La gouvernance actuelle manque d’ambition et de l’audace pour permettre à la RDC de réaliser des pas de géant. C’est ce qui fait que le pays compte actuellement près de 28 millions de Congolais livrés à l’insécurité alimentaire alors que la RDC héberge plus de 80 millions d’hectares de terres arables, 40 millions de terres irrigables non sans compter une hydrographie baignant l’ensemble du territoire national. Toutes ces ressources ne sont justement pas exploitées à la hauteur des défis dont fait face le pays. Le Congo Kinshasa est pauvre parce que des millions des jeunes sont abandonnés au chômage et privés de contribuer à la création des richesses nationales. Alors qu’il est engagé dans la dernière ligne droite de son second et dernier quinquennat, Félix Tshisekedi a l’obligation des résultats, à présenter aux Congolais en 2028. Ce projet fait parti des dix projets que nous avons proposé à Fatshi dans notre Tribune intitulée « Dix projets à réaliser pour sauver le mandat de Félix Tshisekedi « .
La pauvreté persistante en RDC ne s’explique pas par un manque de potentiel, mais par le fait que des millions de Congolais restent exclus de la création de richesses. Depuis des décennies, le pays est prisonnier d’un chômage de masse qui laisse en friche une jeunesse pourtant riche en énergie et en talents. Or, cette jeunesse représente le plus grand vivier de forces productives. Lui offrir des opportunités réelles dans l’agriculture, l’élevage, la pêche, mais aussi dans les métiers du XXIᵉ siècle comme les NTIC et l’intelligence artificielle, serait le levier le plus puissant pour libérer la croissance et réduire la dépendance extérieure.
Aujourd’hui, le Service national encadre à peine cinq mille jeunes, un chiffre dérisoire face à l’ampleur des besoins. Pendant ce temps, la RDC dépense chaque année plus de 3,5 milliards de dollars pour importer des produits de consommation courante qui pourraient être produits localement. Étendre ce programme à un million de jeunes changerait la donne. Ce serait non seulement un formidable accélérateur de production locale, notamment alimentaire, mais aussi un outil de stabilisation sociale en offrant des perspectives aux jeunes désœuvrés qui alimentent l’insécurité urbaine. Un Service national de cette ampleur serait une révolution dans la gestion de l’emploi et dans la valorisation du capital humain.
Un tel projet n’est pas hors de portée financière. La RDC détient plus de 7,7 milliards de dollars de réserves internationales. En mobilisant seulement deux milliards pour lancer ce programme, le gouvernement poserait les bases d’un cercle vertueux. Les retombées économiques et sociales se feraient sentir dès la première année : baisse des importations, hausse de la production nationale, création de valeur ajoutée et réduction de l’insécurité. Plutôt que de considérer le chômage comme une fatalité, il s’agit de le transformer en opportunité, en faisant de la jeunesse congolaise non pas une charge, mais le moteur de la prospérité nationale.
Amédée Mwarabu
