Le président de la République Félix Tshisekedi est revenu, lors du Conseil des ministres du 2 mai, sur la nécessité de rationaliser les dépenses publiques de la RDC afin de dégager des ressources nécessaires pour financer des projets structurants et susceptibles d’améliorer le bien-être des Congolais.
Cet appel de Félix Tshisekedi vient après celui lancé dans son discours du 29 janvier 2025, au lendemain de l’occupation de la ville de Goma par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23. Ici, le chef de l’Etat avait instruit la Première ministre et son gouvernement de s’atteler à la réduction du train de vie des institutions de la République et des ministères ainsi que des animateurs politiques.
Trois mois après ce discours, le Gouvernement qui devrait déjà déposer à l’Assemblée nationale un Collectif budgétaire 2025 pour traduire ces réductions du train de vie de l’Etat traine toujours les pieds. Pourtant, la session ordinaire de mars au parlement se clôture le 15 juin prochain, soit dans à peine 40 jours.
Pour autant, la première mesure courageuse que le président de la République doit prendre en vue de la rationalisation des dépenses publiques consisterait à la réduction sensible de la taille du gouvernement. Le gouvernement Suminwa compte 54 membres. C’est un gouvernement budgétivore. Alors que le pays cherche des moyens pour son émergence économique, il est impératif de réduire même de moitié la taille du gouvernement qui est en vue. Ceci serait un signal fort de volonté politique du Chef de l’Etat pour rationaliser les dépenses publiques. Ça c’est le premier pas à faire dans la bonne direction.
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Le deuxième pas devrait être alors la réduction du train de vie de l’appareil de l’Etat, tant en ce qui concerne des coupes budgétaires drastiques sur les frais de fonctionnement des institutions de la République que de leurs animateurs voire des mandataires publiques.
Tenez, au premier quinquennat de Félix Tshisekedi (2019-2023), le trésor public a dépensé plus de 6,9 milliards USD juste pour le fonctionnement des institutions et des ministères, en dépassement de 2,5 milliards USD. A la limite, ceci est un scandale financier. Les dépenses de fonctionnement des institutions et des ministères sont des dépenses de consommation courante et ne contribuent nullement au développement. La RDC, pays pauvre, ne peut pas se permettre de dépenser 1,4 milliard USD chaque année juste pour le fonctionnement de ses institutions et des ministères.
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Il est temps de changer de paradigme : les dépenses publiques devraient désormais prioritairement être affectées aux secteurs ayant un impact réel sur le développement économique et social de la RDC. Il s’agit d’éliminer les gaspillages des ressources, réaffecter les ressources vers des secteurs porteurs de croissance, améliorer la gouvernance des finances publiques.
Rappelons qu’en 2020, il y a à peine cinq ans, le fonctionnement des ministères coutait 333 millions USD au trésor public. Cependant, dans le budget 2025, il est prévu 789,8 millions USD pour les dépenses de fonctionnement des ministères, soit une augmentation de 456 millions USD. Rien ne justifie une telle augmentation.
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De même, en 2020, les quatre institutions politiques (Présidence de la République, Primature, Sénat et Assemblée nationale) avaient couté au trésor public 362,5 millions USD. Les budgets (rémunérations et fonctionnement) réunis de ces quatre institutions de la République valent 697,5 millions USD dans le budget 2025, soit une augmentation de 335 millions USD.
Voilà autant des pistes à explorer pour la réduction du train de vie des institutions de la République et des ministères en RDC. Il appartient, dès lors, au président de la République de manifester cette volonté politique par des mesures courageuses et nécessaires pour permettre au pays d’instaurer la bonne gouvernance des finances publiques au service du développement et du bien-être des Congolais.
Amédée Mwarabu