« La RDC n’a pas besoin d’un simple ajustement de cap, mais d’un nouvel ensemble de fondamentaux sur lesquels refonder l’action publique ».

Monsieur le Président,

Je prends la plume avec respect et gravité, conscient du poids de mes mots et du moment décisif que traverse notre pays. La République démocratique du Congo se tient à la croisée des chemins, entre l’espoir qui vacille et la nécessité d’un sursaut. L’espérance née de votre élection, portée un temps comme une promesse de renouveau, s’est peu à peu muée en inquiétude, parfois même en lassitude. Le peuple ne met pas en doute votre volonté de bien faire, mais il peine à en percevoir les fruits dans son quotidien. La vie demeure dure, les familles s’appauvrissent, les jeunes s’enlisent dans l’attente d’un avenir qui tarde à se dessiner. Les routes se détériorent, les villes s’étouffent sous la poussière et la fatigue, tandis que les campagnes sombrent dans le silence et l’oubli. Peu à peu, le sentiment national s’effrite, car chacun se sent abandonné dans une République qui lui paraît lointaine, quand elle devrait être son premier refuge.

Je vous écris pour rappeler que certaines voix, souvent étouffées par le tumulte politique, portent en elles la clarté d’un appel à transformer le paradigme même de notre gouvernance. Le pays n’a pas besoin d’un simple ajustement de cap, mais d’un nouvel ensemble de fondamentaux sur lesquels refonder l’action publique. Ces voix ne sont pas des critiques, elles sont des signaux d’alarme, des éclats de lucidité qui cherchent votre attention et votre écoute. Il importe aujourd’hui, Monsieur le Président, que vous prêtiez une oreille bienveillante à ceux qui appellent au sursaut, non pour contester, mais pour reconstruire, non pour diviser, mais pour raviver l’espérance et réconcilier la nation avec son avenir.

J’ai tenu, dans mon analyse publiée dans Finances & Entreprises sous le titre « Dix projets clés à réaliser pour sauver le mandat de Félix Tshisekedi », à offrir bien davantage qu’une simple lecture critique. Ce texte se veut une main tendue, une invitation à prêter attention aux voix qui appellent à refonder notre modèle de gouvernance sur des bases nouvelles, solides et visionnaires. Il s’agit d’une feuille de route lucide et profondément patriotique, animée par le désir sincère de voir notre pays renouer avec l’efficacité, la justice et la dignité.

Cette réflexion trace le chemin d’un redressement à portée de main, un plan de relance réaliste que la République peut entreprendre dès à présent, en misant sur des actions concrètes capables non seulement d’inscrire votre mandat dans la durée, mais surtout de transformer durablement la vie de millions de Congolais.

Le premier chantier, celui du logement social, est plus qu’une question d’infrastructure. C’est une question de dignité. Plus de quatre millions de familles congolaises vivent sans toit décent, condamnées à l’informel, à la promiscuité et à l’insécurité. Bâtir un million de logements modernes, durables et accessibles, c’est offrir à ces familles la stabilité dont naît la paix sociale. Ce n’est pas un rêve lointain. Si l’État réorientait ne serait-ce qu’une fraction des dépenses de fonctionnement vers un programme de construction nationale, ces quartiers pourraient sortir de terre avant la fin de votre mandat. Chaque maison bâtie serait un symbole de courage politique.

Le second chantier, l’enrôlement d’un million de jeunes dans un Service national productif, serait une révolution silencieuse. Dans nos rues, nos villages, nos universités, des jeunes pleins d’énergie et de talent attendent un signe. Ils n’ont pas besoin d’assistance, ils ont besoin d’opportunités. Les former aux métiers de l’agriculture, du bâtiment, des technologies, de la défense et de la transformation locale, c’est transformer la frustration en force, l’oisiveté en création, la colère en espoir. Un programme national d’emploi productif serait une armée de bâtisseurs et non de contestataires.

Le troisième pilier, la reconstruction d’une armée forte, moderne et respectée, est la condition de toute stabilité. Tant que l’intégrité du territoire sera bafouée et que la population de l’Est vivra dans la peur, aucune réforme ne prendra racine. Une armée qui protège, construit et forme ses propres citoyens deviendrait l’école de la discipline et de la citoyenneté. La paix ne se signe pas sur le papier, elle se bâtit par la force du service et la crédibilité des institutions.

La digitalisation de l’administration publique et la formalisation des salaires constituent le cœur de la modernisation de l’État, deux autres chantiers. Là où la bureaucratie bloque, la technologie libère. Là où le papier entretient la corruption, la transparence numérique rétablit la confiance. Chaque salaire versé par virement, chaque document administratif disponible en ligne, chaque service rendu sans intermédiaire rapprocherait l’État de son peuple et redonnerait à la fonction publique sa valeur et sa fierté.

Monsieur le Président, ces chantiers ne relèvent pas du rêve ni de l’impossible. Ils ne réclament ni miracles ni moyens démesurés, mais simplement la volonté ferme de décider et la persévérance d’aller jusqu’au bout. Si, en ce moment décisif, vous choisissiez de faire de ces dix projets le cœur battant de votre action présidentielle, vous réconcilieriez la nation avec elle-même et redonneriez sens à la promesse du changement. L’histoire retiendrait alors que Félix Tshisekedi, face au doute, à la lassitude et à la désillusion, a eu le courage d’affronter les inerties, de mettre fin au gaspillage et de rassembler les énergies du pays autour d’un plan d’action clair, mesurable et porteur d’espoir.

Je vous prie, Monsieur le Président, à accorder à cette réflexion toute l’attention qu’elle mérite, comme un appel sincère venu du cœur du pays. Ce texte n’est ni un réquisitoire ni une critique, mais un acte de foi dans la capacité du Congo à se relever et à se réinventer. Il propose des pistes claires, une vision structurée et une direction inspirée par l’intérêt du peuple. Ces dix projets représentent autant de chemins qui rapprochent la parole du pouvoir de la réalité du quotidien, l’espérance du peuple de la volonté d’agir. Ils portent la promesse de résultats visibles, de progrès mesurables et du retour d’une confiance qui redonnerait à chaque Congolais la certitude que le changement est enfin en marche.

Monsieur le Président, vous portez encore entre vos mains la chance d’incarner le renouveau tant espéré par la République démocratique du Congo. Le peuple congolais, profondément attaché à votre autorité et à votre parole, n’a jamais cessé de croire en la promesse d’un avenir meilleur. Il n’attend plus que des signes concrets de cette transformation. Ce pays, béni par la nature et par l’intelligence de ses enfants, n’est pas condamné au malheur. Il ne souffre pas d’un manque de ressources, mais d’un manque d’harmonie et de constance dans l’action. Il ne manque ni de richesse ni de talent, mais d’un cap ferme et d’une volonté nationale unifiée autour d’une même vision. Votre leadership peut inverser cette trajectoire, replacer la République sur le chemin de l’ordre, du travail et de la dignité.

En un seul mandat, Votre Excellence peut insuffler à la Nation une nouvelle dynamique, restaurer la confiance du peuple et inscrire son nom parmi ceux qui, dans les moments décisifs, ont su changer le destin de leur pays.

Monsieur le Président, c’est avec le respect le plus profond envers la charge que vous portez, mais aussi avec la franchise que commande l’urgence nationale, que je me permets de vous écrire. La République démocratique du Congo se trouve à ce moment de vérité où les discours, si nobles et sincères soient-ils, ne suffisent plus à apaiser la lassitude du peuple. La Nation attend des actes, des décisions fermes, des signes tangibles d’un engagement renouvelé envers la justice, l’efficacité et le bien commun. Ces actions, Monsieur le Président, ne peuvent venir que de votre volonté, car vous êtes aujourd’hui le seul dépositaire de la légitimité et de la force morale nécessaires pour redonner un cap à la République. Que votre mandat ne soit pas celui des espoirs différés, mais celui du redressement et de la renaissance nationale. L’histoire n’oubliera jamais le chef d’État qui, face aux doutes et à la fatigue collective, aura eu le courage de réparer l’État, de réconcilier le pouvoir avec la promesse, et de rendre à la Nation la fierté de croire encore en son propre destin.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération et de mon attachement sincère à la République.

 Annexe : Article/ Dix projets à réaliser pour sauver le mandat de Félix Tshisekedi

 Amédée Mwarabu Kiboko

Journaliste depuis 2002,

Chroniqueur économique,

Directeur de Publication de www.finances-entreprises.com

 

 

By amedee

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