potentiellement même au dessus sous plusieurs aspects si on considère, entre autres, la nature plus complexe de la technologie d’EsoBiotec et son impact positif long terme sur la santé mondiale, la souveraineté médicale et le futur de l’Humanité.
Egalement, pour mesurer la puissance de la valorisation d’EsoBiotec, il faut aussi la comparer avec ce qui se fait de mieux au Congo. À titre d’exemple, selon les derniers bilans publics de Rawbank, ses fonds propres tournent autour de $645 millions. Donc, ce seul deal biotech en Europe équivaut en liquidités immédiates à environ 1.55 fois les fonds propres de la plus grande des banques congolaises. En d’autres termes : un individu a sécurisé, via son innovation, un cash équivalent à ce qu’une grande institution financière congolaise a construit en plus de 20 ans d’activité bancaire. Et contrairement à EsoBiotec, Rawbank n’a pas « touché » un montant équivalent en cash net utilisable d’un coup. Ses fonds propres sont immobilisés dans des actifs, prêts, et autres engagements bancaires, ce qui limite sa capacité de déploiement instantané.
Plus récemment, cette même banque a du faire recourt à une syndication — un montage ou plusieurs banques s’unissent pour financer un meme projet — pour justement financer à hauteur de $400 millions une partie du projet Kamoa—Kakula d’Ivanhoe Mines de Robert Friedland. Là où une banque entière doit réunir plusieurs partenaires pour financer $400 millions, un seul individu congolais, via la seule puissance de sa propriété intellectuelle, a capté $425 millions cash immédiatement, et $575 millions échelonnés.
Symboliquement : l’innovation individuelle congolaise au Congo ou dans la diaspora, peut — et doit —générer une puissance de feu financière comparable, voire supérieure, à celle des institutions les plus établies du pays. Et ça, c’est aussi un marqueur au fer rouge qui force à repenser notre rapport à l’excellence et à la compétition mondiale.
L’IMMENSE SILENCE DE KINSHASA FACE À UNE PERFORMANCE MONDIALE SCIENTIFIQUE DE LÉGENDE
Ce que Latere vient de faire est légendaire. Pour moins que ça, David Beckham vient d’être anobli par la Couronne britannique en Angleterre et Thierry Henry s’est vu ériger une statue à Londres en son honneur. Kevin Systrom, le fondateur d’Instagram et celui dont l’innovation structurelle ressemble plus à celle d’EsoBiotec tant par sa composition organisationnelle que sa technologie disruptive et révolutionnaire, est devenu une icône tech et star pop culturelle.
Alors la question simple est : comment se fait-il que le double record du monde de Latere — premier Congolais d’origine de l’Histoire moderne contemporaine à fonder, valoriser et vendre une entreprise à $1 milliard, toutes industries confondues ; premier africain et afro descendant à fonder, valoriser et vendre une entreprise à $1 milliard cash dans la biotech et au-delà via une fusion-acquisition (M&A) — soit officialisé mondialement par une plateforme d’échanges d’élite internationale, The Right Advice, et non par des structures officielles comme cela se fait ailleurs ? Pourquoi n’est il pas célébré comme cela serait le cas si il était originaire d’autres pays? Oui, il n’est pas encore Marie Curie qui elle est une quasi sainte en France, mais à ce stade on aurait déjà du avoir un Latere Cancer Center en gestation, ou une “Manière Latere“ dans des documentaires et manuels scolaires.
Kinshasa, es tu sérieuse? Que vas-tu faire ? Vas-tu continuer comme ça ? Ma grande, tu ne peux pas prétendre vouloir jouer dans le concert des nations tout en en rejetant ses préceptes les plus fondamentaux: et cela commence par valoriser ton capital humain au Congo et dans la diaspora. Alors la balle est dans ton camp, Kinshasa. Latere vient d’ouvrir une brèche dans l’histoire mondiale de la science. Soit tu l’inscris dans ton récit national, soit d’autres nations s’en chargeront à ta place. Et attention parce que le monde te regarde, ma grande.
ALORS MAINTENANT, QUEL AVENIR POUR DR. LATERE ?
Il est impossible de prédire exactement ce que Dr. Latere fera après avoir “closé le 1er milliard”. Une chose est certaine : il entre désormais dans le club très fermé des “repeat founders”. Comme Kevin Systrom (Instagram) ou Chad Hurley, Steve Chen et Jawed Karim (YouTube) ; une fois qu’un fondateur prouve qu’il peut créer une valeur mondiale avec une petite équipe, il accède à une nouvelle catégorie : celle des leaders qui ne lèvent plus de fonds au hasard, mais choisissent leurs partenaires mondiaux.
Avec un PhD en Chimie des Polymères de l’Université de Liège et un post-doctorat à Michigan State University, Dr. Latere — qui est né à Lubumbashi et a grandi à Kinshasa ou il était scolarisé au Collège Boboto — pourra désormais lever ou attirer de nouveaux capitaux pour sa prochaine entreprise, si c’est son objectif, sur la seule force de son track record, et non d’un pitch deck. Mais rares sont les endroits au monde capables de lui offrir le cadre et les liquidités pour continuer sa trajectoire ascendante.
La Silicon Valley reste un choix naturel, par culture et environnement entrepreneurial. Wall Street, bien sûr, concentre le capital global. La Chine a été un terrain de premiers succès cliniques, mais les contraintes bureaucratiques rendent les levées complexes. Il reste donc un acteur unique capable de lui offrir simultanément capital, flexibilité et audace : Mohammed Bin Salman et le Public Investment Fund (PIF) d’Arabie Saoudite.
MBS, jeune prince visionnaire et futur roi qui a eu 40 ans il y a 48 heures, contrôle personnellement le PIF, un fonds souverain de près de $1 000 milliards, et peut décider instantanément, seul, où et comment investir. Pour Dr. Latere, c’est un partenaire capable de financer à l’échelle mondiale des projets biomédicaux de rupture, de sécuriser des minerais stratégiques via des véhicules comme SaudiBio, et de soutenir des plateformes Sud-Sud innovantes, en cohérence avec les ambitions de la Vision 2030 : une économie souveraine, technologique et résiliente.
En combinant son expertise unique en thérapies cellulaires et ARN auto-amplifiant avec le pouvoir de feu du PIF, Dr. Latere peut devenir un catalyseur stratégique, reliant Afrique, Occident et Golfe, science fondamentale et souveraineté industrielle, tout en façonnant la santé et la médecine de demain.
À Propos de l’Auteur
Arthur Katalayi est senior partner chez A2k Advisory, cabinet qu’il a fondé en 2018, et rédacteur en chef du podcast international The Right Advice, plateforme d’échanges d’élite où dialoguent dirigeants mondiaux, investisseurs souverains et innovateurs de rupture. Ancien conseiller exécutif auprès du président du conseil d’administration de Gécamines, il a également été conseiller économique de la Fédération des Entreprises du Congo.
Son parcours l’a conduit de la France au Royaume-Uni, puis aux États-Unis, notamment chez Bristol Myers Squibb, au New York Stock Exchange et chez Bloomberg LP, avant de devenir expert minier mondial au sein de Gerson Lehrman Group, leader mondial du conseil par expertise basé à Manhattan. En 2017, il a été distingué à New York par l’ONU dans le cadre du MIPAD Global Top 100, classement qui reconnaît les 100 personnalités d’ascendance africaine les plus influentes au monde. Sa carrière illustre l’émergence d’une nouvelle génération de stratèges globaux, connectés aux enjeux de la transition énergétique et de la souveraineté industrielle.
Surnommé “The Katalyst”, il est aujourd’hui identifié comme une passerelle rare entre l’Afrique, l’Occident et le Golfe, en particulier l’Arabie Saoudite. Son expertise a régulièrement été sollicitée par des médias internationaux de référence tels que The Wall Street Journal, le Financial Times et Bloomberg News.
Opérant entre Kinshasa, New York et Riyad, il incarne une vision singulière : transformer les mutations industrielles, financières et technologiques en architectures d’influence et corridors d’investissement transnationaux.