Une vue de la ville de KinshasaUne vue de la ville de Kinshasa
L’environnement congolais (RDC) fait face à un phénomène des temps modernes : la spoliation des biens immobiliers de l’Etat et ceux des particuliers. Une pratique qui fragilise la situation sociale des Congolais. Dans une tribune proposée par Armel Langanda (journaliste), plusieurs réformes doivent être opérées afin de réglementer les secteurs de l’urbanisme et de la justice.
Les actes de spoliation des biens immobiliers et d’escroquerie en République démocratique du Congo compromettent tous les efforts fournis par le gouvernement pour instaurer la stabilité sociale. Plusieurs réseaux maffieux où opèrent des spoliateurs de tous acabits étendent chaque jour leur influence. Depuis 2021 jusqu’à ce jour, plusieurs faits de spoliations sont rapportés à travers l’étendue du territoire national. Avec l’arrivée du nouveau ministre d’Etat, ministre de la Justice, Constant Mutamba, plusieurs particuliers sont remis dans leur droit après avoir été victimes de confiscation de leurs biens immobiliers par une certaine catégorie de personnes qui se recrutent parmi les puissants du régime ou les épaules galonnées de l’armée et de la police.
La situation est bien plus critique au regard des plaintes et réclamations enregistrées chaque jour qui passe par le ministère de la Justice et Garde des sceaux. A la manœuvre, ce sont les généraux, colonels, hommes politiques qui font la loi. Ces derniers n’agissent pas seuls. C’est souvent en complicité avec le corps judiciaire et quelques agents du ministère de l’Urbanisme et Habitat.
L’Etat congolais, 1ère victime
En 2022, le secrétaire général à l’Urbanisme et Habitat, Adolphe Mabulena, avait été arrêté et déféré devant le parquet de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe. Il avait été cité dans les enquêtes menées par l’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption (APLC). Adolphe Mabulena avait été poursuivi pour faits de corruption et spoliation des maisons de l’Etat.
Le ministre de l’Urbanisme et Habitat, Crispin Mbadu, a même dressé un constat amer, après avoir fait la ronde du pays pour évaluer le patrimoine de l’Etat. Il a constaté que ceux qui sont sensés prêcher par l’exemple et faire respecter les lois sont les premiers qui se lancent, depuis plusieurs années, dans la spoliation du site de Kimbondo dans la commune de Bandalungawa, à Kinshasa. Avec les 149 villas appartenant au domaine privé de l’Etat, mais aujourd’hui morcelés et vendues comme des biens sans maître. Le ministre affirme par ailleurs que l’État a perdu plus de la moitié de son patrimoine sur l’étendue du territoire national.
« Les spoliateurs ne sont pas de citoyens. On y trouve malheureusement des autorités politico-administratives, même militaires dans la plupart des cas », a-t-il précisé, en ajoutant que cela rend difficile la récupération de ces biens.
Les citoyens congolais victimes
En plus des actes de spoliations dont sont victimes les particuliers, on note également les violences et le trafic d’influence des spoliateurs profitant de leur position sociale : politique, militaire, policier, corps judicaire ou familles nanties. Toutes ces personnalités font obstacle à la distribution équitable de la justice dans le pays, à cause des influences et interférences qui jouent en leur faveur, surtout elles ont pour contradicteurs, un sans-voix.
Le peuple congolais vit une misère incroyable depuis plus de 10 ans. Cela est dû en l’absence d’un plan de sortie de crise efficace. La corruption bat son plein dans tous les secteurs de la vie sociale. Chacun travaille avant tout pour sa famille biologique et politique. Nulle part les intérêts du peuple sont considérés comme une priorité. Comme cela ne suffisait pas, la spoliation des biens immobiliers des particuliers, vient enfoncer le clou de la misère du peuple congolais.
L’église pas épargnée
L’église catholique n’est pas épargnée par le phénomène spoliation. L’église regorge de plusieurs sites à travers le pays et qui sont ciblés par le groupe de spoliateurs. Plusieurs dénonciations ont été faites par le cardinal Fridolin Ambongo. Dans ses différentes interventions, le prélat a bien spécifié qu’il y a un groupe de prédateurs, malheureusement qui sont en en situation de pouvoir et, généralement, ce sont des généraux, des colonels ou magistrats et quelques hauts cadres politiciens qui sont à la base de tout.
« Ils ont formé un groupe de malfaiteurs et leur travail tous les jours comme des vautours, comme des rapaces en train de chercher les terrains d’autrui à occuper », avait-il fait mention. Jusqu’à ce jour, l’église est toujours menacée par des tierces personnes réclamant ses portions de terre. C’est encore une grosse difficulté pour l’église qui a toujours milité pour le bien-être social. Des écoles, hôpitaux, centres d’hébergement pour les sans-abris, lieu de loisir pour enfants et tant d’autre sont à ce jour pris de force.
Protéger le peuple
Le plus grand perdant dans cette affaire de spoliation des biens immobiliers, c’est le peuple congolais. Le ministère de la Justice devra se pencher activement sur cette affaire qui déstabilise déjà plusieurs familles. Il y en a qui sont en justice pour le faux procès fabriqués de toutes pièces, avec pour objectif de récupérer illégalement des parcelles. Pourquoi ne pas instituer une commission d’enquête permanente au niveau du ministère de l’Urbanisme et Habitat afin de contrôler tout mouvement lié à la vente ou construction des bâtiments sur toute l’étendue du territoire national ?
La révision de l’appareil judiciaire congolais devra être une priorité pour le ministre de la Justice. La corruption continue de battre son plein au sein de l’appareil judiciaire. La mise en place d’une commission nationale mixte chargée d’enquêter sur les pratiques maffieuses et les dérives judiciaires a été mal interprétée par les magistrats regroupés au sein du Syndicat autonome des magistrats du Congo (Synamac). Ils ont qualifié le discours du ministre de populisme, alors que ce dernier est dans une démarche tout à fait normale qui a pour objectif de traquer tous ceux qui s’adonnent à la corruption.
Armel Langanda (Journaliste)

By amedee

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