Les dépenses exécutées par la procédure de paiement en urgence ont représenté 18% des dépenses totales du gouvernement Central au premier semestre 2025. Pourtant, le Gouvernement Suminwa s’est engagé à limiter les dépenses en mode urgence à 8% dans le Programme économique signé avec le FMI. Loin d’être exemplaire dans la discipline budgétaire, la Première ministre s’est adjugée jusqu’à 25 millions USD de paiement en mode urgence, du reste affectés principalement aux frais de fonctionnement de la Primature. La preuve que ce ne sont pas seulement les dépenses liées aux opérations militaires qui bénéficient des paiements en procédure d’urgence. Les paiements en mode urgence présentent un risque élevé de surfacturation, de détournement et de dilapidation des deniers publics.
Le ministère du Budget a publié le 30 septembre dernier les états de suivi budgétaire de la Direction des politiques et programmation budgétaire, pour la période allant de janvier à juin 2025. A l’analyse de ces données, sur les 2 864 784 130 952 de CDF (environ 1 milliard USD au taux de 2850 FC le dollar américain) décaissés en procédure d’urgences durant le premier semestre 2025, la Primature que dirige la Première ministre Judith Suminwa a bénéficié de 71 268 107 388 de CDF (25 millions USD) au titre de paiements en procédure d’urgence.
Ces paiements ont été affectés principalement aux dépenses de fonctionnement de la Primature pour 62 792 008 318 de CDF (22 millions USD) et à la rubrique Transfert et interventions de l’Etat pour 8 476 099 070 de CDF (2,9 millions USD), précisent les données du ministère du Budget.
Pour autant, le plus grand bénéficiaire des paiements en mode urgence reste le ministère de la Défense qui obtenu 1 814 791 503 015 CDF (674 millions USD) en paiement d’urgence, soit 67% du total des paiements effectués en procédure d’urgence.
Le deuxième bénéficiaire des paiements en mode urgence c’est la présidence de la République qui a été accréditée de 688 896 614 724 de CDF (241 millions USD). Ces fonds ont servi principalement à l’acquisition des biens et matériels, aux frais de fonctionnement ainsi qu’aux transferts et interventions de l’Etat.
Il en est de même du ministère de l’Intérieur et Sécurité qui a obtenu 212 078 004 281 de CDF (74 millions USD) de paiement en procédure d’urgence qui ont été affectés principalement aux frais de fonctionnement, à l’acquisition des biens et matériels et aux transferts et interventions de l’Etat.
Les autres institutions bénéficiaires des paiements en mode d’urgence sont l’Assemblée nationale pour 13,5 millions USD, le ministère des affaires étrangères pour 8,7 millions USD, le Sénat pour 529.284 USD.
A noter que sur les 15 561 172 372 983 de CDF (5,4 milliards USD) dépensés au premier semestre 2025, les 2 864 784 130 952 de CDF décaissés en procédure d’urgence représentent 18% du total. Rappelons que le gouvernement Suminwa s’est engagé à limiter ce mode de paiement d’urgence à 8%, selon le programme économique signé avec le FMI.
A (RE) Lire : RDC : 1,936 milliard USD de dépenses exceptionnelles (hors chaine de la dépense) en cumul annuel au 22 août 2025 (BCC)
Rappelons qu’au premier trimestre 2025, les dépenses en mode urgence étaient au niveau de 15,6% du total des dépenses de cette période. A cette époque, le FMI avait interpellé le gouvernement sur la nécessité de réduire ces dépenses exceptionnelles en vue de respecter la chaine des dépenses.
Selon la loi sur les finances publiques, les dépenses exceptionnelles sont celles qui sont exécutées en urgence sans respecter la chaine de la dépense qui exige quatre étapes : engagement, liquidation, ordonnancement et paiement. Les dépenses exceptionnelles brulent cette chaine et passent de l’engagement au paiement, c’est-à-dire sans fournir toutes les pièces justificatives nécessaires à la comptabilité. D’où, le risque important de surfacturation et de dilapidation des deniers publics.
Amédée Mwarabu